Agro Bio Campus Davayé
Quelles nouvelles formations au lycée de Davayé pour la rentrée 2022 ?
Qu’est-ce qui se prépare au lycée de Davayé, en prévision de la rentrée 2022 ? Nouveaux diplômes, nouvelles modalités d’enseignement ? Nouvelles façons de voir les métiers de la viticulture et de l’élevage caprin. Nous avons posé quelques questions au directeur de l’Agro Bio Campus de Davayé, Jean-Philippe Lachaize.
Quelles sont les nouveautés de formation au lycée ?
Jean-Philippe Lachaize : L’évolution majeure concerne l’apprentissage, peu pratiqué ici pour l’instant. Agro Bio Campus Davayé prépare sa mue en unité de formation par apprentissage (UFA), en lien avec le CFA de Saône-et-Loire à Gueugnon (lire notre prochaine édition).
La rentrée 2022 s’effectuera dans le cadre de la rénovation des diplômes. Pour les BTS viticulture-œnologie et technico-commercial, nous adoptons la "semestrialisation". Ce qui veut dire que les deux années seront découpées en quatre semestres et que l’acquisition du diplôme se fera par des blocs de compétences.
Nous aimerions nous appuyer sur cette évolution pour travailler avec d’autres établissements viticoles : avec des échanges d’étudiants, une sorte d’Erasmus à l’échelle de la viticulture française. Concrètement, il s’agit de proposer aux jeunes de passer un semestre dans un autre établissement : à Rouffach, en Alsace ou à Avize, en Champagne.
Nous préparons aussi des actions autour du numérique, au sein du consortium Vinum. Notre objectif, c’est l’élaboration de logiciels, pour concevoir des outils pédagogiques et d’aide à la décision pour les viticulteurs. Ces futures solutions modéliseront certains aspects du métier, comme la taille, pour diminuer la prise de risque des viticulteurs.
Nous développons également un projet européen d’innovation (PEI), sur l’agroforesterie et la viticulture, en lien avec l’union des producteurs des vins mâcon (UPVM), le cru saint-véran et le Vinipôle Sud Bourgogne.
Et au CFPPA ?
J-P. L. : La formation des adultes se porte bien. Beaucoup de personnes ont entamé des reconversions professionnelles vers la viticulture ou l’élevage caprin. Notre objectif n’est pas de surfer sur la vague ; c’est d’accompagner ces apprenants vers des solutions d’insertion concrètes.
Nous continuons à travailler sur le métier de tractoriste, au CFPPA, depuis deux ans, avec la plateforme Viticonduite et les formations qui vont avec. Le certificat de spécialisation (CS) séduit peu à peu. L’objectif de douze candidats par an est presque rempli cette année (dix apprenants), avec des parcours et des objectifs variés : soit devenir chauffeurs, soit compléter leur portefeuille de compétences.
Comment s’opère le recrutement des candidats ?
J-P. L. : C’est un chantier important. Il nous faut montrer que la viticulture reste un vrai métier d’avenir. On peut commencer à une place modeste et évoluer ensuite.
Dans la production viticole, la coopération permet aux exploitants de progresser, dans l’accès au foncier, puis à la propriété, et d’évoluer dans le métier. Certains commencent par ne produire que du raisin et ensuite ils choisissent de vinifier eux-mêmes. Nous devons montrer ces parcours progressifs, pour lutter contre des images d’Épinal éculées.
Nous devons promouvoir, dans les lycées et les collèges, les métiers en relation avec la vigne, qu’ils pourraient exercer à côté de chez eux. Actuellement, il y a 300 offres d’emploi à pourvoir : le lycée en reçoit en moyenne trois nouvelles par jour.
Alors, nous perfectionnons nos supports pédagogiques : cela passe par la plateforme de conduite, et aussi par la promotion du lycée. Nous travaillons aussi à l’acquisition de simulateurs de conduite d’engins, de taille de la vigne. Avec le Vitilab, nous expérimentons les nouvelles technologies, pour chercher des réponses face au réchauffement climatique et pour améliorer les conditions de travail. Les exosquelettes notamment permettent d’alléger la charge de travail et de diminuer les troubles musculo-squelettiques (TMS). Toutes ces évolutions nous permettent de lutter ainsi contre les images d’un métier dur, qui pourraient les empêcher de se lancer.
Il vous faut donc recruter hors du monde viticole ?
J-P. L. : Oui, pour le Bac Pro vigne et vin, ce n’est plus suffisant d’avoir des filles et fils de vignerons. Nous avons besoin, comme toute la viticulture, d’aller chercher des gens qui ne connaissent pas notre secteur. Souvent, ils ignorent l’existence de la large palette des métiers de la vigne, ainsi que la possibilité de très rapidement évoluer.
Nous avons donc besoin de sourcer des jeunes profils qui aiment travailler dehors, le contact avec la nature et qui n’ont pas envie de faire des études générales. La viticulture peut leur proposer un cadre de travail adapté à leurs envies.
Opération portes ouvertes le 12 mars
Des portes ouvertes se dérouleront le 12 mars, de 9 heures à 16 h sur le site d’Agro Bio Campus Davayé, « en présentiel », indique Jean-Philippe Lachaize, le directeur. « Les visiteurs découvriront les locaux, le domaine et la chèvrerie et rencontreront les formateurs et enseignants. Les animations seront conduites par les élèves ».
« La formule de l’an passé, en "distanciel", disposait d’une efficacité discutable », indique le directeur. « Nous n’avons peut-être pas su faire. Mais surtout, nous sentons que notre public a besoin de rencontrer physiquement notre équipe. Il leur faut poser des questions basiques, très simples, puis entendre la réponse et pouvoir la reformuler. C’est un fonctionnement impossible sur les pages d’un site internet ou par un "tchat" ».
Les trois pôles d’Agro Bio Campus Davayé
Agro Bio Campus Davayé est un établissement (EPL) qui comporte trois centres et qui emploie 100 personnes, tous statuts confondus.
Le lycée Lucie Aubrac comprend 260 élèves en formation initiale, de la 3e à la licence professionnelle : soit en filières générales (3e, seconde, bac général), soit en filières technologiques (Stav), soit en filières techniques (bac pro commerce alimentation et vin ou vigne et vin). Le lycée propose aussi deux BTS : technico-commercial, viticulture-œnologie et une licence professionnelle.
Le CFPPA "VitiCap formations" propose plutôt des formations longues (BPREA, BTS et CS) dans la viticulture et l’élevage caprin. Il existe aussi des formations courtes, pour les salariés ou des chefs d’entreprise, pour compléter leurs compétences ou se former différemment à l’agronomie, aux techniques respectueuses de l’environnement et à l’évolution du métier face au réchauffement climatique.
L’exploitation agricole des Poncetys comprend 16 hectares en viticulture biologique et HVE, en appellations saint-véran, pouilly-fuissé et mâcon rouge. La ferme caprine fonctionne avec environ 200 chèvres, produisant 115.000 litres de lait par an, intégralement transformé en fromages AOP mâconnais.