Rentrée syndicale 2024
« Fini de jouer, au boulot », disent les agriculteurs au Ministre (démissionnaire)

Cédric Michelin
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Le Secrétaire-général de la FDSEA de Saône-et-Loire, Anton Andermatt fait le point sur la rentrée syndicale. Les sujets sont aussi nombreux que l’attente de solutions est grande du côté des agriculteurs, éreintés par une campagne culturale, sonnés par l’arrivée brutale de la FCO-3, harassés par les attaques à répétition du loup et surtout inquiets et lassés par des trésoreries plombées par les charges, alors que les promesses après les manifestations de cet hiver ont été dissoutes avec l’Assemblée nationale en juin dernier. Interview.

 « Fini de jouer, au boulot », disent les agriculteurs au Ministre (démissionnaire)

Après la visite vendredi du Ministre démissionnaire et après un été chargé, quelles sont l’ambiance et la conjoncture en Saône-et-Loire ?

Anton Andermatt : Entre prix de vente faibles, trésoreries exsangues et charges en hausse, c’est serré du côté des revenus, les agriculteurs sont à cran. Car, les récoltes ont été dramatiques. Par endroits, les récoltes ont été divisées par deux. Les fourrages ne sont vraiment pas homogènes en qualité non plus. Cela joue sur le moral de tous. D’autant plus que les indices de pousses via satellites ne voient pas cette dégradation générale qualitative, notamment dans les champs et prés humides et inondés ce printemps/été. Il n’y aura peut-être pas d’assurance possible. Avec la FNSEA, on se bat donc pour retrouver des marges (EGALim4…), des prêts garantis ou encore des dégrèvements de TFNB et revoir le système assurantiel.

Heureusement, nous avions obtenu des mesures d’urgence comme sur le GNR qu’il est aujourd’hui plus facile de détaxer par exemple.

 

Que deviennent les mesures d’urgence promises par le Gouvernement Attal et les parlementaires après les manifestations de cet hiver ?

A.A. : Après deux mois sans gouvernement, les mesures que les agriculteurs avaient obtenues avec le syndicalisme ne se sont toujours pas concrétisées. Vendredi, à Jalogny, nous avons dit au Ministre démissionnaire : c’est la rentrée, alors au travail, fini de jouer, retour sur les bancs de l’école à l’Assemblée ! Comme nos champions aux Jeux Olympiques et Paralympiques – qui ont été de formidables réussites et nous ont rendu fiers d'être Français -, les agriculteurs ont travaillé tous l’été pour nourrir les Français. Aider l’agriculture n’est pas une option, c’est une obligation (a) politique puisque tous les partis, de gauches et de droites, nous soutenaient à l’unisson. Chef de parti (Modem), Marc Fesneau nous a affirmé que les projets de lois (de finances, notamment, N.D.L.R.) suivaient leurs cours.

 

Et qu’en est-il de la grande Loi d’orientation agricole ?

A.A. : FNSEA et JA travaillent sur un nouveau texte « clé en main » pour le Gouvernement qui reprend nos objectifs : souveraineté alimentaire, renouvellement des générations, adaptation aux changements climatiques et écologiques… et ce, sans clivage gauche-droite.

 

Le sérotype-3 de la FCO a été détecté semaine dernière au marché aux cadrans de Saint-Christophe-en-Brionnais. Négociants, coopératives, opérateurs… étaient présents lors de la visite du Ministre démissionnaire. Que leur avez-vous dit ?

A.A. : Le Ministre a d’abord redit qu’il ne faut pas s’affoler du côté des marchés. Nous rajoutons qu’aucun opérateur ne doit chercher à profiter de cette épidémie pour baisser les prix ou faire pression dans les cours de ferme. Le syndicalisme sera très vigilant. Le Ministre a confirmé que la vaccination FCO sera à la charge de l’État.

 

Le Ministre s’est rendu chez Julien Fuet à Flagy dont les brebis ont été attaquées à de multiples reprises par des loups ? Depuis les élections Européennes, y a-t-il du nouveau pour protéger les éleveurs ?

A.A. : Nous avons dit au Ministre qu’on continue de faire des pas en arrière et qu’il faut vite revoir la convention de Berne qui protège à tort ce prédateur. Partout en Europe, les éleveurs en ont marre de retrouver leurs animaux morts ou infertiles, à euthanasier. La Présidente de la Commission Européenne avait promis de revoir le statut du loup. Elle a été réélue après les élections Européennes, elle doit vite tenir sa promesse. Marc Fesneau est d’accord.

 

Régionalement, le dossier du Feader continue d’empoisonner la vie des porteurs de projets et surtout des jeunes voulant s’installer. Qu’en est-il ?

A.A. : Nous avons une nouvelle fois interpellé le Ministre à Jalogny à ce sujet, devant le vice-président en charge de l’Agriculture à la Région BFC, Christian Morel. Le Ministre a redit qu’il n’avait jamais vu cela dans aucune autre région de France. Il a menacé la Région de reprendre la main pour encore redonner des dossiers aux DDT alors que la Région n’est pas à la hauteur. Nous lui avons dit que ce qui nous importe est de ne pas perdre les aides Européennes de la programmation 2023-2027 pour lesquelles la profession agricole avait obtenu des rallonges, afin justement d’installer et moderniser l’agriculture de Saône-et-Loire et de la région.