Après deux décennies de baisse, le nombre d’actifs en ovins-caprins est stabilisé, voire augmente. Mais le modèle choisi par les nouveaux installés diffère beaucoup de celui des générations précédentes.
Les efforts entrepris par la filière ovine française depuis dix ans pour assurer le renouvellement des générations au sein du monde de l’élevage ont porté leurs fruits. Le nombre d’éleveurs a certes payé un lourd tribut à la décapitalisation ovine de ces vingt dernières années avec une chute, de 2002 à 2022, de 66 % du nombre des exploitations détenant plus de dix ovins. On en compte 32 500 aujourd’hui, dont 27 000 avec des brebis allaitantes et 4 400 avec des brebis laitières. « Cependant, les exploitations plus spécialisées (plus de 50 brebis en ovins-viande, plus de 25 en ovins-lait, NDLR) ont plutôt mieux résisté ces dix dernières années que dans d’autres secteurs de l’élevage, avec un recul de leur nombre de 12 % pour les premières et de 5 % pour les secondes contre, par exemple, 27 % pour les exploitations bovins-lait », a précisé Ophélie Teuma, animatrice Inn’Ovin chez Interbev. Surtout, le nombre d’actifs se déclarant en activité ovine-caprine est en augmentation depuis quatre ans, d’après les statistiques de la MSA, à rebours de ce qui est constaté dans les secteurs de la volaille, du porc ou des bovins lait et mixtes. « Les taux de remplacement des départs sont proches de 100 % ces dernières années avec près de 650 nouveaux installés par an », se félicite Patrick Soury, président de l’interprofession ovine. Celle-ci relève une évolution des profils : plus de femmes (trois installations sur 10), plus d’installations hors cadre familial (quatre sur dix) et une forte dynamique hors des grands bassins au détriment des régions traditionnelles.
Le grand retour des Ovinpiades mondiales
« Nous sommes parvenus en partie à relever le défi du renouvellement des générations, mais il reste à le pérenniser dans le temps », souligne Patrick Soury. Le modèle économique choisi par les nouveaux installés est en effet sensiblement différent de celui pris par les générations précédentes. Tandis que les exploitations de plus de 400 brebis ne trouvent pas de repreneurs, les jeunes optent pour de plus petits cheptels, davantage orientés vers les circuits courts (pour un sur deux d’entre eux) et la maîtrise de toute la chaîne de commercialisation. « Nous essayons de faire comprendre que cette orientation n’est pas forcément contradictoire avec des circuits longs et qu’un bon équilibre est susceptible d’améliorer le revenu », explique Patrick Soury, pour qui « il est risqué de vouloir mettre tous ses œufs dans le même panier et de vouloir tout faire soi-même », plaidant pour une « complémentarité des systèmes ». Consciente de la nécessité de maintenir l’intérêt pour leur filière, l’interprofession relance cette année les Ovinpiades mondiales, qui se dérouleront en France du 25 mai au 1er juin, dix ans après la dernière édition. Les jeunes bergers et bergères de 18 à 23 ans (700 à 900 candidats attendus) parcourront la France ovine, de Limoges à Saint-Affrique dans l’Aveyron, en passant par la Haute-Loire et la Saône-et-Loire pour des épreuves théoriques et pratiques. La finale aura lieu à la Bergerie nationale de Rambouillet, en présence du ministre de l’Agriculture, espère Interbev ovins. Des jeunes en provenance de 22 pays ont été invités. À ce jour une quinzaine de pays ont confirmé leur présence.