Evelyne Guillon, présidente de la FDC 71
Evelyne Guillon, présidente de la FDC 71 : « ensemble, nous avons énormément d’arguments »

Marc Labille
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Ce week-end, les portes ouvertes au siège de la fédération départementale des chasseurs de Saône-et-Loire marqueront son centième anniversaire. Comme le laisse deviner le généreux programme de ces journées, le public s’apprête à vivre une expérience riche en découvrant une fédération qui a beaucoup évolué, assumant aujourd’hui des missions nombreuses, au service d’une chasse plurielle et responsable. Entretien avec sa présidente Evelyne Guillon qui fait part des préoccupations d’une fédération comptant encore 11.000 adhérents chasseurs.

Evelyne Guillon, présidente de la FDC 71 : « ensemble, nous avons énormément d’arguments »
Crédit photo FDC 71

Cent ans après sa création, quelles sont les préoccupations de la fédération des chasseurs quant à l’avenir ?

Évelyne Guillon : Nous sommes confrontés à une érosion constante du nombre de chasseurs. Les inscriptions au permis de chasser progressent en Saône-et-Loire, mais en même temps, nous perdons entre 1 et 2 % par an dans nos effectifs. Cette baisse du nombre de chasseurs est inquiétante. Ses causes sont multiples. Dans notre département, la chasse reste un loisir abordable grâce à une tradition de chasse populaire avec beaucoup de chasses communales. Mais la pratique de la chasse revient tout de même de plus en plus cher alors que les ménages sont préoccupés par la question du pouvoir d’achat. On tarde aussi de plus en plus à prendre son permis dans la saison, car la démarche se fait aujourd’hui sur Internet.

Est-ce que les évolutions sociétales et les débats clivants autour de la chasse, et de l’écologie en général peuvent expliquer cette érosion ?

E.G. : L’évolution de la société nous oblige à nous unir, avec les autres acteurs de l’agriculture, de la pêche, etc., pour constituer une vraie force rurale. C’est nécessaire pour se défendre et peser dans les débats politiques et les élections locales. Ensemble, nous avons d’excellents arguments, mais aussi les mêmes ennemis avec des idéologies de plus en plus agressives, restrictives… Anti-specistes et maintenant wokistes ne nous comprennent pas et ne veulent pas nous comprendre.

En 100 ans, la situation du gibier a beaucoup évolué. On pense notamment aux sangliers qui peuvent vite devenir envahissants, en particulier vis-à-vis des surfaces agricoles…

E.G. : L’indemnisation des dégâts de grand gibier est aujourd’hui entièrement financée par les chasseurs via leur fédération. Nous avons connu une baisse des dégâts pendant trois années, mais sur la saison 2023-2024, le montant des indemnisations a doublé et dépasse 600.000 € en Saône-et-Loire. Le sanglier est un animal qui s’adapte très bien au changement climatique. Les populations explosent avec, phénomène nouveau, la persistance de grosses populations de marcassins tout au long de l’année. Dans de nombreux départements, on ne sait plus comment faire. Le montant des indemnisations atteint 80 millions à l’échelle nationale et si cela continue, nous ne pourrons plus assumer. Il faudra revoir le mode d’indemnisation.

Face à la baisse du nombre de chasseurs et la problématique des dégâts de sangliers, il faut que les agriculteurs nous aident. D’ici à la fin de l’année, je souhaite organiser une session spéciale de formation au permis de chasser réservée aux agriculteurs.

La FDC 71 est devenue une authentique association agréée au titre de l’environnement. Quel est son objectif aujourd’hui ?

E.G. : L’éducation à l’environnement est une mission de service public à laquelle nous sommes très attachés. Ce n’est pas un domaine réservé aux associations écologistes. Nous, chasseurs, avons intérêt à préserver nos espaces pour le gibier et nous avons énormément d’atouts et de connaissances à faire valoir. Sur le site du Moulin Gandin, nous avons un verger conservatoire, des ruches… Nous travaillons de longue date sur la restauration des haies, sommes agréés « végétal local »… Depuis que je suis présidente, notre pôle environnement est passé d’une à quatre personnes. Et nous venons de recruter une chargée de mission pour communiquer davantage sur le sujet.

Les portes ouvertes de ce week-end seront-elles une occasion de dispenser cette éducation à l’environnement ?

E.G. : Le vendredi (ce jour), nous recevons les écoles dans cette optique et durant tout le week-end, nous serons heureux d’accueillir le public et de répondre à toutes leurs questions. Mais ces portes ouvertes sont aussi et avant tout pour nos adhérents. Nous avons voulu que ces deux journées permettent de les rapprocher de leur fédération. Certains ne sont jamais venus au Moulin Gandin. Nous voulons leur faire visiter le site ; leur faire découvrir le travail de nos équipes, répondre à toutes leurs questions. Ils pourront aussi découvrir ou redécouvrir de nouveaux modes de chasse. Le but est de reconnecter nos adhérents avec leur fédération. Avec 11.000 adhérents, nous sommes tout de même la plus importante fédération de Bourgogne-Franche-Comté.