Changement climatique
La moitié de la région extrêmement touchée par la sécheresse en 2023

Sarah Obrecht
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Il peut sembler étonnant de parler de sécheresse en Bourgogne-Franche-Comté alors que nous sommes plongés dans un printemps extrêmement pluvieux. Pourtant, une étude récente de l'Insee rappelle l'impact du déficit en eau de 2023 sur les populations.

La moitié de la région extrêmement touchée par la sécheresse en 2023
En 2023, les températures élevées et le manque d'eau ont laissé des traces en BFC.

L’Insee a indiqué dans une analyse parue en mai que, ces dernières années, la moitié de la population de la Région Bourgogne-Franche-Comté (BFC) a énormément été impactée par la sécheresse. En effet, 235.000 habitants ont connu des tensions d’approvisionnement en eau en 2023. On explique cette sécheresse premièrement par le fait qu’en BFC comme dans toute la France métropolitaine, la température moyenne augmente de 0,4°C par décennie depuis les 60 dernières années, ce qui provoque en partie l’assèchement des sols. Par ailleurs, l’évolution des précipitations n’est pas favorable à une bonne infiltration de l’eau dans les sols : si l’étude des moyennes des précipitations dans cette région révèle que les précipitations sont plus élevées sur les trois derniers mois de l’année depuis 1991, elle prouve aussi qu’elles sont moins élevées de janvier à juin. Or, de janvier à mars, les nappes phréatiques essaient de se recharger, car les arbres consomment moins d’eau en hiver. Cependant, elles peuvent difficilement le faire si les précipitations diminuent. Par la suite, au printemps, les nappes ne fournissent pas assez d’eau à la végétation pour qu’elle s’épanouisse, d’autant que les précipitations diminuent également à cette période. Cette sécheresse s’avère critique pour une région dans laquelle chaque habitant consomme en moyenne 139 litres d’eau par jour.

Des conséquences importantes

La sécheresse engendre divers problèmes en BFC : premièrement, des dégâts matériels sont à constater. À cause du phénomène de retrait-gonflement des sols, des mouvements de terrains ont lieu, ce qui peut avoir pour conséquence des fissures dans les fondations et/ou les murs des bâtiments ainsi que des affaissements des infrastructures routières. On note également que depuis 2006, deux-tiers des catastrophes naturelles dans la région étaient dues à la sécheresse, et que depuis une trentaine d’années, la moitié des communes de la région a été concernée par un arrêté pris au titre de la sécheresse. Cet aléa a également un impact négatif sur la biodiversité. En effet, en septembre 2023, deux tiers des cours d’eau de BFC étaient à sec, ce qui a pu entraîner la fragmentation des rivières et donc la présence d’obstacles infranchissables pour certaines espèces aquatiques, ou bien la mort de certains organismes à cause de l’élévation de la température de l’eau. Finalement, les activités économiques qui consomment beaucoup d’eau, telles que la métallurgie, la chimie et l’industrie papetière, très présentes dans la région, ont été fragilisées par le manque d’eau. Elles ont donc dû investir pour traiter les eaux usées et améliorer le traitement de l’eau en 2021, ce qui a permis une amélioration de la performance des réseaux cette même année.

Des restrictions pour limiter les dégâts

Pour limiter les dégâts dus à la sécheresse, il existe des mesures. Par exemple, fin septembre 2023, tous les départements de BFC ont fait l’objet d’arrêtés préfectoraux, quel que soit leur niveau d’alerte. N’étaient autorisés que les prélèvements pour l’eau potable, la santé, la sécurité civile et la salubrité. Ces mesures et la prévention de la population ont permis des baisses de prélèvements d’eau. En revanche, des tensions d’approvisionnement se sont manifestées, jusqu’à un état critique mi-octobre 2023.

De lourdes conséquences pour l'agriculture

La sécheresse a aussi eu une grande incidence sur l’agriculture : la pousse d’herbe pour les pâturages et le fourrage a été grandement réduite en 2018, 2019 et 2020. Pour remédier à ceci, les éleveurs des quatre départements bourguignons ainsi que ceux de 43 autres départements français ont eu l’autorisation d’utiliser les surfaces et jachères pour faire pâturer leurs troupeaux ou produire du fourrage. La sécheresse engendre la prolifération d’insectes xylophages qui menacent la survie des arbres. Elle augmente également le risque d’incendies de forêts. La sécheresse aura par ailleurs impacté le rendement de céréales et d’oléagineux, à l’instar du blé tendre, qui est la première culture en superficie de la région.