Rare en début d’année 2023, la pintade fait son retour sur les étals, à la satisfaction des consommateurs.
L’année 2023 a mal débuté pour la filière pintade. En raison de la grippe aviaire et du manque de surfaces disponibles dans les bâtiments, les mises en place ont été réduites, et l’offre insuffisante pour répondre à la demande. La production a ainsi baissé de 4,8 % par rapport à 2022. « Ajouté à cela l’inflation et la frilosité de la distribution, la pintade fut peu présente sur les étals, entraînant une baisse des achats en magasins de 8 % en volume comparée à l’année passée », a déclaré Jean-Louis Zwick, président du Comité interprofessionnel de la pintade.
Cette volaille est pourtant appréciée des consommateurs. Sept Français sur dix en consomment au moins une fois dans l’année. C’est une volaille rustique, au goût caractéristique. Derrière une peau fine et légèrement bleutée la chair est tendre et délicate. C’est d’ailleurs une des raisons qui en font un produit festif, dégusté à Pâques et Noël, surtout sous forme de chapon, élevé pendant 150 jours. Une renommée qui lui joue des tours, car la pintade peut tout aussi bien se consommer toute l’année, à condition que le consommateur en trouve. « C’est une volaille à croissance lente », explique Sandrine Ségaud, éleveuse en Bourgogne, à Uxeau plus précisément en Saône-et-Loire, « il faut les apprivoiser et les élever de 70 à 94 jours, selon le cahier des charges standard ou Label rouge ». Le défi de la filière est de rendre la pintade plus visible et de relancer la consommation. « Pintado signifie bien fardée en espagnol » explique Sandrine Ségaud, « il faut la mettre en valeur pour qu’elle attire le client ». Les Français en veulent plus souvent sur la carte des restaurants. Si plus de 60 % d’entre eux l’achètent dans la grande distribution, ils sont un tiers à se fournir dans les boucheries traditionnelles ou sur les marchés, car on y trouve de la pintade en morceaux. L’un des freins à la consommation est en effet la faible proportion de pintades vendues en découpe. Tout juste 20 % alors que cette part atteint 74 % pour le poulet. « S’il y avait plus de découpes, il y aurait plus de ventes », déclare Jean-Louis Zwick, « toute la difficulté est de jouer des coudes et de se faire une place dans les linéaires ».
Campagne de promotion
Pour soutenir la consommation, une deuxième campagne de promotion va être mise en place, financée avec l’aide de l’Union européenne. Elle vise à la fois les consommateurs et les professionnels de la restauration et proposera des animations jusqu’à la fin 2025. D’ores et déjà des centaines de recettes sont présentées sur le site la www.lapintade.eu. Cette campagne aura pour cible l’Allemagne, la Belgique, la France et les Pays-Bas et se déclinera en quatre langues sur les réseaux sociaux, notamment sur Tokster, le média social des professionnels de la restauration. Des animations seront organisées dans 3.800 boucheries traditionnelles ainsi que dans les grandes et moyennes surfaces. Elle ne mettra pas seulement en valeur les qualités gastronomiques de cette volaille, mais aussi ses avantages en matière de durabilité. « C’est un produit dans l’air du temps », explique Emmanuelle Henninot, déléguée générale du CIP, « elle est riche en protéine et convient aux régimes flexitariens, et elle participe à la biodiversité de la filière volaille ». Un concours culinaire, « le trophée pintade des jeunes talents » a rassemblé plusieurs dizaines de jeunes élèves de 16 à 24 ans sur le thème de la street food, la cuisine nomade, donnant lieu à des créations inspirées et appétissantes. De quoi séduire une nouvelle génération de consommateurs.
La filière française unique au monde
La France est l’un des trois pays au monde à posséder une filière organisée de pintades avec 1.200 élevages, mais aussi un sélectionneur et quatre couvoirs qui produisent des œufs et des pintadeaux. Ce savoir-faire historique permet à cette production de participer à la souveraineté alimentaire du pays. Malgré ses difficultés, les exportations de viande de pintade et de génétique ont atteint 4.700 tonnes pour 26 millions d’euros en 2023.