Le président de la République, Emmanuel Macron, a passé trois heures mardi après-midi, sur l’exploitation d’Arnaud Gaillot à Bouclans. Un déplacement qui se voulait, à la demande l’Elysée, discret, sans filtre et loin des médias. Un président visiblement soucieux d’avoir un échange post-mobilisation avec le président de JA nat.
La Terre de Chez Nous a rencontré Arnaud Gaillot
La Terre de chez nous : comment le président de la République s’est retrouvé mardi après-midi à visiter votre exploitation à Bouclans ?
Arnaud Gaillot, président de JA nat : en tant que président national, j’ai été amené à porter durant notre mobilisation les revendications JA/FNSEA. Lors de mes interventions médiatiques, j’ai souvent appelé le président Macron à venir sur mon exploitation pour toucher concrètement du doigt la réalité de notre quotidien. Disons qu’il m’a pris au mot !
J’ai été le premier surpris quand ses services m’ont sollicité. Je vous avoue que je me suis posé la question si je devais ou non accepter ou non cette proposition. En tant que président national, je ne pouvais pas refuser de porter la voix et les revendications des jeunes auprès du Président de la République.
Entre enjeux et difficultés
TCN : quel était en quelque sorte le « cahier des charges »de ce déplacement ?
A. G. : Tout s’est fait assez rapidement et a été piloté directement par l’Élysée. Le chef de l’Etat souhaitait un échange avec le syndicat jeunes et uniquement le syndicat jeunes. Une discussion sans filtre, directe et hors la présence des caméras et des corps constitués. D’ailleurs, lui-même est venu sans ministre, ni conseiller agricole !
Après, j’ignore les raisons qui l’ont poussé à privilégier ce format de séquence. Ce choix appartient uniquement et exclusivement à ses services.
En tout cas, l’objectif du Président n’était pas de faire des annonces mais d’avoir un échange post-mobilisation avec les jeunes et de recueillir leurs avis et réactions. Nous avons mis en avant nos structures, notre vision, nos doutes… Et le faire sur le terrain, c’est beaucoup plus parlant et efficace que depuis un bureau parisien.
TCN : concrètement, cela s’est passé comment ? Le président a mis les bottes et déambulé dans votre exploitation ?
A. G : Il n’a pas eu à chausser des bottes (sourires). Mais effectivement, on a fait le tour de l’exploitation. Nous étions en petit comité avec mon associé et trois autres agriculteurs. L’Élysée était plus nombreux que nous (sourires). On a passé en revue les différentes thématiques mises en avant lors de notre mobilisation : renouvellement des générations, transmission des exploitations, adaptation au changement climatique…
On a débordé en évoquant par exemple des sujets locaux : le système coopératif, le loup, le soja de pays… Il s’est montré très intéressé, conscient des enjeux et de la difficulté des sujets. On a eu le temps durant les trois heures d’échange.
Avant de repartir, on a dégusté ensemble quelques produits locaux qu’il a appréciés. C’était à la bonne franquette et sans chichi !
D’ailleurs, j’ignorais qu’il s’était arrêté avant d’arriver chez moi au bar-tabac de Roulans pour prendre un café et discuter avec les clients, là aussi en toute simplicité. Je l’ai appris par la presse.
Présent aux Terres de Jim ?
TCN : vous allez d’ailleurs retrouver le président Macron lors de l’inauguration du Salon de l’Agriculture (samedi 24 février). La deadline fixée pour les premières avancées concrètes post-mobilisation approche. Quelles sont les premières tendances.
A. G : J’ai noté par exemple la mise en place d’un travail efficace dans les préfectures. On verra au final comment l’ensemble va évoluer ! Difficile pour l’heure de se prononcer !
TCN : dernière question ! On imagine que vous lui avez fait passer une invitation pour les Terres de Jim de septembre à Mamirolle-Le Gratteris ?
A. G : Bien évidemment ! Il a inscrit ce rendez-vous à son agenda et a promis de venir. Il a déjà trois éditions à son actif. Mais par expérience, on sait tous que son agenda est soumis à moult aléas de dernière minute. Alors, on verra…
Propos recueillis par Ludovic Barbarossa