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Section bovine

Pour la section bovine de la FDSEA, il y a des raisons d’être optimiste

En dépit d’une conjoncture toujours aussi décevante, un espoir semble se dessiner pour les éleveurs allaitants. Si les effets du plan de filière issu des EGAlim n’en sont qu’à leurs prémices, une révolution pourrait bien se profiler avec l’avènement de toutes nouvelles relations avec la grande distribution. Autre opportunité inattendue : le nouveau marché du carbone pourrait permettre aux élevages herbagers d’être enfin rémunérés pour leurs pratiques vertueuses.

Pour la section bovine de la FDSEA, il y a des raisons d’être optimiste

Pour son assemblée générale jeudi dernier à Ecuisses, la section bovine de la FDSEA avait invité le vice-président de la FNB Emmanuel Bernard. Devant les éleveurs allaitants de Saône-et-Loire, le responsable nivernais a fait le point sur les principaux dossiers du secteur. Plan de filière et marché du carbone pourraient bien marquer un tournant dans la situation de l’élevage viande.

Depuis plusieurs années, l’élevage allaitant traverse une conjoncture économique très défavorable. Les courbes le montrent bien : une cassure s’est produite à la fin des années 90 et depuis 2013-2014, le prix de la viande bovine payé au producteur ne fait que baisser. Les conséquences sont une inquiétante perte de rentabilité de l’élevage. Et quand les sécheresses succèdent aux crises sanitaires, les exploitations ne peuvent plus tenir longtemps, d’où un vent de décapitalisation et même des reconversions professionnelles…

D’aucun tentent d’expliquer cet écrasement chronique des prix par une baisse de consommation. Pour la FNB, la vérité est ailleurs. Depuis 2013, les cotations déclinent et montrent un « encéphalogramme plat », illustre Emmanuel Bernard. Sauf que dans ces cotations officielles, on ne fait jamais remonter les plus-values versées aux éleveurs à postériori… Si bien que les cotations ne reflètent que les prix de base à la baisse, dénonçait le vice-président de la FNB. Et celui-ci de prendre l’exemple du Festival du Bœuf dont les prix de vente, pris en compte dans la cotation, parviennent toujours à faire frémir momentanément les cours. Ce n’est pas un hasard si certains opérateurs rêveraient que ces prix de concours n’entrent pas dans la cotation…, observait le responsable national.

La consommation de viande bovine se tient 

Si le prix payé au producteur n’a jamais cessé de se dégrader depuis sept ans, à l’autre bout de la chaine, le prix de la viande au consommateur ne fait qu’augmenter ! Comme quoi il y a bien quelque chose qui dysfonctionne… Or Emmanuel Bernard est formel : « la consommation de viande bovine se tient ». Dans un contexte mondial de croissance de la population, les français mangent en fait autant de viande qu’avant. Par contre, ils la consomment différemment : moins en grande distribution et plus en restauration hors foyer. Et il se consomme toujours la même part de viande d’origine française. En clair, « la restauration hors foyer importe moins », informait Emmanuel Bernard. Malgré le tapage entretenu dans les médias, « les actions anti-viande n’ont aucun effet sur la consommation », révèle le responsable. Elles font plus de mal au moral des éleveurs qu’elles ne convainquent les citoyens, rassure-t-il.

C’est ce constat d’une filière en dysfonctionnement où le rapport de force est toujours défavorable à l’éleveur qui a conduit aux Etats Généraux de l’Alimentation. La profession - FNB en tête - a voulu profiter de cette opportunité pour rompre une bonne fois pour toute la logique du moins disant. Son but : renverser le totalitarisme de la grande distribution et des industriels en imposant la construction « en marche avant » d’un prix qui rémunère le producteur. « Il a fallu batailler dur au niveau de Bruxelles car, au nom de la libre concurrence, la loi européenne ne permettait pas de construire un prix. On a fait changer les règles à l’Union Européenne », expliquait le vice-président de la FNB.

Plan de filière : une petite révolution

Dans chacune des 27 filières de l’agro-alimentaire, les EGAlim ont débouché sur un plan de filière. La profession s’est battue pour faire reconnaitre le coût de production dans la construction du prix. L’enjeu de cette « remise en marche avant » est une montée en gamme qui crée de la valeur aux producteurs. « Tout le monde a signé ! », rappelle Emmanuel Bernard. Et c’est dans le label Rouge que la mise en application du plan de filière est la plus attendue.

Désormais, la contractualisation est obligatoire dans tous les labels. « C’est une révolution », estime le vice-président de la FNB. En effet, cela implique obligatoirement que les deux partis (amont et grande distribution) se mettent d’accord au départ sur un contrat d’une durée d’un an. Le prix intègrera obligatoirement le coût de production et la cotation qui seront connus, explique Emmanuel Bernard. Avec des prix plus rémunérateurs, il faut s’attendre à devoir s’adapter davantage aux signaux de marché, avertissait toutefois le responsable. « Fournir le bon produit au bon moment ».

Bilan carbone, une opportunité ?

L’autre dossier que le vice-président de la FNB a tenu à présenter aux éleveurs de Saône-et-Loire porte sur les émissions de carbone. Aussi obscur et technocratique soit-il, ce sujet des émissions de carbone pourrait pourtant, à l’instar des Egalim, offrir une opportunité supplémentaire de valoriser le travail des éleveurs. C’est en effet le pari que font la profession et la FNB depuis la Cop 21. « Sur le bilan carbone des élevages, on s’attendait au pire », admet Emmanuel Bernard. Alors, « on a voulu se doter d’un outil pour calculer le bilan carbone de nos exploitations ». 1.700 fermes ont été diagnostiquées en France et si l’élevage émet bel et bien du carbone, son bilan a de quoi rendre jaloux bien des secteurs économiques.

Les résultats de ces bilans montrent que l’élevage allaitant possède des marges de manoeuvre pour s’en sortir. Les résultats sont variables d’une ferme à l’autre, mais la nouvelle rassurante, c’est qu’ils sont corrélés avec la maîtrise technico-économique des exploitations. En clair, les élevages qui ont les plus mauvais bilans carbone sont ceux qui souffrent de « défaillances techniques engendrant des problèmes économiques ». Parmi les postes qui influent beaucoup : l’intervalle vêlage-vêlage, l’âge au premier vêlage… « Tous animal qui ne produit pas coûte », résume Emmanuel Bernard. Dans ce bilan, les kilos de viande vive produits font la différence et l’autonomie alimentaire est un plus. L’une des grandes forces de l’élevage allaitant réside dans son bocage qu’il aura intérêt à préserver. Contrairement aux autres activités économiques, l’élevage peut se prévaloir de stocker du carbone dans les prairies permanentes et les haies.

Ne pas rater le train du carbone…

Un atout qui pourrait bien se transformer en plus value avec l’émergence d’un marché du carbone. Car des entreprises de secteurs moins vertueux pourraient un jour être bien contentes de racheter des crédits carbones auprès des éleveurs les moins émetteurs. C’est dans cette optique que les fédérations d’élevage de la FDSEA (FNB, FNPL, FNO, FNEC…) ont décidé de créer une association pour labelliser le carbone : France Carbone Agri. Clairement, la profession pense qu’il ne faut pas rater le train du carbone comme ce fut le cas pour le photovoltaïque ou la méthanisation. « La démarche peut nous permettre de valoriser notre élevage vertueux. Il faut se l’approprier à notre avantage », conclut Emmanuel Bernard. « Personne ne peut ignorer ce problème du carbone ni le changement climatique. Qu’on le veuille ou non, le marché du carbone est une réalité aujourd’hui et si les éleveurs ne se saisissent pas de cette opportunité d’être rémunérés pour le service rendu, alors la grande distribution risque encore de capter cette plus-value à son avantage », mettait en garde Christian Bajard.

Pour la section bovine de la FDSEA, il y a des raisons d’être optimiste

Pour la section bovine de la FDSEA, il y a des raisons d’être optimiste

Pour son assemblée générale jeudi dernier à Ecuisses, la section bovine de la FDSEA avait invité le vice-président de la FNB Emmanuel Bernard. Devant les éleveurs allaitants de Saône-et-Loire, le responsable nivernais a fait le point sur les principaux dossiers du secteur. Plan de filière et marché du carbone pourraient bien marquer un tournant dans la situation de l’élevage viande.

Depuis plusieurs années, l’élevage allaitant traverse une conjoncture économique très défavorable. Les courbes le montrent bien : une cassure s’est produite à la fin des années 90 et depuis 2013-2014, le prix de la viande bovine payé au producteur ne fait que baisser. Les conséquences sont une inquiétante perte de rentabilité de l’élevage. Et quand les sécheresses succèdent aux crises sanitaires, les exploitations ne peuvent plus tenir longtemps, d’où un vent de décapitalisation et même des reconversions professionnelles…

D’aucun tentent d’expliquer cet écrasement chronique des prix par une baisse de consommation. Pour la FNB, la vérité est ailleurs. Depuis 2013, les cotations déclinent et montrent un « encéphalogramme plat », illustre Emmanuel Bernard. Sauf que dans ces cotations officielles, on ne fait jamais remonter les plus-values versées aux éleveurs à postériori… Si bien que les cotations ne reflètent que les prix de base à la baisse, dénonçait le vice-président de la FNB. Et celui-ci de prendre l’exemple du Festival du Bœuf dont les prix de vente, pris en compte dans la cotation, parviennent toujours à faire frémir momentanément les cours. Ce n’est pas un hasard si certains opérateurs rêveraient que ces prix de concours n’entrent pas dans la cotation…, observait le responsable national.

La consommation de viande bovine se tient 

Si le prix payé au producteur n’a jamais cessé de se dégrader depuis sept ans, à l’autre bout de la chaine, le prix de la viande au consommateur ne fait qu’augmenter ! Comme quoi il y a bien quelque chose qui dysfonctionne… Or Emmanuel Bernard est formel : « la consommation de viande bovine se tient ». Dans un contexte mondial de croissance de la population, les français mangent en fait autant de viande qu’avant. Par contre, ils la consomment différemment : moins en grande distribution et plus en restauration hors foyer. Et il se consomme toujours la même part de viande d’origine française. En clair, « la restauration hors foyer importe moins », informait Emmanuel Bernard. Malgré le tapage entretenu dans les médias, « les actions anti-viande n’ont aucun effet sur la consommation », révèle le responsable. Elles font plus de mal au moral des éleveurs qu’elles ne convainquent les citoyens, rassure-t-il.

C’est ce constat d’une filière en dysfonctionnement où le rapport de force est toujours défavorable à l’éleveur qui a conduit aux Etats Généraux de l’Alimentation. La profession - FNB en tête - a voulu profiter de cette opportunité pour rompre une bonne fois pour toute la logique du moins disant. Son but : renverser le totalitarisme de la grande distribution et des industriels en imposant la construction « en marche avant » d’un prix qui rémunère le producteur. « Il a fallu batailler dur au niveau de Bruxelles car, au nom de la libre concurrence, la loi européenne ne permettait pas de construire un prix. On a fait changer les règles à l’Union Européenne », expliquait le vice-président de la FNB.

Plan de filière : une petite révolution

Dans chacune des 27 filières de l’agro-alimentaire, les EGAlim ont débouché sur un plan de filière. La profession s’est battue pour faire reconnaitre le coût de production dans la construction du prix. L’enjeu de cette « remise en marche avant » est une montée en gamme qui crée de la valeur aux producteurs. « Tout le monde a signé ! », rappelle Emmanuel Bernard. Et c’est dans le label Rouge que la mise en application du plan de filière est la plus attendue.

Désormais, la contractualisation est obligatoire dans tous les labels. « C’est une révolution », estime le vice-président de la FNB. En effet, cela implique obligatoirement que les deux partis (amont et grande distribution) se mettent d’accord au départ sur un contrat d’une durée d’un an. Le prix intègrera obligatoirement le coût de production et la cotation qui seront connus, explique Emmanuel Bernard. Avec des prix plus rémunérateurs, il faut s’attendre à devoir s’adapter davantage aux signaux de marché, avertissait toutefois le responsable. « Fournir le bon produit au bon moment ».

Bilan carbone, une opportunité ?

L’autre dossier que le vice-président de la FNB a tenu à présenter aux éleveurs de Saône-et-Loire porte sur les émissions de carbone. Aussi obscur et technocratique soit-il, ce sujet des émissions de carbone pourrait pourtant, à l’instar des Egalim, offrir une opportunité supplémentaire de valoriser le travail des éleveurs. C’est en effet le pari que font la profession et la FNB depuis la Cop 21. « Sur le bilan carbone des élevages, on s’attendait au pire », admet Emmanuel Bernard. Alors, « on a voulu se doter d’un outil pour calculer le bilan carbone de nos exploitations ». 1.700 fermes ont été diagnostiquées en France et si l’élevage émet bel et bien du carbone, son bilan a de quoi rendre jaloux bien des secteurs économiques.

Les résultats de ces bilans montrent que l’élevage allaitant possède des marges de manoeuvre pour s’en sortir. Les résultats sont variables d’une ferme à l’autre, mais la nouvelle rassurante, c’est qu’ils sont corrélés avec la maîtrise technico-économique des exploitations. En clair, les élevages qui ont les plus mauvais bilans carbone sont ceux qui souffrent de « défaillances techniques engendrant des problèmes économiques ». Parmi les postes qui influent beaucoup : l’intervalle vêlage-vêlage, l’âge au premier vêlage… « Tous animal qui ne produit pas coûte », résume Emmanuel Bernard. Dans ce bilan, les kilos de viande vive produits font la différence et l’autonomie alimentaire est un plus. L’une des grandes forces de l’élevage allaitant réside dans son bocage qu’il aura intérêt à préserver. Contrairement aux autres activités économiques, l’élevage peut se prévaloir de stocker du carbone dans les prairies permanentes et les haies.

Ne pas rater le train du carbone…

Un atout qui pourrait bien se transformer en plus value avec l’émergence d’un marché du carbone. Car des entreprises de secteurs moins vertueux pourraient un jour être bien contentes de racheter des crédits carbones auprès des éleveurs les moins émetteurs. C’est dans cette optique que les fédérations d’élevage de la FDSEA (FNB, FNPL, FNO, FNEC…) ont décidé de créer une association pour labelliser le carbone : France Carbone Agri. Clairement, la profession pense qu’il ne faut pas rater le train du carbone comme ce fut le cas pour le photovoltaïque ou la méthanisation. « La démarche peut nous permettre de valoriser notre élevage vertueux. Il faut se l’approprier à notre avantage », conclut Emmanuel Bernard. « Personne ne peut ignorer ce problème du carbone ni le changement climatique. Qu’on le veuille ou non, le marché du carbone est une réalité aujourd’hui et si les éleveurs ne se saisissent pas de cette opportunité d’être rémunérés pour le service rendu, alors la grande distribution risque encore de capter cette plus-value à son avantage », mettait en garde Christian Bajard.

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