Elections chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire
« On fait le boulot pour construire et proposer »
En janvier 2025 aura lieu l’élection des membres de la chambre d’agriculture départementale de la Saône-et-Loire. Les déclarations de candidatures doivent être déposées physiquement en préfecture jusqu’au 16 décembre. La liste commune FDSEA et JA de Saône-et-Loire a été déposée. Interview express des présidents de la FDSEA-JA71, respectivement Christian Bajard et Maxime Bonnot, et de l’actuel vice-président de la chambre d’Agriculture, Luc Jeannin, candidat à la succession de Bernard Lacour au poste de président.
La censure du gouvernement Barnier laisse l’agriculture dans sa désolation et une crise acerbe, comment analysez-vous cette situation inédite pour les syndicats agricoles, corps intermédiaires manifestants depuis un an ?
Maxime Bonnot : Peu importe qui est au pouvoir, on veut que ça avance.
Christian Bajard : Le contexte climatique et sanitaire a encore plus fragilisé les exploitations, il ne faut plus perdre de temps.
Luc Jeannin : Un tiers de nos propositions ont déjà été validées, mais il en reste les deux tiers.
Comprenez-vous cette censure ?
C.B. : On va demander des comptes à nos députés par rapport à la situation qui continue de fragiliser les paysans.
M.B. : On va les re-rencontrer. Car ils étaient à l’écoute, on pensait qu’ils étaient conscients de la crise agricole. On est vexé qu’il est voté la censure.
C.B. : Il y a des conséquences malheureuses pour les comptes des agriculteurs, la fiscalité… mais on a plus d’interlocuteurs. Les actions vont changer.
L.J. : Face à cette situation inédite, il faut rappeler que la baisse des budgets agricoles de -13 % faisait suite à une hausse de + 27 %. Dans la crise de la dette française, l’effort de solidarité est en trompe-l’œil.
Que continuez-vous à faire localement ?
C.B. : On travaille toujours pour obtenir des dégrèvements de taxe foncière sur le non-bâti (TFNB) pour les zones inondées notamment.
M.B. : On continue la mobilisation visible et surtout non-visible pour trouver des solutions aux dossiers Feader mal gérés par la Région. Des annonces nous ont été promises par la présidente de Région qui devrait être votée lors de la prochaine session du 13 décembre.
L.J. : Les chambres départementales et régionales ont été facilitatrices, avec l’État, pour traiter les dossiers. C’est notre rôle que les agriculteurs aient gain de cause pour leurs financements.
Le statut du loup a été déclassé dans la convention de Berne, quelle suite pour arrêter la prédation ?
L.J. : C’est une bonne nouvelle, mais ce n’est pas une victoire. Cela ne règle rien sur le terrain avec des éleveurs qui morflent. On doit concrétiser le zéro attaque.
M.B. : Prochaine étape, la directive Habitats. Les États doivent valider une directive habitat nous donnant des plans d’action pour une meilleure gestion du loup.
C.B. : On constate une pression plus forte avec des attaques tous les deux jours. C’est insupportable. Donc, il faut des moyens efficaces pour prélever le loup. Notre élevage n’est pas compatible avec le loup.
L.J. : On veut du concret, car ce n’est pas suffisant pour nous de compatir à la douleur des éleveurs.
La Commission Européenne a signé l’accord avec le Mercosur, est-ce encore possible de le bloquer pour protéger nos filières agricoles ?
C.B. : Le président de la République doit maintenir très fortement son opposition.
M.B. : Tous les partis politiques et Français sont d’accord avec nous et pourtant. Certains veulent importer des produits agricoles qui ne respectent pas nos normes, aussi bien sanitaires, que sur le bien-être animal et nos normes environnementales.
L.J. : Comme pour la majorité des propositions de la FNSEA, à tous les niveaux, nos élus sont d’accord alors quand est-ce que le consensus va enfin primer pour le bien de notre agriculture ?
C’était pourtant le cas en Europe avec des manifestations d’agriculteurs dans tous les pays Européens avec beaucoup de jeunes agriculteurs inquiets pour leur avenir. Qu’est-ce qui bloque ?
C.B. : On reste déterminé. On revendique, on manifeste et surtout on propose des solutions. Lorsqu’on est les syndicats majoritaires, on a parfois l’impression de remettre le couvert, mais c’est comme ça qu’on avance et qu’on construit.
M.B. : Certes, tous, on voudrait aller plus vite. Et dans le département, on fait le boulot pour.
L.J. : Si cela soulage certains de dire du mal des autres, cela n’a jamais résolu de problème au final. L’esprit collectif est de trouver des solutions réalistes. C’est ce qui nous anime.
Est-ce que l’agriculture ne se fragilise pas à se fractionner, s’opposer comme l’Assemblée nationale ?
M.B. : Voter est une nécessité pour avoir des avancées et d’ailleurs, ces avancées ne sont jamais que pour nos adhérents, mais bien pour tous, pour le bien collectif Français.
C.B. : On est plus fort tous ensemble. FDSEA et JA entretiennent un dialogue permanent avec toutes les organisations. On est surpris de voir nos opposants être anti-tout, anti-organisation… au lieu d’avoir un projet agricole commun.
L.J. : Le rôle des responsables agricoles est d’avoir des échanges réguliers avec toutes les parties prenantes, même si on n’est pas toujours d’accords. Le respect doit toujours primer sur les frictions et désaccords.
M.B. : JA et FDSEA ont cette même vision et on partage une liste commune pour les élections. Je dénonce fermement les bâches qui mélangent JA à la Coordination rurale. La seule liste JA est celle avec la FDSEA.
Quelles sont les forces de vos candidats ?
C.B. : Notre réseau sait faire émerger des responsables formés pour porter le débat. Le réseau FNSEA a mis en place des formations de longue date pour avoir des expertises éclairées sur tous les sujets.
L.J. : La chambre d’Agriculture représente tous les modèles d’agriculture, sans opposition, sans pensée unique. C’est la richesse historique de notre agriculture départementale qu’on accompagne depuis toujours.
M.B. : Le renouvellement des générations passera par une chambre d’Agriculture forte de ses Hommes et Femmes qui dans nos territoires ont une vraie vision d’avenir, pour mettre en œuvre l’accompagnement et les meilleurs conseils.
L.J. : Chaque agriculteur dans son quotidien a besoin de prendre la bonne décision face aux difficultés. La mission de notre collectif est qu’il ne soit jamais seul. Le pire étant l’isolement. Notre préoccupation est que personne ne soit isolé et que le collectif soit toujours là pour trouver des solutions.
C.B. : Votez pour la liste FDSEA-JA71, c’est voter pour le dialogue, l’échange, la construction entre voisins et collègues. Votez FDSEA-JA71, c’est choisir d’accompagner toutes les agricultures, tous les projets d’agriculteurs et agricultrices, d’accueillir les jeunes porteurs de projets.