En élevage laitier, la santé des vaches passe par la prévention des boiteries
Principales causes de réformes en élevage laitier, facteur déterminant dans la productivité du troupeau et la réussite de la reproduction, les boiteries impactent le revenu des éleveurs, avec des coûts qui dépassent 200 €/VL/an lorsque la fréquence de cas clinique est élevée. Comment limiter leurs causes et mieux maîtriser cette pathologie ?

La surveillance du troupeau est primordiale pour détecter le plus tôt possible les boiteries. Des études ont montré que le taux de guérison s’améliore significativement (+15 %) lorsque les boiteries sont prises en charge dans un délai inférieur à 15 jours après les premiers signes. Plus le soin d’une boiterie sera rapide, moins la production de l’animal sera impactée : il faut gérer les boiteries comme les mammites en élevage laitier.
Impact de l’alimentation et du logement
L’état corporel des vaches est déterminant pour la santé du pied. En effet, elle dépend en partie de l’épaisseur du coussinet plantaire au niveau du talon. Or l’épaisseur de ce tissu est corrélée à la note d’état corporel de la vache, (NEC objectif 3 à 3,5). Aussi, plus la vache maigrit, plus le coussinet plantaire - qui agit comme un amortisseur - s’amincit et plus la vache est susceptible de développer une boiterie.
La minéralisation a aussi une incidence notamment le zinc et la biotine qui en cas de carence peuvent conduire à une mauvaise texture du sabot et une synthèse anormale de kératine.
La fourbure due à des régimes alimentaires hautement énergétiques, souvent acidogènes, peut être un facteur aggravant.
Les conditions de logements ont évidemment un impact élevé dans la genèse des boiteries.
Le point clé en élevage est le temps que l’animal passe couché sur 24 heures : environ 10 heures. Il faut donc permettre aux vaches d’avoir ce temps de couchage grâce à un environnement confortable : surface en aire paillée, taille des logettes.
Les sols glissants, les caillebotis et les logettes béton sont des facteurs aggravants pour les boiteries. Dans l’idéal, il faudrait protéger par des tapis les sols béton pour améliorer le confort des animaux.
Impacts sur la fécondité du troupeau
Une bonne santé du sabot est cruciale pour d’excellents résultats de reproduction.
Les boiteries peuvent être à l’origine d’un état d’anœstrus ou d’une mauvaise expression des chaleurs. En raison de la baisse d’ingestion qu’elles entrainent, rendant impossible une note d’état corporel correcte (NEC 3 à 3.5), les boiteries sont des facteurs qui prédisposent à l’anœstrus. De plus elles sont la cause d’un stress chronique perturbant le contrôle hormonal du cycle. Les boiteries rendent la détection des chaleurs plus difficile, puisque même s’il y a une activité au niveau de l’ovaire, le nombre de chevauchements est diminué à cause de la douleur.
L’influence des boiteries sur les paramètres de fécondité et fertilité est réellement néfaste et couteuse. Elles réduisent notablement les taux de réussite à l’insémination. Les IVV et les intervalles vêlage saillie fécondante (IVSF) sont rallongés, fatalement les taux de gestation sont plus bas.
Les solutions pour maîtriser les boiteries
En élevage laitier, l’utilisation régulière d’un pédiluve est recommandée :
- soit avec une solution désinfectante, renouvelée tous les deux jours ;
- soit grâce à un pédiluve sec, avec un produit asséchant, désinfectant et antibactérien. Dans chaque cas, il faut veiller à ce que l’espace ne soit pas souillé.
En cas de boiterie, le risque de réforme est huit fois plus élevé. Aussi, pour améliorer leur longévité, il est recommandé de parer régulièrement ses vaches. Il existe à ce titre deux types d’intervention parage :
- le parage curatif des animaux boiteux : plus la prise en charge sera rapide, meilleur sera le résultat : possibilité de pose de talonnettes, semelles caoutchouc, pansement, avec traitement anti-inflammatoire en parallèle ;
- le parage préventif de tout ou partie des animaux, pour anticiper les boiteries.
ü En élevage allaitant, au minimum une fois par an.
ü En élevage laitier, deux à quatre fois par an : il est conseillé d’intervenir en plusieurs fois sur certains animaux et une fois sur les vaches sans problème.
Le parage préventif permet d’éviter les dégradations de lésions, d’améliorer le confort des animaux, ce qui permettra de fait l’amélioration des déplacements pour l’alimentation, la fréquentation robot, l’observation des chaleurs.