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Suite de la sécheresse

Les premières leçons de la sécheresse 2019

En ce début de mois, la chambre d’agriculture a organisé, à destination de la filière élevage, des réunions sécheresse dans trois secteurs du département. Après cette deuxième année consécutive aux températures très élevées, des premières leçons de la sécheresse 2018 semblent avoir été tirées pour la conduite des animaux, mais l’eau manque inexorablement en plus en 2019.

Les premières leçons de la sécheresse 2019

Les pluies de ces derniers jours reverdissent les prairies. Le phénomène est incontestable  à l’œil nu, « seulement à y regarder de plus près, il n’y a pas de graminées, ni de dactyles », relate Véronique Gilles de la chambre d’agriculture, en charge du secteur d’Écuisses.
« De même, ce ne sont pas des prairies temporaires longue durée qui ont été semées, explique de son côté Hervé Lecatre responsable du service entreprises à la chambre d’agriculture, on voit plus des semis de ray gras et de méteil ». Cultures annuelles, qu’il faudra resemer après récolte. « Passé le 25 septembre, c’est trop tard pour les dactyles notamment. Comme c’était très sec, beaucoup d’agriculteurs ont opté pour ne pas semer, de peur de ne pas voir lever », un choix qui se comprend, échaudés par plusieurs expériences de semis avortés faute de pluie. « Même s’il a été conseillé à certains de semer malgré tout dans le sec, c’était un pari à faire que beaucoup n’ont pas tenté », poursuit le conseiller de la chambre d’agriculture.

En ce début d’octobre, si le manque d’eau est plus que préoccupant, la situation diffère sur plusieurs points par rapport à la même période l’an passé. « Globalement, les éleveurs sont moins en manque de paille et de foin, ils ont donc de quoi faire ruminer leurs animaux, ce qui n’était pas le cas l’an passé ». En cela, des premières leçons de la sécheresse 2018 semblent avoir été tirées : la gestion des prairies au printemps a globalement pris en compte ce risque-là et a permis, dans la mesure du possible, de constituer des stocks de fourrage. « Le printemps a été relativement bon, les premières coupes de foin ont donc souvent été efficaces ». Souvent, mais pas de façon générale car certains secteurs ont aussi dû composer avec des pertes importantes en foin de l’ordre de 30 à 40 % en première coupe…

Moins de gaspillage d’herbe

Par ailleurs, les éleveurs ont été contraints de gérer différemment leurs parcelles en laissant beaucoup moins "gaspiller" l’herbe : « ils se sont rendus compte qu’en rationnant un peu plus leur troupeau, en serrant plus le pâturage, ça passait très bien, ils ont donc pu économiser certaines parcelles pour pouvoir les faucher », explique encore Hervé Lecatre.
Certains éleveurs ont aussi anticipé dès le printemps l’achat de paille et de foin, d’autres eux-mêmes producteurs de céréales en ont moins vendu que les autres années pour les garder pour leur propre troupeau.
Autre leçon tirée de la saison dernière : le retour du recours plus systématique à l’échographie. « Les éleveurs n’ont ainsi pas conservé, et donc nourri inutilement, les vaches improductives », note Herve Lecatre.

Les répercussions sur les animaux

Malgré cela, les représentants de la chambre ne peuvent que constater les effets de la sécheresse sur l’état des vaches : « les vaches à vêlage tardif commencent à être maigres, relate Véronique Gilles. Elles qui s’étaient refait une santé à la fin du printemps ont pour certaines eu du mal à encaisser les épisodes caniculaires à répétition ». S’ils conseillent le sevrage le plus tôt possible désormais, les conseillers s’inquiètent aussi pour la suite : « quid de la reproduction ? On constate des cycles de retour en chaleur de plus en plus long, en plus d’une baisse de gabarit ».

La tournée des « visites sécheresse » débute la semaine prochaine. Si le dossier devrait passer, il nécessite malgré tout d’être âprement défendu. Les aides ne seront cependant pas reversées aux élevages hors sol ou caprins, même si  les chèvres pâturent également. FDSEA et JA de Saône-et-Loire se battent aussi pour modifier les règles d'obtention en zone calamités.
La grande inquiétude reste maintenant la question de l’abreuvement en eau, n’entrant pas du tout en compte dans le calcul du versement des aides. Or l’eau manque, et de plus en plus : « on a vu pour la première fois cette année des sources se tarir ». Les factures d’eau en sont d’autant plus importantes pour les élevages et commencent à parfois poser des problèmes de règlement… 

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