La Première ministre, Élisabeth Borne, a présenté le 22 mai, les grandes lignes du futur Plan climat devant le Conseil national de la transition écologique (CNTE). À l’horizon 2030, le secteur agricole est vivement encouragé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20 %.
Le gouvernement est parti de l’hypothèse haute des experts climatiques : la France devrait voir ses températures augmenter en moyenne de 4 °C d’ici 2100. L’un des moyens de réduire cette hausse est de diminuer les gaz à effet de serre. Concrètement, notre pays devra passer de 408 millions de tonnes de CO2 équivalent (MtCO2) en 2022 à 270 MtCO2 en 2030. Si l’on compare à l’année de référence qui est 1990 pour l’Union européenne, l’objectif est de moins 50 % et même 55 % si l'on inclut les puits de carbone que sont les sols et les forêts. Pour le seul secteur agricole, l’objectif est d’économiser environ 13 MtCO2 dans les sept prochaines années, en passant de 81 MtCO2 d'émissions de gaz à effet de serre aujourd'hui (39 pour l’élevage, 31 pour les cultures et 11 pour les engins et chaudières) à 68 Mt en 2030. Sans compter une baisse spécifique de 6 Mt sur les émissions liées aux engrais azotés.
En fait, l'essentiel des émissions de GES de l'agriculture est constitué de méthane (46 %, soit 8,7 % des émissions nationales), principalement lié à l'élevage, et de protoxyde d'azote (40 %, soit 7,6 % des émissions nationales), principalement lié à la fertilisation des cultures. C’est sur ces deux points que le gouvernement souhaite surtout porter l’effort. Les autres secteurs sont également mis à contribution. Cependant, malgré ses efforts, la France reste loin des objectifs européens. En 2022, notre pays a émis 408 MtCO2, soit 10 millions de tonnes ou 2,5 % de moins que l'année précédente.
Leçon de réalité
Dans une lettre ouverte publiée le 23 mai, la Fédération nationale bovine (FNB), présidée par Patrick Bénézit, a souhaité donner une leçon de « réalité » à la cheffe du gouvernement en lui rappelant le vécu des éleveurs. Très conscients de la nécessité d’une action politique globale et transversale pour lutter contre le changement climatique, les éleveurs de la FNB soulignent que « lorsque l’herbe brûle, nous perdons à la fois l’alimentation de notre troupeau pour l’été et nos réserves de fourrages pour l’hiver ». Ce Plan climat concomitant avec la publication du rapport de la Cour des comptes sur la réduction du cheptel bovin a été perçu par le monde agricole comme une mauvaise séquence et nourrit une très grande incompréhension alors même que le gouvernement affiche partout sa volonté de retrouver une partie de souveraineté énergétique et alimentaire. Deux domaines dans lesquels l’agriculture apporte largement sa contribution.
Christophe Soulard
Les émissions de GES par secteur
Sur les quelque 430 MtCO2 émis en 2021 en France, le secteur des transports représente 138 MtCO2 soit 30 % du total des émissions, ; celui de l’industrie 78 Mt (19 %), le résidentiel tertiaire 75 Mt (18 %), l’énergie 44 Mt (10 %) et les déchets 14 Mt (3 %). Dans le transport, ce sont les véhicules particuliers (66 Mt) qui représentent le segment le plus carboné devant les poids lourds (18 Mt) et les véhicules utilitaires légers (18 Mt). Dans l’industrie, les quatre segments (métallurgie, chimie, agroalimentaire-manufacture et autres) affichent des émissions quasi identiques entre 18 Mt et 21 Mt. Il faut noter que les émissions françaises de CO2 atteignaient 544 Mt en 1990. L’objectif est d’arriver à 270 Mt en 2030.