Récolte des fourrages
Les secrets pour récolter un bon fourrage de qualité

Marc Labille
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Des fourrages de qualité issus de fauche précoce permettent d’améliorer grandement l’autonomie des exploitations. Cumulant les références sur le sujet depuis de nombreuses années, Ferm’Inov délivre ses clés pour récolter un fourrage de qualité.

Les secrets pour récolter un bon fourrage de qualité
Pour obtenir un fourrage de qualité riche en énergie et en matière azotée, il faut effectuer une fauche précoce, c’est-à-dire lorsque les graminées sont au stade début épiaison et les légumineuses au stade début bourgeonnement, ce qui correspond à une somme de températures de 800-900 degrés.

Dans le cadre de ses « rencontres Ferm’Inov », la ferme de Jalogny organise, en collaboration avec l’Institut de l’Elevage et la chambre d’agriculture 71, plusieurs rendez-vous d’échanges techniques dans l’année. L’une de ces rencontres avait lieu le 23 avril dernier et elle avait pour thème de saison « mieux faucher pour mieux valoriser ». Alors que la ferme de Jalogny était en plein chantier d’ensilage d’herbe, les experts de Ferm’Inov ont passé en revue les leviers pour obtenir un fourrage de qualité. Une qualité qui doit être à la fois nutritionnelle (concentrations élevées en énergie et en protéines), sanitaire (pour la conservation, absence de souillure), alimentaire (digestibilité, capacité à être bien valorisée par les animaux), énumérait Fabien Deschizeaux, conseiller spécialisé en nutrition élevage bovin viande à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire.

Viser le bon stade de récolte

C’est le stade de récolte qui a le plus d’impact sur la qualité des fourrages. Et pour optimiser cette qualité, il faut privilégier une fauche précoce, c’est-à-dire lorsque les graminées sont au stade début épiaison et les légumineuses au stade début bourgeonnement, détaillait Fabien Deschizeaux.

Les stades de récoltes des plantes fourragères sont liés aux sommes de températures reçues. On les mesure à partir du 1er février en additionnant la température moyenne de chaque jour. Lorsque la somme de température atteint 800 degrés, les graminées sont au stade début épiaison et à 900 degrés, elles atteignent le stade épiaison. Ce sont à ces stades précis que les valeurs des fourrages sont les plus élevées et elles décroissent ensuite avec l’augmentation des sommes de températures. 

Sommes de températures plutôt que date

La connaissance de ces sommes de températures réelles est plus fiable qu’une date du calendrier. De fait, selon les températures de l’année, les graminées épient plus ou moins tôt. Si le stade est atteint en moyenne vers le 8-10 mai, cela peut aller de fin avril (comme en 2024) jusqu’à fin mai. 

Les sommes de températures sont calculées chaque année pour différentes situations géographiques en Saône-et-Loire. Elles sont disponibles dans le bulletin Herb’Hebdo édité par la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. 

La somme de températures de 1.000 degrés est un point de basculement, souligne Fabien Deschizeaux. A partir de ce stade, la qualité décroissante du fourrage ne justifie plus vraiment une « conservation humide » (ensilage, enrubannage). Mieux vaut alors viser un foin. 

Compromis quantité/qualité

Le choix du stade de récolte est aussi une affaire de compromis entre la quantité et la qualité. En 2023 à la ferme de Jalogny, l’enrubannage du 1er mai (700 degrés) était d’une qualité exceptionnelle (16 % de Matière Azotée Totale MAT, 0,85 de densité énergétique), mais le rendement était très modeste (moins de 3 tonnes de matière sèche/ha et un peu plus de 2 tonnes d’Unités fourragères UF). L’enrubannage du 16 mai affichait quant à lui un rendement matière sèche dépassant 6 tonnes/ha. Mais la qualité était moins bonne (MAT 12 %, densité énergétique 0,77). A 1.000 degrés (récolte le 23 mai), le rendement restait à 6 tonnes de MS mais la qualité continuait de se dégrader (MAT 10 %, densité énergétique 0,56). 

Les fenêtres climatiques, qui autorisent ou pas les chantiers de récolte, jouent aussi dans cette quête de qualité. 

Faucher à au moins 7 cm

Moins impactante que le stade, la technique de récolte a tout de même son importance. Et c’est la hauteur d’herbe qu’il faut à tout prix respecter en visant une coupe à au moins 7 cm, recommande Fabien Deschizeaux. Faucher à une telle hauteur améliore le rendement annuel de la prairie : de l’ordre d’une tonne de matière sèche comparé à une coupe rase. En termes de qualité, c’est un point de matière azotée en plus. Et c’est aussi moins de terre dans le fourrage donc moins de butyriques et un séchage plus rapide et plus régulier. Enfin, faucher à 7 cm de hauteur préserve la pérennité de la prairie en épargnant les réserves des graminées au niveau du plateau de tallage, explique le technicien. 

Des enrubannages à 45-65% d’humidité

Pour les enrubannages, l’optimum d’humidité à atteindre est de 45 à 65 % sachant qu’à partir de 45 % d’humidité, les butyriques sont bloqués. L’atteinte des 55 % de matière sèche est assez rapide en conditions satisfaisantes et les points supplémentaires sont plus longs à obtenir. A noter que les pertes de rendement augmentent avec le taux de matière sèche. En effet, plus il y a de feuilles perdues, plus la valeur protéique se détériore. Car la teneur azotée des feuilles est deux fois et demie supérieure à celle des tiges, souligne Fabien Deschizeaux. D’où l’intérêt de faire en sorte de conserver un maximum de feuilles. Souvent les enrubannages récoltés en système allaitant sont trop secs entraînant perte de valeur, problème de conservation…, pointe l’expert. 

Fourrages stockés, triés, repérés…

Une fois le fourrage fauché au bon stade, à la bonne hauteur et enrubanné à la bonne humidité, encore faut-il bien le stocker. Les bottes d’enrubannage doivent être empilées sur une plateforme stabilisée, de préférence à un endroit ombragé pour éviter la condensation. Mieux vaut les empiler les unes sur les autres plutôt qu’en quinconce. L’idéal est de trier ou de repérer les bottes par parcelle ou par stade de récolte, de sorte à en connaitre la qualité au moment de la distribution. Une analyse par type de botte est recommandée. 

Selon les chantiers, le type de prairie ou de couvert, première ou deuxième coupe, etc…, il existe une grande diversité de qualités dans les enrubannages récoltés au sein d’une même exploitation. Cela implique de connaitre la valeur de ces fourrages et de savoir bien les répartir aux différentes catégories d’animaux. Des précautions de distribution sont à respecter pour éviter la reprise du développement des moisissures.