Bilan carbone
Pour anticiper les changements...

Publié par Cédric Michelin
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Le 6 avril à la cave de Lugny, l'Aria (Association régionale des industries alimentaires) Bourgogne Club Agro 71 organisait une de ses quatre réunions annuelles. Le thème était le Bilan carbone. En effet, la semaine du Développement durable était l'occasion rêvée de se pencher sur les émissions de gaz à effet de serre (GES). Les entreprises ayant fait le déplacement cherchaient surtout à savoir comment rester compétitives, notamment si, demain, l'étiquetage environnemental devient obligatoire...
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Après une visite de la cave de Lugny réalisée par le responsable du chai, Luc Dubreuil, place était venue de savoir réellement à quoi sert un Bilan carbone ? Basée à Mâcon dans les locaux de la CCI, Stéphanie Merlin de l'Aria Bourgogne convient que cet outil sert surtout « à analyser le cycle de vie d'un produit ». Autant dire qu'il ne faut pas - en priorité - chercher à en faire un argument commercial. Les questions des entrepreneurs de l'agroalimentaire présents portaient pourtant principalement sur cet avantage concurrentiel possible. « Si vous faites mieux que la référence moyenne, vous pourrez l'afficher. Encore que, cette méthode n'est pas utilisable pour comparer deux entreprises. Il faudra des bases communes et des standards pour cela ! », complétait-elle.
Pour la cave de Lugny, Luc Dubreuil rappelait que la Fédération des négociants en vins de Bourgogne (Fneb) dispose déjà d'un outil Internet pour calculer ce genre de données environnementales. « Nous, viticulteurs et caves coopératives, nous n'avons pas attendu. Cela fait 15 ans que nous regardons, analysons et enregistrons les pratiques, intrants notamment. Nous travaillons à réduire l'impact environnemental au sens large et aussi au sens économique », réagissait-il. Il faut dire que l'intervention de Michel Treppo, de la société Oris, venait de prédire que, pour l'exportation des vins, « il faudra peut-être demain envoyer en vrac votre vin - au Japon par exemple - pour l'embouteiller là-bas et ainsi réduire votre Bilan carbone ». Autant parler donc de délocalisation d'emplois et de la fin des appellations d'origine... Inconcevable en Bourgogne ! On le voit, ce Bilan carbone n'est pas parfait et d'autres indicateurs, comme des normes sur la biodiversité ou sur l'impact sur l'eau, sont également à l'étude pour le compléter. Au final, c'est une armada de normes qui n'augurent rien de bon : ni pour les consommateurs sans repères, ni pour les producteurs obligés de justifier tout leurs savoir-faire.

Le coût d'un Bilan carbone



Pourtant, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Cette norme permet « d'anticiper les exigences de vos clients ». De plus en plus d'acheteurs - professionnels comme particuliers - sélectionneront les entreprises agroalimentaires sur d'autres critères que la qualité et le prix des produits. C'est également un outil d'aide à la décision et « à l'action », insistait Michel Treppo. Des actions pour faire des économies « pas que de carbone mais aussi d'euro » et pour " motiver les salariés, qui ne font plus des efforts pour le patron mais pour l'environnement ». L'occasion aussi de voir la « sensibilité de son entreprise aux variations des prix de l'énergie ». En ces temps de records des combustibles fossiles, ces simulations économiques deviennent centrales. « Une entreprise ayant une flotte de véhicules peut compter économiser 20 % de ses coûts en formant les conducteurs à l'éco-conduite ». Les vins de Bordeaux ont déjà estimés que les déplacements, le fret et les matériaux (verre, produits chimiques...) sont les trois postes clés où agir.
L'outil est libre et gratuit, disponible sur le site de l'Ademe mais « attention, il faut trouver des solutions après analyses et ça, le logiciel ne le fait pas », concluait le spécialiste (voir vidéos sur Agri71.fr). Sa société, Oris facture environ - selon la complexité du produit - à 5.000 euro la prestation pour les TPE de moins de 50 salariés et 8.000 € pour les PME de moins de 250 personnes. Des aides étatiques et régionales sont toutefois possibles.