Bovins/ovins
Un vaccin MHE en septembre, mais à la charge des filières
Un premier vaccin contre la maladie hémorragique épizootique (MHE) a été autorisé, en vue d’une vaccination dès septembre. Mais, au 21 août, le ministère excluait toute prise en charge.
Qu’il s’agisse du financement ou de la stratégie retenue, la vaccination des bovins et ovins contre la maladie hémorragique épizootique (MHE) « relève des filières », a indiqué le ministère de l’Agriculture dans un message à la presse le 21 août. Le vaccin Hepizovac de l’espagnol CZ Vaccines a reçu une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) le 6 août en vue d’une vaccination en septembre. « Un vaccin sera prochainement disponible », a confirmé Marc Fesneau dans une interview au Parisien le 20 août. Mais ses services ont précisé que « l’État ne gère pas la commande, ni le financement des doses, ni le financement de l’acte de vaccination ». Les filières bovines et ovines « doivent être en capacité de communiquer rapidement sur la stratégie vaccinale retenue pour la France », ajoute le ministère de l’Agriculture, afin « d’éclairer » le laboratoire CZ Vaccines « sur la production de doses à prévoir ».
« Nous appelons les services de l’État à passer des commandes massives de doses pour que tous les éleveurs puissent vacciner au plus tôt contre la MHE et la FCO » (fièvre catarrhale ovine), indique Patrick Bénézit. « Il n’y a que l’État qui ait la capacité de commander et distribuer dix millions de doses ». Et le président de la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA) d’appuyer : « Seul l’État a la structure pour de telles commandes, sans oublier le savoir-faire logistique de la DGAL. Il n’y a pas d’alternative ».
Vaccin autorisé malgré un « niveau de preuve limité »
Le 6 août, l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) a délivré une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) au vaccin Hépizovac contre la MHE. Selon le document d’autorisation, il permet de « prévenir la virémie (présence de virus dans le sang, NDLR) et réduire les signes cliniques systémiques y compris l’hyperthermie ». Fabriqué par l’espagnol CZ Vaccines, il se conserve au réfrigérateur et est administré à partir de deux mois, en deux injections « à trois semaines d’intervalle ». Son autorisation a été « attribuée en prenant en compte une balance bénéfice/risque jugée positive », prévient l’agence sanitaire, « compte tenu d’une situation sanitaire nécessitant une vaccination en urgence ». En raison d’un « niveau de preuve à ce jour limité » sur certaines mentions, « un travail est en cours avec le titulaire pour apporter des garanties supplémentaires ». Parmi les inconnues, l’impact sur la sphère reproductrice et la lactation, ainsi que les interactions avec d’autres médicaments.
Le 9 août, la DGAL (ministère) a indiqué prévoir une disponibilité du vaccin « en septembre », pour une « vaccination volontaire à la charge des éleveurs selon une stratégie à définir », d’après un document diffusé par la fédération des groupements techniques vétérinaires (FRGTV) des Pays de la Loire.
Premiers cas en Maine-et-Loire
Par ailleurs, les professionnels attendent la modification du règlement européen 2020/688, qui permettrait, malgré la MHE, d’échanger des animaux vivants au sein de l’UE « sous condition d’analyse PCR négative ou de vaccin », selon Patrick Bénézit. Des accords bilatéraux ont été conclus à l’automne 2023 avec l’Espagne et l’Italie, premiers clients des broutards français. « On a expédié des milliers d’animaux hors de la zone réglementée MHE et ça a fonctionné », rappelle le président de la FNB. Cette nouvelle mouture du règlement européen permettrait de graver cette possibilité dans le marbre pour l’ensemble des États membres. Une parution qui ne saurait tarder, a promis Bruxelles.
Selon le bilan du ministère de l’Agriculture, la France a enregistré 208 foyers de MHE entre le 1er juin et le 22 août. La maladie est désormais présente dans 21 départements, surtout dans le Sud-Ouest. Dernier en date, le Maine-et-Loire a récemment connu ses quatre premiers cas. La MHE est arrivée en France en septembre 2023, et a provoqué plus de 4 000 foyers en un an. Elle est provoquée par un virus véhiculé par des moucherons de la famille des culicoïdes, la même qui transmet la FCO.