Délimitation Bourgogne Beaujolais : « Inacceptable » pour les Bourguignons
Lundi soir à Viré, le Syndicat des Bourgognes et la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB) ont tenu une réunion « d’information » sur la délimitation de l’AOC Bourgogne. La dernière proposition de l’INAO est « inacceptable » pour eux. Les deux organisations appellent tous les vignerons à se mobiliser et même à manifester à Paris le 6 février prochain, date du passage du dossier en Comité national INAO.

7.000 hectares de parcelles délimitées en Bourgogne rayés de la carte dans la région… Bourgogne ! La proposition de l’INAO a de quoi rester en travers de la gorge du Syndicat des Bourgognes, rejoint dans son combat par la CAVB.
Pourquoi un tel bazar ? Il s’agit en réalité d’un vieux serpent de mer qui remonte à l’origine même de l’appellation Bourgogne, non totalement délimitée.
Evidemment, la crise et mévente des vins du Beaujolais ont amplifié les échanges "invisibles du grand public" entre les deux régions. Comme pour les appellations Crémant de Bourgogne et Côteaux Bourguignons.
C’est quoi un Bourgogne ?
Le directeur de l’ODG Bourgogne, Guillaume Willette débutait justement en rappelant le contexte. La délimitation des appellations bourguignonnes n’a jamais été réalisée dans le Beaujolais et le Chablisien depuis… 1937. Après moultes péripéties, l’INAO a acté en 2017 les grands principes de délimitation, soit l’identité même de ce qu’est un Bourgogne. « C’est quoi un Bourgogne ? Est-ce un pinot ou un chardonnay sur un sol calcaire ? Est-ce une définition suffisante ? Et sinon, quels sont les autres critères pour définir qui et où on peut produire du Bourgogne ? », demandait-il, en donnant une partie de la réponse puisque pinot et chardonnay sont deux cépages largement plantés à travers le monde entier.
Sans expliquer ou savoir les critères retenus par l’INAO, la réponse de l’institut de l’origine laisse craindre le retrait de la délimitation d’une « centaine de communes qui perdrait le droit de revendiquer l’appellation Bourgogne ». Du côté des perdants, on trouve l’ensemble du Chatillonais, « quasiment » l’ensemble du Chablisien, une partie de l’Auxerrois, du Tonnerrois et les « trois quarts » du Dijonnais, ainsi que d’autres communes réparties en Côte-d’Or. La Saône-et-Loire y perdrait aussi avec plusieurs communes en Côte Chalonnaise, dans le Clunisois, le Mâconnais (Nord et Sud) et dans sa partie Beaujolaise. Au total, 64 communes représentant 7.000 ha, « toute AOC confondue, dont 5.500 ha plantés ».
Bataille de chiffres
A l’inverse, au moins 24 communes du Beaujolais pourraient revendiquer l’appellation Bourgogne blanc et rouge, représentant « potentiellement 2.000 ha selon l’INAO mais plus vraisemblablement 8 à 10.000 ha », selon le syndicat des Bourgognes. Sans oublier les « 19 communes des crus du Beaujolais en bourgogne gamay représentant 6.000 ha plantés ».
Pour le président de la CAVB, Thiébault Huber, « cette proposition est inacceptable. Le pire est que l’INAO ne veut plus rien changer. Ce qui nous oblige à réagir » avant le 6 février (lire encadré).
Et pas de gaieté de cœur car les risques sont grands en terme d’image et donc de valeur, plus pour les vins de Bourgogne d’ailleurs que pour ceux du Beaujolais. « Les négociations se faisaient jusqu’alors qu’avec les responsables professionnels pour ne pas affoler sur des hypothèses non abouties et on gardait toujours espoir de faire bouger l’INAO mais là, les on est arrivé au bout du système et on a besoin du soutien de tous les vignerons », regrette quelque part Guillaume Willette.
Images écornées et surproduction ?
Outre une « image écornée », et revenant sur le dernier rapport de l’INAO, le syndicat des Bourgogne craint surtout à terme un risque de « détournement de notoriété ». L’ODG a réalisé un sondage auprès de consommateurs démontrant un risque de « dégradation du niveau de qualité perçu, d’une baisse d’achat de vins et d’une baisse du consentement à payer ». « Soit des conséquences économiques pour tous », insistait Stéphane Guillemin, président de l’Union des crus à la CAVB, car « avec la pyramide Bourguignonne, toutes les AOC se tiennent et donc les appellations supérieures sont concernées ».
Guillaume Willette rappelait la gestion compliquée des appellations : droits de plantation, rendements…. « Si on ne régule pas, dès qu’on a une grosse récolte, les cours dévissent. Il nous faut gérer de façon sereine. Là, il y a un risque important de surproduction » (lire encadré). Ce qui ne serait bon pour personne…
Derrière cet épineux sujet se cache donc une question de gestion « économique ». Ce qui n’est pas du ressort de l’INAO. L’Institut de l’origine ouvre donc en grand son « parapluie » depuis le début de l’affaire pour se couvrir juridiquement, quitte à présenter des dossiers « inacceptables » justement qui finiront en justice. Ce qui bloque le dossier…partit pour durer encore un long moment, laissant les vignerons dans le flou.
Délimitation Bourgogne Beaujolais : « Inacceptable » pour les Bourguignons

7.000 hectares de parcelles délimitées en Bourgogne rayés de la carte dans la région… Bourgogne ! La proposition de l’INAO a de quoi rester en travers de la gorge du Syndicat des Bourgognes, rejoint dans son combat par la CAVB.
Pourquoi un tel bazar ? Il s’agit en réalité d’un vieux serpent de mer qui remonte à l’origine même de l’appellation Bourgogne, non totalement délimitée.
Evidemment, la crise et mévente des vins du Beaujolais ont amplifié les échanges "invisibles du grand public" entre les deux régions. Comme pour les appellations Crémant de Bourgogne et Côteaux Bourguignons.
C’est quoi un Bourgogne ?
Le directeur de l’ODG Bourgogne, Guillaume Willette débutait justement en rappelant le contexte. La délimitation des appellations bourguignonnes n’a jamais été réalisée dans le Beaujolais et le Chablisien depuis… 1937. Après moultes péripéties, l’INAO a acté en 2017 les grands principes de délimitation, soit l’identité même de ce qu’est un Bourgogne. « C’est quoi un Bourgogne ? Est-ce un pinot ou un chardonnay sur un sol calcaire ? Est-ce une définition suffisante ? Et sinon, quels sont les autres critères pour définir qui et où on peut produire du Bourgogne ? », demandait-il, en donnant une partie de la réponse puisque pinot et chardonnay sont deux cépages largement plantés à travers le monde entier.
Sans expliquer ou savoir les critères retenus par l’INAO, la réponse de l’institut de l’origine laisse craindre le retrait de la délimitation d’une « centaine de communes qui perdrait le droit de revendiquer l’appellation Bourgogne ». Du côté des perdants, on trouve l’ensemble du Chatillonais, « quasiment » l’ensemble du Chablisien, une partie de l’Auxerrois, du Tonnerrois et les « trois quarts » du Dijonnais, ainsi que d’autres communes réparties en Côte-d’Or. La Saône-et-Loire y perdrait aussi avec plusieurs communes en Côte Chalonnaise, dans le Clunisois, le Mâconnais (Nord et Sud) et dans sa partie Beaujolaise. Au total, 64 communes représentant 7.000 ha, « toute AOC confondue, dont 5.500 ha plantés ».
Bataille de chiffres
A l’inverse, au moins 24 communes du Beaujolais pourraient revendiquer l’appellation Bourgogne blanc et rouge, représentant « potentiellement 2.000 ha selon l’INAO mais plus vraisemblablement 8 à 10.000 ha », selon le syndicat des Bourgognes. Sans oublier les « 19 communes des crus du Beaujolais en bourgogne gamay représentant 6.000 ha plantés ».
Pour le président de la CAVB, Thiébault Huber, « cette proposition est inacceptable. Le pire est que l’INAO ne veut plus rien changer. Ce qui nous oblige à réagir » avant le 6 février (lire encadré).
Et pas de gaieté de cœur car les risques sont grands en terme d’image et donc de valeur, plus pour les vins de Bourgogne d’ailleurs que pour ceux du Beaujolais. « Les négociations se faisaient jusqu’alors qu’avec les responsables professionnels pour ne pas affoler sur des hypothèses non abouties et on gardait toujours espoir de faire bouger l’INAO mais là, les on est arrivé au bout du système et on a besoin du soutien de tous les vignerons », regrette quelque part Guillaume Willette.
Images écornées et surproduction ?
Outre une « image écornée », et revenant sur le dernier rapport de l’INAO, le syndicat des Bourgogne craint surtout à terme un risque de « détournement de notoriété ». L’ODG a réalisé un sondage auprès de consommateurs démontrant un risque de « dégradation du niveau de qualité perçu, d’une baisse d’achat de vins et d’une baisse du consentement à payer ». « Soit des conséquences économiques pour tous », insistait Stéphane Guillemin, président de l’Union des crus à la CAVB, car « avec la pyramide Bourguignonne, toutes les AOC se tiennent et donc les appellations supérieures sont concernées ».
Guillaume Willette rappelait la gestion compliquée des appellations : droits de plantation, rendements…. « Si on ne régule pas, dès qu’on a une grosse récolte, les cours dévissent. Il nous faut gérer de façon sereine. Là, il y a un risque important de surproduction » (lire encadré). Ce qui ne serait bon pour personne…
Derrière cet épineux sujet se cache donc une question de gestion « économique ». Ce qui n’est pas du ressort de l’INAO. L’Institut de l’origine ouvre donc en grand son « parapluie » depuis le début de l’affaire pour se couvrir juridiquement, quitte à présenter des dossiers « inacceptables » justement qui finiront en justice. Ce qui bloque le dossier…partit pour durer encore un long moment, laissant les vignerons dans le flou.
Délimitation Bourgogne Beaujolais : « Inacceptable » pour les Bourguignons

7.000 hectares de parcelles délimitées en Bourgogne rayés de la carte dans la région… Bourgogne ! La proposition de l’INAO a de quoi rester en travers de la gorge du Syndicat des Bourgognes, rejoint dans son combat par la CAVB.
Pourquoi un tel bazar ? Il s’agit en réalité d’un vieux serpent de mer qui remonte à l’origine même de l’appellation Bourgogne, non totalement délimitée.
Evidemment, la crise et mévente des vins du Beaujolais ont amplifié les échanges "invisibles du grand public" entre les deux régions. Comme pour les appellations Crémant de Bourgogne et Côteaux Bourguignons.
C’est quoi un Bourgogne ?
Le directeur de l’ODG Bourgogne, Guillaume Willette débutait justement en rappelant le contexte. La délimitation des appellations bourguignonnes n’a jamais été réalisée dans le Beaujolais et le Chablisien depuis… 1937. Après moultes péripéties, l’INAO a acté en 2017 les grands principes de délimitation, soit l’identité même de ce qu’est un Bourgogne. « C’est quoi un Bourgogne ? Est-ce un pinot ou un chardonnay sur un sol calcaire ? Est-ce une définition suffisante ? Et sinon, quels sont les autres critères pour définir qui et où on peut produire du Bourgogne ? », demandait-il, en donnant une partie de la réponse puisque pinot et chardonnay sont deux cépages largement plantés à travers le monde entier.
Sans expliquer ou savoir les critères retenus par l’INAO, la réponse de l’institut de l’origine laisse craindre le retrait de la délimitation d’une « centaine de communes qui perdrait le droit de revendiquer l’appellation Bourgogne ». Du côté des perdants, on trouve l’ensemble du Chatillonais, « quasiment » l’ensemble du Chablisien, une partie de l’Auxerrois, du Tonnerrois et les « trois quarts » du Dijonnais, ainsi que d’autres communes réparties en Côte-d’Or. La Saône-et-Loire y perdrait aussi avec plusieurs communes en Côte Chalonnaise, dans le Clunisois, le Mâconnais (Nord et Sud) et dans sa partie Beaujolaise. Au total, 64 communes représentant 7.000 ha, « toute AOC confondue, dont 5.500 ha plantés ».
Bataille de chiffres
A l’inverse, au moins 24 communes du Beaujolais pourraient revendiquer l’appellation Bourgogne blanc et rouge, représentant « potentiellement 2.000 ha selon l’INAO mais plus vraisemblablement 8 à 10.000 ha », selon le syndicat des Bourgognes. Sans oublier les « 19 communes des crus du Beaujolais en bourgogne gamay représentant 6.000 ha plantés ».
Pour le président de la CAVB, Thiébault Huber, « cette proposition est inacceptable. Le pire est que l’INAO ne veut plus rien changer. Ce qui nous oblige à réagir » avant le 6 février (lire encadré).
Et pas de gaieté de cœur car les risques sont grands en terme d’image et donc de valeur, plus pour les vins de Bourgogne d’ailleurs que pour ceux du Beaujolais. « Les négociations se faisaient jusqu’alors qu’avec les responsables professionnels pour ne pas affoler sur des hypothèses non abouties et on gardait toujours espoir de faire bouger l’INAO mais là, les on est arrivé au bout du système et on a besoin du soutien de tous les vignerons », regrette quelque part Guillaume Willette.
Images écornées et surproduction ?
Outre une « image écornée », et revenant sur le dernier rapport de l’INAO, le syndicat des Bourgogne craint surtout à terme un risque de « détournement de notoriété ». L’ODG a réalisé un sondage auprès de consommateurs démontrant un risque de « dégradation du niveau de qualité perçu, d’une baisse d’achat de vins et d’une baisse du consentement à payer ». « Soit des conséquences économiques pour tous », insistait Stéphane Guillemin, président de l’Union des crus à la CAVB, car « avec la pyramide Bourguignonne, toutes les AOC se tiennent et donc les appellations supérieures sont concernées ».
Guillaume Willette rappelait la gestion compliquée des appellations : droits de plantation, rendements…. « Si on ne régule pas, dès qu’on a une grosse récolte, les cours dévissent. Il nous faut gérer de façon sereine. Là, il y a un risque important de surproduction » (lire encadré). Ce qui ne serait bon pour personne…
Derrière cet épineux sujet se cache donc une question de gestion « économique ». Ce qui n’est pas du ressort de l’INAO. L’Institut de l’origine ouvre donc en grand son « parapluie » depuis le début de l’affaire pour se couvrir juridiquement, quitte à présenter des dossiers « inacceptables » justement qui finiront en justice. Ce qui bloque le dossier…partit pour durer encore un long moment, laissant les vignerons dans le flou.