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EARL de Souvignes à Beaubery

EARL de Souvignes à Beaubery : assolement diversifié pour plus d’autonomie

Depuis 2012, Christian Terrier s’est donné comme objectif de rendre son exploitation allaitante autonome en aliment. Cela passe par une diversification originale des assolements pour plus de fourrages et de protéines récoltées.

EARL de Souvignes à Beaubery : assolement diversifié pour plus d’autonomie

A Beaubery, Christian Terrier et sa mère Mireille sont à la tête d’une exploitation de 69 hectares pour 59 vaches allaitantes. Diversifiée de longue date, l’exploitation a longtemps possédé une activité vente directe de volailles fermières et aujourd’hui encore, Christian complète son métier d’éleveur par des travaux forestiers.

En 2012, c’est un problème « de lot de broutards qui ne marchait pas, ainsi que des pathologies néonatales, respiratoires et diarrhées » qui ont amené Christian à réviser tout son système. Son vétérinaire lui a diagnostiqué un problème d’acidose dû à un déséquilibre de ration alimentaire. Les analyses de fourrages révélaient de grosses carences en protéines.

La réponse a été un suivi d’élevage de A à Z avec l’objectif de tendre vers une meilleure autonomie alimentaire tout en répondant pleinement aux besoins des animaux. Pour ce faire, Christian s’est fait accompagner par son vétérinaire Christophe Sudraud, également associé de la société de conseil Scaner basée à Saint-Bonnet-de-Joux. L’éleveur a aussi suivi une formation dispensée par Pierre-Emmanuel Radigue, vétérinaire travaillant avec Scaner et promoteur de l’autonomie fourragère.

Des méteils à la place du triticale

La première conséquence de cet enseignement a été le remplacement du traditionnel triticale par 15 ha de méteil ensilage et grain, se souvient Christian.

Depuis, l’assolement de la ferme s’est considérablement modifié. « On intensifie la surface mécanisable à potentiel agronomique supérieur. Et les économies réalisées en aliments sont ré-injectées dans le compost, le carbonate de calcium et la gestion des prairies permanentes en pâturage tournant », explique Christophe Sudraud.

Cette année, Christian Terrier a implanté 5 ha de méteil grain avec un mélange d’épeautre, de trois avoines, de blé, de pois protéagineux et de pois fourrager. Il a semé aussi 3,5 ha d’un mélange d’orge et de pois. 6 hectares de méteil ensilage récoltés au printemps ont été suivis de 3,5 ha de maïs et de 2,5 ha d’un mélange « explosif » constitué de sorgho fourrager, alpiste des canaris, chicorée, séradelle, cowpea, lablab. Il s’agit d’une dérobée riche en légumineuses exotiques, testée à titre expérimental et qui est capable de produire du fourrage en seulement quelques semaines, explique l’expert de Scaner.

Cultures dérobées et chicorée

Avec le parti pris d’avoir tout le temps des sols couverts pour lutter contre l’érosion, Christian implante plusieurs cultures dérobées. Des radis et des raves suivent la moisson d’orge et précèdent l’implantation d’une future prairie en septembre. Le méteil grain est suivi d’un mélange de vesce et d’avoine avant une nouvelle culture d’automne ou en attendant la culture de printemps.

L’exploitation compte cinq parcelles de prairie temporaire différentes pour un total de 17 ha. Parmi les couverts, on trouve des mélanges variés adaptés en fonction des utilisations et de la durée de vie de la prairie, explique Christophe Sudraud. La chicorée, par exemple, révèle de très bonnes valeurs alimentaires (protéines, énergie, minéraux) et, en mélange suisse, elle s’avère productive avec une première coupe fin avril à 3,5 tonnes de matière sèche hectare puis 4,5 tonnes de MS le 10 juin et un pâturage fin juin, informe Christian. Début juillet, l’éleveur avait déjà récolté une quarantaine d’hectares de fauche sur les 69 ha que compte son exploitation et cela malgré un chargement élevé.

Des fourrages aussi riches qu’un concentré

Grâce à cet assolement diversifié, Christian a sérieusement réduit sa dépendance aux aliments du commerce. L’hiver dernier, aucun achat n’a été nécessaire pour les vaches allaitantes, rapporte-t-il. Selon les vétérinaires de l’exploitation, la bonne santé des animaux, bien pourvus sur le plan alimentaire, leur a même permis de mieux résister à un épisode de salmonelle. « Les ensilages - quand ils sont récoltés à la date optimale - peuvent atteindre ici 17 points de protéine avec des mélanges suisses. Certaines dérobées d’été donnent des fourrages à 18 points de protéine et 0,85 UF. L’équivalent d’un aliment concentré du commerce », fait valoir Christophe Sudraud.

La réussite tient aussi aux analyses de fourrages indispensables pour bien caler les rations. Tous les fourrages et les méteils de la ferme sont systématiquement analysés. En comptant les animaux, Mireille et Christian consacrent entre 1.200 et 1.400 € à ce poste chaque année.

Semis direct

Tout en diversifiant son assolement et en optimisant ses surfaces, Christian Terrier s’est mis au semis direct et aux techniques culturales simplifiées. Réalisé avec un semoir spécifique utilisé en Cuma, le semis direct concerne les céréales, les méteils et autres couverts de prairies. Un désherbage au glyphosate à faible dose est souvent nécessaire pour détruire le précédent mais les cultures ne nécessitent souvent pas d’herbicide ni de fongicide, font remarquer les intéressés. Pour casser une ancienne prairie, le cover crop évite le glyphosate. Les cultures de printemps sont quant à elles implantée suivant des techniques culturales simplifiées. Le cover crop, voire la charrue, précèdent un semis conventionnel.

Sur le plan agronomique, Christian fertilise ses terres avec du compost. Il ajoute de la silice sur ses méteils, ses prairies, etc…

Heureux d’explorer des méthodes nouvelles en compagnie de ses jeunes conseillers, Christian avoue « avoir retrouvé goût à son métier ». Jamais à court d’idée et assumant l’atypicité de ses choix, l’agriculteur envisage désormais de tester l’agroforesterie sur l’une de ses parcelles trop humides. Affaire à suivre…

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