Suicide en agriculture
Les agricultrices, les agriculteurs et leurs familles attendent respect et dignité !
Les élus de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire ont tenu à réagir à la vive polémique à la suite des propos tenus par le candidat aux élections régionales Julien Odoul. Voici leur tribune.
Depuis la semaine dernière, une nouvelle polémique touche le monde agricole et les agricultrices et les agriculteurs en sont les victimes. Les propos rendus publics par le journal Libération, faisant état de propos qui auraient été tenus par un candidat aux élections régionales, viennent susciter effarement, colère et stupeur dans le monde agricole.
Le mal-être, l’épuisement professionnel et malheureusement le suicide s’inscrivent dans le quotidien d’un monde agricole, sujet à de nombreuses critiques et de remises en cause, et ce, dans un contexte économique complexe où de trop nombreux agriculteurs ne dégagent peu ou pas de rémunération.
Le travail engagé depuis trois ans par la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, autour de l’observatoire de la santé des agriculteurs (en partenariat avec l’université de Montpellier), montre que le risque d’épuisement professionnel touche entre 35 et 40 % des agriculteurs du département, faisant de cette profession la première en France. Triste podium dont nous nous passerions bien !
Les élus et les équipes de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire en collaboration avec les organisations professionnelles agricoles accompagnent au quotidien les chefs d’exploitations dans leurs projets de développement, mais aussi dans les situations plus complexes, toujours dans le souci du respect de la personne.
Les agriculteurs répondent toujours aux attentes de la population et des pouvoirs publics, ce qui permet de faire de la France l’une des grandes puissances agricoles mondiales, reconnue pour la qualité de ses produits.
C’est pourquoi, et alors que l’agriculture française est au-devant de nombreuses mutations auxquelles elle répondra comme elle a toujours su le faire, telles que le changement climatique, la réponse aux attentes sociétales, le renouvellement des générations ou l‘adaptation aux nouvelles technologies, nous attendons, nous, agricultrices, agriculteurs ainsi que nos familles, plus de respect et de dignité.
Les propositions de la profession
La FRSEA et les JA de Bourgogne Franche-Comté ont également réagi. Les élus réabordent ici la douloureuse question du suicide en agriculture.
« Les agriculteurs français ont la mortalité par suicide la plus élevée de toutes les catégories sociales. Face à ce drame qui n’est plus un tabou, mais reste souvent révélateur d’une grande détresse, nous demandons aux responsables politiques de faire preuve de responsabilité. Ce n’est pas avec des tweets, des pirouettes ou des propos déplacés que l’on trouvera des réponses adaptées à ce phénomène préoccupant », déplorent la FRSEA et les JA BFC.
Ce fléau qui touche le monde agricole a de multiples facteurs. Aussi, sur ce sujet sensible, la profession demande que des mesures adaptées soient renforcées ou de nouvelles soient mises en place avec :
- l’accompagnement des agriculteurs en difficulté et des jeunes exploitants en phase d’installation, la connaissance des différents dispositifs et, en particulier, les plateformes d’écoute ;
- la coordination des acteurs de la prévention en matière de risques psychosociaux ;
- le financement de dispositifs qui permettent aux agriculteurs d’être remplacés en cas d’épuisement professionnel ;
- la diffusion d’informations générales non stigmatisantes sur le mal-être de certains agriculteurs ;
- mais aussi la communication positive sur l’agriculture auprès du grand public.
« Nous savons que les causes sont multifactorielles et restent difficiles à hiérarchiser, malgré l’omniprésence de la question du revenu et du sentiment de dénigrement social, rappellent la FRSEA et les JA BFC. Aussi, les élus de la nation doivent montrer l’exemple. Les accusations dont fait l’objet le monde agricole sont profondément ressenties comme une injustice. La première mission des agriculteurs est de nourrir la population. Nous ne devons pas aggraver le sentiment d’abandon déjà fortement présent dans l’esprit paysan, mais bien mettre en valeur l’importance stratégique de la souveraineté alimentaire pour la France comme pour l’Europe », concluent la FRSEA et JA BFC.