Semences : l’interprofession veut rallier le citoyen à la cause des NBT
Le Gnis (interprofession des semences) s’est dit prêt le 10 janvier à « un vrai débat » sur les nouvelles techniques de sélection (new breeding techniques ou NBT), estimant pouvoir convaincre de leur intérêt. Son plan de filière ambitionne de mieux répondre aux attentes des citoyens.

« L’accompagnement de la transition agroécologique serait plus compliqué, plus lent, moins vigoureux si les obtenteurs ne pouvaient pas utiliser la mutagénèse et les NBT », a déclaré le président François Desprez, en présentant la mise en œuvre du plan de transformation de la filière. Avec ces techniques, « les obstacles ne sont pas les mêmes qu’avec les OGM », selon lui. « On a les moyens de développer des variétés résistantes à la sécheresse, d’améliorer leur teneur en oligo-éléments, en vitamines », laissant espérer « une acceptation plus forte » des consommateurs. Reste aux sélectionneurs à « montrer les avantages que (les NBT) apportent en gain de temps, en perspectives nouvelles avec des traits d’amélioration très difficiles à obtenir par sélection classique », a considéré François Desprez, également président de l’entreprise de semences éponyme.
Des techniques déjà employées
Après l’arrêt en juillet de la Cour de justice de l’Union Européenne sur la mutagénèse, le Conseil d’Etat doit prendre position « d’ici quelques mois » et « en 2019 sans doute », d’après lui. Le Gnis propose de juger les NBT « à l’aune des produits sur lesquels elles débouchent, pas des techniques en elles-mêmes ». Ce d’autant plus que les variétés issues de techniques comme Crispr-Cas 9 restent « indistinctes » de celles obtenues par sélection classique, selon l’interprofession. Le secteur des semences craint une lenteur réglementaire si le chantier d’une nouvelle directive sur les biotechnologies est rouvert à Bruxelles. « Ça ne doit pas prendre dix ans » comme la directive 2001/18 encadrant les OGM, a réclamé le directeur des relations extérieures François Burgaud. Et de signaler que le Japon, où les produits transgéniques restent interdits, a donné le feu vert à certaines NBT il y a deux mois. Selon lui, de grands centres de recherche internationaux utilisent Crispr-Cas notamment pour obtenir du blé sans gluten, des tomates à teneur élevée en lycopène (un antioxydant), du riz enrichi en zinc, en fer. « Si la France interdit les NBT mais importe les produits, ça détruit l’agriculture », met en garde François Burgaud.
Dans son chapitre sur l’innovation, le plan de filière prévoit de favoriser la diffusion de variétés résistantes ou tolérantes aux bioagresseurs. Le Gnis annonce vouloir mobiliser des moyens pour les rendre plus facilement accessibles, notamment dans le cadre du conseil variétal. Une autre action vise à sensibiliser les étudiants sur l’intérêt de l’amélioration des plantes. « On ira dans les campus : nos entreprises ont du mal à recruter », a reconnu François Desprez.
Un comité des enjeux sociétaux
La communication est d’ailleurs un axe central du plan interprofessionnel remis fin 2017 au ministère de l’Agriculture. « Cette commande gouvernementale (liée aux EGAlim, NDLR) est venue à un moment opportun », accélérant « une prise de conscience qu’il fallait mieux écouter les messages de l’aval et mieux dialoguer avec nos interlocuteurs hors du Gnis », a confié François Desprez. Un comité des enjeux sociétaux est en cours de création au sein de l’interprofession. Son président est trouvé, reste à l’entourer d’une douzaine de personnes venant de la société civile, d’associations de consommateurs. Le Gnis dit attendre beaucoup de ce comité pour « éclairer les professionnels des semences sur les attentes de la société vis-à-vis du métier ». « Il s’agit de mieux faire comprendre ce que nous faisons pour être mieux acceptés », a expliqué François Desprez. Par ailleurs, l’interprofession réfléchit à une modification de sa gouvernance pour éventuellement intégrer le Staff (trieurs à façon) qui a manifesté son intérêt.