Signe de qualité et d'origine
Les viandes Label Rouge frappées par l’inflation
Les ventes de viandes limousines (bœuf, veau, porc, agneau) sous Label Rouge et IGP ont connu un sévère reflux en 2023. La sortie du tunnel risque de prendre du temps.
Les filières viandes sous signes officiels de qualité ont subi l’année dernière le contrecoup de l’inflation et du repli des consommateurs sur des viandes plus standard, témoignent les dirigeants de Limousin Promotion. L’association, qui détient une dizaine de cahiers des charges (8 Label Rouge et 3 IGP), a constaté une forte baisse des volumes commercialisés en 2023.
« Pratiquement toutes les filières sont en recul, parfois très net », constate Jean-Marc Escure, le directeur de Limousin Promotion. Les tonnages de bœuf limousin sont en chute de 14,5 % à.300 tonnes, ceux de Limousin Junior de 8,6 % à 2.000 tonnes, ceux de Veau limousin sous la mère de 15,6 % (1.400 t) et du Veau sous la mère et veau rosé de presque 30 % (611 tonnes) ; ceux de l’Agneau du Limousin de 23 %. « Seul le porc du Limousin Label Rouge est en croissance, de 13,2 % (à 2.479 t), mais cela est dû essentiellement à l’arrivée d’un nouvel opérateur, les opérateurs historiques connaissant également un reflux », précise Jean-Marc Escure.
La baisse des ventes s’explique pour l’essentiel par l’évolution de la conjoncture, les consommateurs - et les enseignes - réduisant leurs achats de produits haut-de-gamme et se tournant vers les produits plus abordables. Mais la situation dénote aussi, pour certaines productions, une désaffection plus profonde des éleveurs. « La production de veau sous la mère se heurte au vieillissement de ses consommateurs, mais aussi aux contraintes de production. Des éleveurs ont tout simplement cessé de produire », poursuit Jean-Marc Escure.
EGAlim en panne
Les dirigeants de Limousin Promotion pointent également du doigt le manque d’engagements de la part des opérateurs de l’aval de la filière pour pérenniser la production. « La loi EGAlim a beau être en vigueur depuis plusieurs années, elle n’est toujours pas appliquée », déplore Jean-Pierre Bonnet, le président de Limousin Promotion. « Pour signer des contrats, il faut être plusieurs. Or, nous nous heurtons régulièrement aux réticences des distributeurs finaux, GMS ou boucheries », a poursuivi Jean-Pierre Bonnet.
Pour tenter d’inverser la tendance, l’association a décidé de passer à l’offensive en matière de communication. Après avoir refondu son identité dans une marque commune « Les Viandes Limousines », elle s’apprête à aller à la conquête d’une clientèle plus jeune. L’accent sera ainsi mis dans les mois qui viennent sur les réseaux sociaux, mais aussi sur des recettes plus proches des nouvelles habitudes de consommation de la viande comme le barbecue ou le tataki. De premières opérations sont ainsi lancées en 2024.
Compte tenu de la situation actuelle, les dirigeants de Limousin Promotion ne se font guère d’illusion sur une éventuelle inversion de tendance. « En 2024, l’ambition est de limiter la baisse au maximum en stabilisant les volumes », indique Jean-Marc Escure. « -3 ou -4 % ce serait déjà une performance », souligne-t-il.
Pendant ce temps là, les ventes de viande pour faire des steaks hachés ne cessent de croître.