Moyens de lutte
Rendre les spermatozoïdes inefficaces par immunocontraception
Deux projets de recherche menés par l’université Clermont-Auvergne et l’INRAE de Tours visent à réguler la population de campagnols terrestres par un procédé d’immunocontraception (Contracamp) et de piégeages, grâce à l’étude de la communication phéromonale de ces animaux (Phérocamp).
Depuis 2017, l’université Clermont-Auvergne travaille sur un protocole d’immunocontraception (Contracamp), à destination des campagnols. Les chercheurs ont développé un vaccin contraceptif, administré ensuite dans un appât. L’objectif ? Engendrer une réponse immunitaire de l’organisme du campagnol et limiter leur reproduction. Le vaccin a pour but de produire des anticorps, qui vont ensuite aller se fixer sur la tête des spermatozoïdes et empêcher la fécondation. « La première partie de ce programme de recherches a été de développer ce vaccin et de voir s’il était possible d’engendrer une réaction vaccinale, explique Coralya Vullion, chargée de mission en charge de la coordination de la lutte contre le campagnol terrestre au Service interdépartemental pour l'animation du Massif central (Sidam). Le vaccin a été testé sur des mâles et a montré une diminution du nombre de spermatozoïdes. » La suite du programme devrait se focaliser sur des tests effectués sur des femelles. « Une fois cette partie validée, le but sera de voir si l’injection du vaccin a une efficacité sur la reproduction s’il espace ou diminue les portées, par exemple. »
Autre piste de réflexions des chercheurs : utiliser les phéromones, qui sont les voies de communications des campagnols, afin de les orienter vers des pièges ou des appâts. « La première phase du projet Phérocamp a consisté à identifier les composées volatiles (phéromones, NDLR) des campagnols émises dans les glandes latérales, qui leur permettent de marquer leur territoire », détaille la chargée de mission. Au total, les chercheurs de l’INRAE de Tours, qui travaillent sur ce projet, ont trouvé 65 composés à tester sur des pièges placés en laboratoire et sur le terrain. Tous n’ont pas encore pu être testés. « Mais un mélange a augmenté de 20 % l’efficacité des piégeages », assure Coralya Vuillon, qui admet que ce taux de réussite est encore trop faible pour le proposer aux agriculteurs.
Si les recherches avancent, plusieurs interrogations subsistent. La suite des programmes Contracamp et Phérocamp dépendent des recherches de financements. « Les résultats sont encourageants, mais pour les agriculteurs, le temps de la recherche est difficile… Ces derniers ont rapidement besoin de moyens de lutte », admet la professionnelle. Une problématique également rencontrée par le projet de lutte robotisée, actuellement au point mort. Son avancement parait pourtant essentiel, puisqu’il permettrait de pallier le manque de main d’œuvre des exploitations en estive. L’objectif de ce robot serait de détecter les foyers actifs de campagnols, afin de déposer des appâts ou des pièges.
Léa Rochon