OS Charolais France et Institut Charolais
OS Charolais France et Institut Charolais : deux associations où « il fait bon vivre » !

Marc Labille
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Partageant les mêmes acteurs de la race charolaise, l’Institut Charolais et l’Organisme de Sélection Charolais France ont pour coutume de faire assemblées générales communes. Les deux associations se sont retrouvées le 26 juin dernier à la Maison du Charolais pour dresser un bon bilan de l’exercice 2023. 

OS Charolais France et Institut Charolais : deux associations où « il fait bon vivre » !
Charolais France et l’Institut Charolais se sont une nouvelle fois donnés rendez-vous à la maison du Charolais au cœur du berceau de race.

L’association Institut Charolais continue sur sa belle lancée. En 2023, elle a certes connu une petite baisse d’activité au premier trimestre, mais la production de sa halle technologique est repartie à la hausse depuis, se félicitait le président Jean-Jacques Lahaye.

Ainsi, le chiffre d’affaires de l’activité transformation à façon de l’association a atteint 200.000 € en 2023. Cela correspond à 70.000 vérines produites pour 175 producteurs ; « du massif de la Chartreuse jusqu’en Haute-Marne », faisait valoir le directeur Frédéric Paperin. Le volume par producteur augmente d’année en année pour cette activité synonyme de « création de valeur pour 175 agriculteurs », se félicitait Jean-Jacques Lahaye. Ce dernier rendait hommage à l’équipe technique de l’association et de la halle et il confiait l’objectif d’atteindre à terme 100.000 vérines. Fin juin, 50.000 vérines avaient d’ores et déjà été produites par la halle technologique…

Grâce à une activité commerciale importante, l’association affiche une santé économique saine. Cela lui permet de faire face à une hausse « naturelle » des charges et même de dégager un excédent. Ce bénéfice permet à la structure d’investir dans l’amélioration et l’entretien de son outil, notamment pour optimiser les conditions de travail des opérateurs, expliquait Jean-Jacques Lahaye.

Succès dans la communication…

L’association Institut Charolais maintient d’année en année ses actions de communication. En 2023, l’opération Made In Viande a été l’occasion d’une animation remarquée sur le site Aperam de Gueugnon. L’Institut a également participé au grand prix Charollais Viandes organisé sur l’hippodrome de Paray-le-Monial puis aux 40 ans de l’Ambassade du Charolais. L’association était présente à la fête de l’agriculture des JA à l’Hôpital-le-Mercier ainsi qu’au Sommet de l’Élevage.

2023 s’est achevée par les deux actions phares de l’Institut à savoir le concours de viandes d’excellence et le concours des apprentis bouchers dans le cadre du Festival du Bœuf. La troisième édition du concours de viandes d’excellence marque une nouvelle progression pour ce nouvel évènement. Quant au concours des apprentis, il conforte son rang de plus gros du genre à l’échelle européenne. 26 établissements de formation participaient en 2023 dont trois suisses. Séduits par le succès de ce concours, de nouveaux partenaires rejoignent les organisateurs. Et pour 2024, il y a déjà plus de candidats que de places !

L’innovation pour répondre aux nouvelles tendances

Dernier volet des missions de l’Institut Charolais et pas des moindres : l’innovation avec la plateforme technologique du Charolais. Le travail d’analyse sensorielle sur les viandes de bœuf et d’agneau se poursuit, de même que « l’optimisation des process de transformation ». L’innovation porte sur les produits carnés appertisés, mais elle intègre de plus en plus de légumes et de légumineuses dans les plats cuisinés. Ces nouveaux produits sont nécessaires pour « répondre aux attentes des agriculteurs et des consommateurs », justifiait Jean-Jacques Lahaye.

Effectifs en hausse à l’OS…

Malgré une baisse généralisée du nombre de vaches en France, l’OS Charolais France a connu une hausse de 10 % du nombre de vaches charolaises engagées dans son programme de sélection. Avec un total de 1,2 million de vaches, la charolaise reste la première race en France. Le nombre d’adhérents au Herd-Book Charolais est stable à 1.565 et les inscriptions d’animaux sont en augmentation de 15 %, se félicitait le président Hugues Pichard avant d’ajouter : « nous avons ouvert les portes du livre généalogique avec succès ». Au niveau du contrôle de performances, la pesée par l’éleveur se développe et une collecte du caractère docilité est en cours. Le projet Pheno 3D permettra à terme de mesurer les performances des animaux (poids, pointage) à l’aide d’une prise d’image numérique.

À l’ère de la data…

Le traitement des données de contrôle de performances et le calcul des index d’évaluation génétique sont assurés par Geneval, outil collectif commun aux deux OS charolaises (Charolais France et Gènes Diffusion). Avec Races de France, Charolais France planche depuis 2023 sur la modernisation des systèmes d’information. Il s’agit en fait de moderniser le support du livre généalogique qui est aujourd’hui dépassé. En pleine « ère de la data » où les nouvelles technologies génèrent des quantités de données, « il nous faut construire l’outil pour collecter, traiter et valoriser ces nouvelles données », expliquait Hugues Pichard. Un travail onéreux pour lequel l’OS investit beaucoup. Car à l’heure d’une privatisation sans précédent de la génétique, il faut veiller à ce « que les races soient capables de garder la main sur ces données et les restituer aux éleveurs », justifiait le président.

Typage des mâles de monte naturelle

Le typage systématique de tous les mâles de monte naturelle certifiés va débuter dès la prochaine campagne. Ce sera une obligation pour être inscrit au livre généalogique. Concrètement, le génotypage des futurs taureaux permettra de repérer s’ils sont porteurs de gènes d’intérêt et de prévenir la consanguinité. Les gènes d’intérêt identifiables aujourd’hui sont les gènes culards, le gène sans corne et des gènes porteurs de maladies génétiques (ataxie en particulier), expliquait Hugues Pichard. La connaissance du statut d’un animal vis-à-vis de tous ces gènes permettra de mieux gérer leur transmission. Ce seront autant de garanties pour les acheteurs. D’autant que le typage fiabilise aussi les généalogies et il permettra de mieux gérer la variabilité, complétait le président.

Face à la privatisation, le collectif

L’OS est impliqué dans de nombreux travaux ou projets de recherche (méthane, précocité du gras, index croisement…). Charolais France est aussi partenaire de Ferm’Inov (Jalogny). « Nous sommes une OS où il fait bon vivre ! », résumait Hugues Pichard en faisant allusion aux années difficiles quand la race s’était désunie. « Nous avons su apprivoiser le règlement zootechnique européen (RZUE) », celui-là même qui avait ouvert la possibilité de créer de nouvelles OS… Le dynamisme affiché de Charolais France prouve qu’elle a su avancer avec son temps. Et ses nombreux travaux confirment qu’elle sait « se projeter à plus long terme ». Sa mise à jour européenne semble toutefois buter contre l’inertie d’un dispositif génétique national immuable, déplorait Hugues Pichard. Mais dans un domaine devenu très concurrentiel, le président de Charolais France appelait ce collectif à se mobiliser pour que perdure cet aspect « Parlement, où l’on peut parler librement dans l’intérêt des éleveurs ».

Stations : plus de diversité génétique à l’entrée

Partie intégrante du programme de sélection, les sept stations charolaises (dont Jalogny) ont évalué 485 veaux mâles la saison passée dont 76% ont été qualifiés « RJR ». 90% ont trouvé preneurs au prix moyen de 3.981 €. Des réflexions sont en cours sur le modèle et dès 2024, les stations feront l’objet d’un travail pour favoriser la diversité génétique à l’entrée.

Changement de directeur à l’OS et au HBC

L’heure de la retraite a sonné pour le directeur de l’OS Charolais France Guy Cassagne. Originaire du Puy-de-Dôme, il dirigeait Charolais France et le Herd-Book depuis trois ans. Son successeur vient d’Auvergne lui aussi et il s’agit de Denis Brugière qui est le nouveau directeur général depuis ce 1er juillet. 

Le consommateur a besoin qu’on lui raconte une belle histoire…

Hugues Pichard et Jean-Jacques Lahaye se sont interrogés sur la perception qu’avaient les futurs bouchers de l’élevage et de la race. Pour avoir reçu les apprentis champions du dernier concours de vitrines de boucherie, Jean-Jacques Lahaye rapportait que ces jeunes « n’ont pas vraiment de perception… Leur préoccupation première est de découper la viande et de la vendre… ». Mais l’expérience du Festival du Bœuf et du concours de vitrine les aura marqués à vie, ajoutait Frédéric Paperin. Ce qui démontre qu’ils ont besoin « qu’on leur apporte des éléments sur le territoire, l’élevage, tout ce qui constitue « cette chaîne de valeur de l’éleveur à l’assiette et qu’attend le consommateur ». « Et c’est à nous d’écrire collectivement cette histoire que les bouchers ont à raconter à leurs clients », synthétisait Didier Giraud.