Engagement
Le monde des responsabilités agricoles, un enjeu pour les femmes
De plus en plus de femmes exercent des responsabilités dans les syndicats agricoles et dans les chambres d’agriculture. C’est le cas d’Élise Michallet, première femme présidente de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles du Rhône (FDSEA 69) depuis février dernier.
Élise Michallet est avant tout un éleveur. Elle s’est installée à Saint-Genis-Les-Ollières, dans le Rhône, en 2001 où elle élève des blondes d’Aquitaine. Mais depuis toujours, l’agricultrice s’engage pour sa profession. Elle prend très vite des responsabilités. Ainsi, en 2009, elle devient présidente du syndicat Jeunes agriculteurs du Rhône, puis administratrice nationale aux jeunes agriculteurs de la FNSEA. Elle exercera ces fonctions jusqu’à ses 36 ans, âge limite pour adhérer à Jeunes agriculteurs. Pour autant, son engagement ne s’arrête pas là. Après avoir été longtemps membre du bureau du syndicat et de la chambre d’agriculture, puis secrétaire générale, elle devient, à 44 ans, la première femme présidente de la FDSEA 69 en février dernier. Pour exercer son mandat, la jeune présidente s’inspire d’une autre femme engagée pour le monde agricole : Christiane Lambert, ancienne présidente de la FNSEA et du Copa-Cogeca. « Pendant cinq ans, Christiane Lambert a été à la tête de la FNSEA. Elle est vraiment un modèle et un exemple pour l’ensemble du monde agricole et des femmes. Elle a un engagement hors-pair et un charisme rare », relate-t-elle. Pour autant, ces deux femmes peuvent malheureusement encore faire office d’exception.
Sous représentée
Selon la FDSEA 69, les femmes représentent environ 30 % des agriculteurs qui s’installent dans le département. Pourtant, sur les trente-cinq personnes que compte le conseil d’administration, seulement cinq sont des femmes. Une situation qui s'explique notamment, d'après Élise Michallet, par l'intensité du rythme de travail. « Les responsabilités prennent beaucoup de temps et demandent beaucoup de compréhension de la part de sa famille. Il ne faut pas, par ailleurs, compter ses heures. » Un rythme difficile à concilier avec une vie de famille par exemple. Selon une étude réalisée par Oxfam France en 2023, si la sous-représentation féminine dans le monde des responsabilités agricoles peut en partie s’expliquer par l’accueil qui leur est réservé « qui dissuade les femmes d’y entrer ou d’y rester. D’autres critères peuvent être cités ici : la charge domestique trop importante, les freins à la formation, etc. » Néanmoins, Élise Michallet assume avec fierté ses responsabilités et l’affirme : « Les femmes sont tout aussi compétentes que les hommes et sont une richesse pour le monde agricole ».
Maxence Yvernault