Colza
Levée tardive : un colza sous haute surveillance.
Dans la majorité des cas, les colzas ont été implantés dans les dernières semaines afin de profiter des pluies orageuses. Malheureusement, la répartition inégale des précipitations n’a pas favorisé la levée de nombreuses parcelles. Au-delà d’un recul de surface qui est à craindre, la campagne colza 2023 sera marquée par des levées tardives. Points de vigilance dans ces situations.
En dessous du stade 4 feuilles du colza, l’impact des prélèvements de feuilles par les ravageurs d’automne, en particulier des altises d’hiver, est plus grand : les levées tardives sont donc particulièrement à risque. Comme le montre le tableau ci-dessous, basé sur la modélisation des stades en fonction de la température moyenne, les colzas qui lèveront début septembre seront au stade sensible (inférieur à 4 feuilles) lors de l’arrivée des grosses altises (généralement entre le 15 et le 25 septembre). Ils seront également plus sensibles aux dégâts de charançon du bourgeon terminal du fait de leur faible biomasse entrée hiver (hormis dans les Hauts-de-France où le ravageur est peu présent). Une surveillance accrue et une protection insecticide plus sécuritaire, tout au long du cycle cultural, seront nécessaires sur ces parcelles. Dans les secteurs où la forte résistance aux pyréthrinoïdes (Skdr) est généralisée, la situation risque d’être délicate à gérer en l’absence de Boravi WG si les altises adultes sont très présentes.
Les levées tardives seront également plus sensibles à la concurrence précoce par des adventices : ne négligez pas le désherbage antidicotylédones et antigraminées.
Un semis en septembre est-il encore possible ?
Un semis jusqu’à mi-septembre (25 septembre dans les Hauts-de-France) est envisageable. Mais il sera bien sûr plus risqué. Dans les sols superficiels, la prise de risque est encore plus importante qu’en sol profond. Le colza sera moins vigoureux et bénéficiera moins longtemps de conditions poussantes à l’automne. Le potentiel de rendement des semis tardifs est généralement en retrait par rapport aux dates de semis recommandées. Toutefois, le résultat final est très dépendant de la potentialité du sol, de l’impact des bioagresseurs (ravageurs, adventices) et des conditions climatiques aux printemps. La campagne 2022 nous a réservé de belles surprises même avec des semis tardifs.
Dans ces situations de semis ou re-semis tardifs, privilégiez si possible le semoir monograine et une génétique avec une bonne vigueur. L’association avec une légumineuse gélive n’est pas nécessaire. Cette dernière n’aura pas le temps de se développer suffisamment pour être bénéfique. Il est également inutile de surfertiliser. Les semis tardifs auront des besoins en azote plus faibles à l’automne.