Série sur le matériel végétal
La pré-multiplication pour sécuriser la production de vignes mères
L’étape de prémultiplication permet de produire suffisamment de matériel végétal pour l’implantation de vignes-mères pour la production de matériel certifié.
Le matériel végétal de la vigne comprend toutes les composantes de la production d’un pied de vigne : porte-greffe, greffons, plants greffés. Dans la plupart des vignobles, l’opération de greffage a été rendue nécessaire à la suite de l’invasion du phylloxera à la fin du XIXe siècle, sorte de puceron qui s’attaque aux racines des ceps et provoque leur mort. Le greffage consiste à ajuster un greffon, fragment de sarment portant au moins 1 œil qui donnera les parties aériennes de la plante, sur un porte-greffe, autre sarment qui assurera le système racinaire. Un tissu cicatriciel doit être produit pour que les deux parties se soudent et se développent. Ce système a permis de sauver les vignes du phylloxera en utilisant des porte-greffes résistants au parasite. Les porte-greffes et greffons sont choisis pour leur adaptation aux spécificités des terroirs et issus de vignes appelées “vignes-mères”. Tout projet de plantation de vignes-mères doit faire l’objet d’une demande d’agrément auprès de FranceAgriMer. Il est soumis à de multiples contraintes et de nombreux contrôles sanitaires. Les greffons sont ensuite distribués aux pépiniéristes qui vont s’occuper du greffage sur les porte-greffes. La production d’un plant de vigne dure environ 18 mois. Une fois greffés, les plants sont paraffinés, pour consolider la greffe, stratifiés, pour favoriser la formation du cal de soudure, puis mis en terre au printemps. Après la chute des feuilles, les plants sont déterrés, triés, pour ne conserver que ceux dont les racines sont bien développées.
L'étape de prémultiplication
L’installation des parcelles de prémultiplication est confiée à des établissements de prémultiplication agréés, à partir du matériel initial fourni par l’IFV. Les établissements de prémultiplication (définis à l’article R.661-30 du Code rural) sont agréés par le Ministère de l’Agriculture, sur proposition de FranceAgriMer et après avis de la section “vigne” du Comité Technique Permanent de la Sélection (CTPS). L’agrément est renouvelé tous les cinq ans après enquête diligentée par le Ministère de l’Agriculture.
Les établissements de prémultiplication ont pour missions :
• L’installation de vignes-mères de greffons (VMG) et de porte-greffes (VMPG) destinées à la production de matériel dit de “base” à partir du matériel initial fourni par l’IFV.
• La production et la commercialisation des bois de greffage dits de “base”.
• La production et la commercialisation de plants de “base” à destination des multiplicateurs.
En plus de l’IFV, la prémultiplication est donc également assurée par onze partenaires au niveau national. Parmi ces onze partenaires, il y a pour le quart Nord-Est de la France le Comité Champagne (CIVC), l’association du Grapvi (Groupement Régional d’Amélioration et de Prémultiplication de la Vigne Centre Est) pour la Bourgogne et la Sicarex Beaujolais.
Depuis son début dans les années 1960, la prémultiplication est conduite en plein champ ce qui la met à la merci des vecteurs de maladies. Actuellement, le parc national de prémultiplication compte :
• 24 ha de vignes-mères de porte-greffes,
• 42 ha de vignes-mères de greffons.
Les prémultiplicateurs du quart Nord-Est produisent très peu de boutures de porte-greffe. Ils s’approvisionnent auprès d’autres structures. Pour les greffons, ils assurent la prémultiplication des cépages de leurs bassins viticoles respectifs et leur parc de vignes-mères est dimensionné pour couvrir les besoins de leur bassin. Néanmoins, en fonction de la demande fluctuante, des aléas climatiques ou sanitaires pouvant impacter la récolte des bois, les prémultiplicateurs peuvent s’approvisionner en greffons auprès d’autres structures.
Le dépérissement du vignoble
Le dépérissement auquel le vignoble fait face, décrit un phénomène qui touche l’ensemble des régions viticoles et qui est particulièrement observé depuis 2015. La définition qui a été adoptée en juillet 2015 est la suivante : “Le dépérissement désigne une baisse subie de la productivité du cep et/ou sa mort prématurée, brutale ou progressive, liée à une multitude de facteurs” (www.plandeperissement-vigne.fr). En effet, le dépérissement est lié à une multiplicité de causes : agressions biologiques (champignons, virus, phytoplasmes, bactéries, ravageurs...), pratiques culturales, stress environnementaux, contraintes technico-économiques. Selon une étude réalisée en 2015 par le Bureau d’informations et de prévisions économiques (BIPE), cabinet de prospection économique, mandaté par le Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d’origine et à indication géographique (CNIV) et FranceAgriMer, ce dépérissement serait responsable d’une perte annuelle de production de 4,6 hectolitres par hectare et d’un manque à gagner de 1,4 milliard Le Plan National Dépérissement du Vignoble traduit la volonté de la filière d’agir à tous les niveaux, de manière concertée pour lutter contre les dépérissements. Toutes les informations sur le plan sur www.plan-deperissement-vigne.fr d’euros de chiffre d’affaires pour la viticulture française. Parmi les facteurs de dépérissements précités, la progression des maladies réglementées menace les vignesmères, jusqu’à présent conduites en plein champ. Depuis 2015, toute la filière vigne et vin, appuyée par FranceAgriMer, s’est mobilisée pour définir un plan national contre le dépérissement du vignoble. Ce dernier engage une dynamique collective autour d’un plan d’actions sur trois axes : Le matériel végétal, la formation et le transfert et la régionalisation des bonnes pratiques.
Le Plan National Dépérissement du Vignoble traduit la volonté de la filière d’agir à tous les niveaux, de manière concertée pour lutter contre les dépérissements. Toutes les informations sur le plan sur www.plan-deperissement-vigne.fr
Quelle certification ?
Le matériel végétal peut être l’aboutissement d’une sélection agronomique et sanitaire ou d’un programme d’innovation variétale. Avant d’être multiplié, tout individu doit franchir plusieurs étapes afin d’être inscrit au Catalogue officiel des variétés de vigne (qui est la liste des variétés dont le matériel de multiplication peut être commercialisé au sein de l’Union européenne). La certification du matériel de multiplication de la vigne en France, sous l’égide de FranceAgriMer, repose sur le contrôle de la multiplication de variétés et de clones sains ayant une valeur agronomique, technique et environnementale répondant aux critères de la viticulture actuelle. En respectant rigoureusement un cahier des charges appliqué dans toute la filière de multiplication de la vigne afin d’éliminer les sources possibles de contamination, la certification garantit que les plants sont conformes aux vignes originelles sélectionnées et indemnes d’organismes nuisibles. À partir du matériel initial, la diffusion du matériel végétal suit un parcours bien balisé, car la certification des bois et plants de vigne repose sur le contrôle de toute la filière de multiplication du matériel végétal.