Conjoncture : En 2023, les Français ont consommé 84,3 kg de viande (équivalent carcasse), soit autant qu’en 2020. Néanmoins, Mathieu Désolé, agro-économiste à l’Itavi lors d’un webinaire organisé par ABCIS, bureau d’étude spécialiste des productions animales, constate que la volaille progresse aux dépens des viandes rouges, avec une forte poussée des ventes de poulet qui ont dépassé le bœuf. Or, si la proportion de viande bovine importée tend à s’amoindrir dans la viande bovine, à la faveur d’un rééquilibrage des prix UE, les importations de poulet ont bondi de 37 % en 3 ans, portant ceux à 50 % des volumes.
Ce qui ressort de cette étude, c’est le renforcement des produits transformés, quel que soit le type de viande concernée. En 2000, 52 % des poulets étaient vendus en entier, ils ne sont plus que 16 % en 2020 au profit de la découpe et de produits élaborés. Pour le porc, c’est 70 % des volumes qui sont destinés à la charcuterie. Le bœuf ne fait pas exception, avec 52 % des animaux de race à viande et 69 % des laitières qui sont destinés à la transformation. Fort de ce constat, le niveau des ventes de viande hachée est primordial pour les industriels et un point non moins essentiel pour les distributeurs. L’accroissement des prix qui semblait être un élément insurmontable il y a encore quelques années est devenu vital pour une filière, qui doit faire face à la décapitalisation de la ferme France. Les industriels ont, depuis quelques mois, mis en production de grosses quantités de steak haché qu’ils ont mis en surgélation en prévision des JO. L’assurance des organisateurs de fournir de la viande française pour cet événement majeur a été un vrai soutien à la production.
Bovins de boucherie : La fenêtre météo offre enfin la possibilité aux agriculteurs de finaliser leurs semis de maïs, et de poursuivre le ramassage de l’herbe. Le niveau de la demande est relativement faible sur ce début juin et les abattoirs sont chargés dans les pièces nobles, face au retard dans la sortie des barbecues.
Sur les marchés, les disponibilités demeurent impactées par les travaux de printemps. Le commerce est régulier pour les animaux de qualité bouchère avec des tarifs stables. Le marché est à l’équilibre dans les bonnes vaches charolaises viandées, avec un lent démarrage de la saison sur la Côte d’Azur. La tendance est légèrement positive dans les charolaises R et les allaitantes de choix secondaire.
Réformes laitières : Les abatteurs ont toujours la volonté de stabiliser les prix, pour la maîtrise des coûts de production de la viande hachée. La couverture des besoins est convenable sur la moitié nord du pays alors que le sud reste sous tension face au décrochage de la production. Les prix proposés cette semaine sont stables dans les prim’holsteins et montbéliardes.
Jeunes bovins : La tendance est au maintien des prix dans les charolais ou les limousins, avec des ventes qui se recentrent sur le marché intérieur.
Broutards : Alors que les volumes de broutards disponibles sont de plus en plus contraints, par la fonte du cheptel allaitant, le développement des besoins sur les pays tiers (Algérie, Tunisie, Liban…) dope les échanges, alors que nos clients traditionnels que sont l’Italie et l’Espagne peinent à couvrir leurs besoins. En quelques années, l’Espagne est devenue la plaque tournante des expéditions hors UE. Les grosses structures d’engraissement permettent de livrer des volumes d’animaux homogènes importants. Ces opérations ne peuvent se faire de France au regard des contraintes administratives et du manque de grosses structures de repousse. Les besoins de ces pays sont conséquents, et les moyens qu’ils déploient pour acheter nos mâles sont importants. Le résultat est l’envolée des prix que les éleveurs observent depuis des mois sur les marchés. Les grandes structures d’engraissement (Française, Italienne ou Espagnole) ont besoin de flux régulier de bétail dans une offre limitée. Cette dynamique à l’export est renforcée par la volonté des industriels français de redonner vie à la filière jeune bovin afin de compenser le manque de femelles.
L’animation commerciale reste soutenue, avec des niveaux tarifaires très confortables pour les broutards lourds et les taurillons herbés et vaccinés. La demande est également présente dans la marchandise plus commune, pour les tarifs qui sont en phase avec la qualité, le poids ou le type d’animaux (race pure ou croisé). En ce qui concerne les femelles, la demande reste soutenue pour les bonnes laitonnes herbées, que ce soit pour l’exportation vers l’Italie, l’Espagne ou pour le marché intérieur français.
Veaux d’engraissement et d’élevage : La situation est marquée par le creux des vêlages. Les gros veaux prim’holsteins, abondances ou montbéliards export restent recherchés. L’animation commerciale est assez fluide avec des tarifs facilement reconduits dans les veaux fariniers, les croisés laitiers, blanc bleus ou jaunes de moyenne conformation. L’animation commerciale est favorisée par la faiblesse de l’offre dans les bons veaux viandés.
Agneaux : La météo de ce week-end n’a pas dynamisé les ventes. Le marché est nettement coupé en deux, avec une animation sur les marchés du centre renforcée par la proximité de l’Aïd-el-Kébir. La demande est en revanche très réservée avec suffisamment d’offres dans les bons laitons sur le grand Ouest. En brebis, les expéditions sur l’Italie ont du retard, ce qui ne facilite pas le commerce.
Porc : L’activité commerciale est plus régulière avec une offre mesurée pour couvrir une demande plus régulière en ce début de mois. Le cours du MPB est stable à 2,003€.