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Biodiversité

Biodiversité : « nous les éleveurs sommes en première ligne ! »

Agriculteur retraité à Saint-Vincent-Bragny, ancien président de la fédération des coopératives agricoles, ancien membre de chambre, Patrick Desbrosses défend une autre gestion du bocage qui préserverait davantage les haies et offrirait une alternative intéressante à la paille en litière.

Biodiversité :  « nous les éleveurs sommes en première ligne ! »

Une nouvelle fois, les scientifiques nous alertent sur la disparition d'un grand nombre d'espèces de notre planète. Une nouvelle fois, après ce constat, nous continuons nos activités plus ou moins polluantes et productrices de C02. Les agriculteurs peuvent agir à leur niveau pour réduire leur impact. Je pense que la gestion du bocage, surtout dans l'ouest du département, peut être différente. Face à la volonté légitime des céréaliers de garder leur paille pour préserver le taux d'humus de leurs sols, nous devons constituer une autre ressource renouvelable. Pour cela, nous pourrions laisser remonter un maximum de haies qui nous permettraient de produire du bois déchiqueté utilisable en litière. Les avantages sont nombreux. Les haies hautes demandent moins d'entretien au niveau du broyage (économie de temps et de carburant).Elles servent d'abri au bétail. Elles protègent du vent (10 fois leur hauteur). Elles sont riches en diversité (essences, oiseaux, insectes). Elles retiennent l'eau et évitent le ruissellement. Elles permettent aux oiseaux de nicher et de se nourrir. Alors que les démarches pour inscrire le bocage Charollais-Brionnais au patrimoine mondial de l'Unesco sont en cours, un certain nombre de haies broyées trop court, trop tard ou trop tôt meurent asphyxiées par des espèces telles que ronces, orties, chèvrefeuille, etc. L'arrivée des broyeurs a été une bonne chose pour enlever de la pénibilité à l'entretien des haies, par contre ces matériels ne devraient plus être utilisés quand la végétation est en feuille, sauf sous les clôtures électriques (l'emploi de désherbant étant encore pire) ou dans les virages le long des routes pour des raisons de sécurité. Changer les habitudes n'est pas toujours facile mais une aide de l'Etat et de l'Europe pour laisser remonter les haies serait peut-être opportune. Enfin, je pense que laisser remonter les haies améliorerait notre image auprès de nos concitoyens qui nous reprochent de tout couper.

Patrick Desbrosses