Labels et certificats environnementaux
Double de vins bio en 2024
Depuis les polémiques médiatiques, le mot est devenu tabou : pesticides, littéralement pourtant « tuer le fléau ». Pour tenter de rassurer les consommateurs, labels officiels ou certifications environnementales, parfois privées, s’empilent à l’image des contraintes réglementaires. Les dernières nées étant les ZNT riverains.
« Il faut savoir se faire engueuler pendant une heure », témoignent malheureusement tous les professionnels et élus - y compris maires ruraux - qui ont dû répondre à des conflits de voisinage dans des villages viticoles, suite à une polémique autour d’un traitement phytosanitaire. Ce n’est qu’après « engueulade » que les voisins deviennent disposés - pas tous néanmoins - à écouter les explications… Maladies (oïdium, mildiou…), ravageurs, aléas, lois (flavescence…)… sont à expliquer, notamment aux nouveaux habitants perclus d’idées fausses.
Bonne nouvelle néanmoins, le grand public semble commencer à faire des distinguos entre insecticides, fongicides, herbicides… Y a-t-il eu un effet Covid ? La compréhension des questions sanitaires a-t-elle progressé chez les journalistes et au sein du grand public ? Toujours est-il que les polémiques stériles sur les pesticides font moins la une des journaux.
Les élus de la chambre, de l’Union viticole 71, des JA et même la DDT, restent vigilants à la « bonne cohabitation » des vignerons avec les habitants en local, mais aussi demain avec les usagers et riverains des vignes. France oblige, les parlementaires ont tenté de traduire cela en loi. Cela a donné les ZNT et leurs Chartes. La nouvelle Charte départementale ZNT a reçu l’approbation préfectorale le 24 novembre. En charge de ces questions à la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, Mathieu Oudot rappelait le principe cardinal : « recréer du lien, faire de la pédagogie, aller briser la glace, répondre aux sollicitations, désamorcer et éviter les conflits ».
Un double business
Mais cela a également donné lieu à un commerce florissant. Côtés consommateurs et côté professionnels.
Le premier, dans tous les sens du terme, est le label Agriculture Biologique. Premier reconnu par le Ministère de l’Agriculture, il est aussi le premier plébiscité par les clients. « On voit une très forte augmentation depuis 5-6 ans, en surfaces et en exploitations labellisées », se réjouit et alerte à la fois Mathieu Oudot. Heureux de voir que la Bio représente 16 % des surfaces, soit le deuxième département de Bourgogne après la Côte-d’Or en surface et nombre d’exploitations, mais inquiet de savoir « qu’il y a autant de surfaces en conversion qu’en converties. C’est dire les volumes de vins Bios qui vont arriver en 2024 en Bourgogne », craint-il côté demande. Les marchés vont-ils suivre ? Car, dernièrement, d’autres filières (lait, fruits…) sont déséquilibrées par l’excès d’offres Bio.
À ce marché du durable s’est rajoutée la certification HVE, reconnue par l’État également. Si d’autres filières (cultures, fruits, légumes…) peuvent y prétendre, la viticulture représente 80 % des exploitations certifiées. 500 en Bourgogne « grâce à des facilités réglementaires ». Un durcissement est attendu dès janvier 2023 et les techniciens chambre se tiennent toujours prêts à accompagner les viticulteurs (du niveau HVE 1 à 3), comme en Bio. Mais déjà des questions se posent sur l’intérêt de poursuivre. À Buxy, la cave étudie le nouveau référentiel. « 10 % des exploitations seront concernées par les évolutions », tient à relativiser Mathieu Oudot.
Sociétal, eau, air, biodiversité…
Née dans le Beaujolais et ayant la volonté de rayonner au-delà, la certification Terra Vitis est-elle « purement viticole » et compte sur une dizaine d’adhérents pour 150 ha de vignes. Terra Vitis intègre, outre un cahier des charges sur l’environnement, des critères sur les questions sociétales et sur l’économie du Domaine. C’est également le cas pour la démarche Vignerons Engagés, démarché RSE, « qui va jusqu’à la commercialisation ».
Bien d’autres cahiers des charges privées existent, ainsi que démarches privées et autres allégations parfois mal encadrées (vins natures, sans intrant…). Pour ne pas être relégués, les AOC cherchent, elles aussi, à revenir dans la course au toujours mieux-disant. « Nous allons rappeler les valeurs des appellations d’origine », indiquait simplement Nathalie Chuzeville de l’Union des crus du Beaujolais, comptant communiquer dessus. Plus largement, Marc Sangoy conseillait de « communiquer sur la transition en cours » des pratiques.
Avant l’inflation, un consommateur sur deux disait regarder la présence d’un label avant achat. Un nouveau paramètre qui peut aussi rebattre les marchés, pas toujours durables…