Gestion de l’herbe
Prairies piétinées : comment les restaurer ?

AC, d’après Arvalis
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Les conditions humides qui prévalent depuis la mise à l’herbe conduisent à des dégradations des prairies pâturées, avec des piétinements, des refus… Arvalis propose quelques pistes techniques pour y remédier.

Prairies piétinées : comment les restaurer ?
Les zones de refus ou dégradées par le piétinement des animaux peuvent justifier des interventions de rénovation.

Première étape avant toute intervention : réaliser un état des lieux de la prairie. Selon le niveau de portance et le chargement instantané, la dégradation par le piétinement a pu être plus ou moins importante au cours des derniers mois écoulés. Dans certains cas, cela se traduit par la présence de refus et de traces de pas peu profonds répartis sur l’ensemble de la parcelle. Dans les cas les plus critiques, la quasi-totalité de la parcelle peut présenter de larges zones de sol nu où la végétation a totalement disparu.

Manques, vides, herbe piétinée…

Si les « vides » représentent 10 % ou plus de l’espace dans la prairie (surface d’une assiette par m2), un sursemis est envisageable. En dessous de ce seuil, la prairie a la capacité de se régénérer toute seule, et ce, d’autant plus si elle possède un bon fond prairial. La présence de refus ou d’herbe couchée, voire piétinée, est une des caractéristiques de bon nombre de prairies pâturées. Il est indispensable de faucher ces refus pour permettre un redémarrage rapide et régulier des repousses. Faucher ou broyer ? la décision dépendra du volume des refus. S’il est important, un broyage conduira à laisser sur place des quantités importantes de végétation qui auront d’une part beaucoup de mal à se décomposer et qui d’autre part gêneront les repousses.

Margaux Party, conseillère prairies et fourrages à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône, suggère aussi la technique du « fauche-broute », ou topping : « à condition bien entendu d’avoir les conditions de portances pour faire entrer la faucheuse dans la parcelle, cela consiste à faucher à 8 cm la veille ou le jour-même de l’entrée en pâture, et de mettre l’herbe en andains. L’intérêt principal est de limiter les refus et d’obtenir une repousse plus homogène ».

Dans tous les cas, le but est de réaliser une coupe franche (couteaux bien affûtés), pas trop rase (7-8 cm) pour favoriser un redémarrage rapide de la végétation. En cas de broyage, privilégier un outil qui permette une coupe la plus fine possible avec une répartition la plus homogène. Les gyrobroyeurs sont souvent assez peu adaptés en présence de résidus importants, les broyeurs à axe horizontal seront donc plus appropriés.

La faucheuse est une bonne alternative aux broyeurs : elle assure un débit de chantier élevé et permet d’exporter les résidus si ceux-ci sont en quantité relativement importante et de les valoriser en fourrage d’appoint pour des animaux à faibles besoins.

Prévoir des interventions mécaniques à l’automne

Pas question pour l’instant d’intervenir mécaniquement dans ces pâtures détériorées, sous peine d’obtenir un effet contraire à celui recherché. « Voire de favoriser le dessèchement si les conditions redeviennent séchantes », prévient la conseillère. Le nivellement des prairies devra plutôt s’envisager à la fin de l’été ou au début de l’automne.

L’utilisation d’une herse rotative réglée de manière superficielle permet d’aplanir le sol sans trop dégrader le couvert végétal. Elle peut être attelée à un semoir qui permettra de réaliser un sursemis au cours du même passage. L’utilisation également d’un outil légèrement plus agressif (scarificateur, aérateur) à la fin de l’automne peut dans ce cas précis (et seulement dans ce cas) trouver son utilité en aérant le sol compacté par le piétinement. Il pourra être suivi d’un passage de rouleau pour rappuyer en surface.