La filière viticole de Bourgogne-Franche-Comté traverse une année 2024 difficile, marquée par des prévisions de baisse significative des récoltes et des disparités importantes entre les différents vignobles. Le rapport de conjoncture d'Agreste de septembre 2024 révèle que les conditions météorologiques défavorables et la propagation de maladies ont fortement affecté la production, avec des résultats variables selon les régions et les cépages.
La maturation des raisins, qui avait pris du retard au début du mois d’août, s’est accélérée avec l’arrivée d’un temps sec en fin de mois. Cependant, la santé des vignes reste inégale. Dans le sud de la région, notamment dans les vignobles du Beaujolais et du Mâconnais, les vendanges ont pu commencer dès la première semaine de septembre. En revanche, dans le vignoble de Pouilly-sur-Loire (Vallée de la Loire dans la Nièvre, NDLR), elles ne débuteront qu’après le 20 septembre. Ces dates, bien que relativement normales, contrastent avec les années récentes, souvent marquées par des vendanges très précoces.
Le principal défi de cette année réside dans la forte baisse des rendements de raisins. La récolte 2024 s’annonce bien inférieure à celle de l’année précédente et en net retrait par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : les orages de grêle localisés, comme celui du 1er mai dans le nord du Chablisien, ont endommagé les vignes, tandis que deux épisodes de gel en avril et mai ont causé de lourdes pertes dans le Jura. De plus, l’excès de pluie tout au long de l’année a favorisé l’apparition de maladies cryptogamiques, notamment le mildiou, compliquant la protection des vignes.
Des rendements très hétérogènes
Les écarts de production entre les différents départements sont frappants. Si certaines zones ont été relativement épargnées, d’autres, comme le Jura et l’Yonne, subissent une baisse drastique de leurs rendements. En 2024, la production régionale de vins AOP pourrait atteindre seulement 1,5 million d’hectolitres, contre plus de 2,1 millions en 2023. Ce recul est particulièrement marqué dans le Jura, où la production devrait diminuer de 71 % par rapport à la moyenne quinquennale, et dans l’Yonne, avec une baisse de 48 %.
Une activité commerciale dynamique malgré tout
Malgré ces difficultés, les transactions de vins en vrac sont restées dynamiques en Bourgogne. En juillet, elles étaient en hausse de 40 % par rapport à la campagne précédente, confirmant la tendance positive observée depuis février. La campagne viticole se termine avec un volume de transactions atteignant 963.000 hectolitres, soit 68.000 hectolitres de plus que l’année dernière. Cependant, l’augmentation des volumes disponibles — après les récoltes 2022 et 2023 — a eu un impact sur les prix des vins en vrac, qui ont baissé depuis mars. Les appellations régionales se négocient désormais à des niveaux équivalents à ceux de janvier 2020, tandis que les prix des villages et crus, après une forte hausse en 2022, sont également en baisse.
La crise française grignote peu à peu
L’année 2024 s’annonce donc particulièrement éprouvante pour la viticulture en Bourgogne-Franche-Comté, avec des rendements en nette diminution et des disparités importantes entre les vignobles. La météo capricieuse, les maladies et les aléas climatiques ont lourdement pesé sur la production. Les charges de production sont élevées. Toutefois, l’activité commerciale soutenue apporte une lueur d’espoir, laissant entrevoir des perspectives de reprise pour les saisons à venir. Mais le marasme économique et la crise des autres vignobles de France accroissent la concurrence sur certains segments de la Bourgogne viticole.
Cédric Michelin