EXCLU WEB / Le vignoble de Bergerac cultive la biodiversité

À l’occasion d’une rencontre avec la presse pour présenter leurs dernières cuvées, une dizaine de vignerons des appellations Bergerac-Duras, indépendants et coopératives, ont expliqué comment ils mettent en pratique la transition agroécologique. 

EXCLU WEB / Le vignoble de Bergerac cultive la biodiversité

Les vignobles du Périgord sont déjà engagés depuis une vingtaine d’années vers la conversion en bio. Aujourd’hui, 30 % des surfaces sont certifiées bio et la moitié sous label environnemental. Le mouvement se poursuit mais de nouvelles pratiques culturales sont également mises en œuvre. La coopérative Berticot, qui regroupe une centaine d’adhérents, produit des AOP Côtes de Duras et des IGP Atlantique. Pour réduire les traitements, elle a planté de nouveaux cépages tels l’arinarnoa, hybride de cabernet-sauvignon et de tannat résistant à la sécheresse, le marselan, hybride de cabernet-sauvignon et de grenache et, toujours en rouge, le vidoc, une pure création de l’Inrae résistants au mildiou et à l’oïdium. Les essais sont concluants et permettent de réduire les passages de tracteur tout en obtenant des rendements similaires aux anciens cépages.

Fraîcheur des sols

La force du vignoble de Bergerac, et qui constitue un atout pour réussir cette transition environnementale, réside dans le fait que l’aire d’appellation n’a jamais été entièrement occupée par la vigne. On observe ici une mosaïque de paysages. La vigne, les cultures et l’élevage se côtoient. Yann Vergniaud, dont la propriété familiale s’étend sur 16 hectares, commence toujours par décrire ses parcelles de vigne à l’occasion d’une dégustation. « Ici, pas de mer de vignes. Mes parcelles sont enclavées entre les haies et les bosquets et mon voisin fait de l’élevage ». Un environnement qui accueille des oiseaux mais aussi des chauve-souris, lesquels détruisent les nuisibles de la vigne comme le vert de grappe. Yann Vergniaud ne travaille qu’un rang sur deux et laisse l’herbe pousser jusqu’à 40 centimètres. Il a arrêté tout désherbage chimique et recherche des alternatives pour limiter les passages de tracteur. Grâce à ces pratiques, sur ces terroirs secs, il conserve la fraîcheur des sols.

« Vins différents »

Depuis quelques années, il utilise aussi l’imagerie par drone ou par avion pour numériser par couleur chaque pied de vigne. Ces opérations lui permettent de mieux connaître les endroits touchés par le stress hydrique mais aussi la maturité des grappes. Fort de ces données, plus précises que la simple observation à l’œil nu, il a avancé de deux semaines la date des vendanges du merlot. Résultat, des jus plus frais, moins riches en notes végétales et surtout, d’un moindre degré d’alcool.

Cette nouvelle génération de vignerons de l’appellation Bergerac essaie d’être le moins interventionniste possible, privilégiant l’action de la faune et de la flore pour protéger leurs vignes. « Les vins sont différents selon les parcelles et leurs environnement », déclare Yann Vergniaud, avant de conclure avec malice « quand les gens nous demandent où sont les vignes, je leur réponds : on ne les voit pas, on les cache derrière les haies et les arbres ».