Face à la sécheresse, quelles alternatives pour le cheptel allaitant et le cheptel laitier et la conduite du pâturage ?
C'est le paradoxe de 2018, alors que la sécheresse touche une grande partie de la France et du département en cet été, 2018 est pourtant une année comptabilisant une pluviométrie relativement élevée au total. Face à cette sécheresse, quelles alternatives pour le cheptel allaitant et le cheptel laitier et la conduite du pâturage ? Elements de réponses avec les différents services de la chambre d'Agriculture de Saône-et-Loire et de la région.

En comparaison avec les cinq dernières années, 2018 a bénéficié d’une pluviométrie relativement élevée (voir figure 1). Au 31 août 2018, les précipitations moyennes cumulées à Jalogny s’élevaient à 567 mm soit, en comparaison avec 2015 et 2017, des précipitations supérieures de 39% et 16%.
Pour mieux comprendre l’origine de la sécheresse actuelle, il est nécessaire de s’intéresser à la répartition de la pluviométrie. La figure 2 nous montre, pour la station météorologique de Jalogny, la répartition ainsi que l’intensité des précipitations depuis le 1er janvier. A noter que pour les autres stations météorologiques du département, la répartition des précipitations est similaire à celle de la station de Jalogny sauf quelques zones avec des orages localisés.
Ce graphique permet d’illustrer les précipitations fréquentes enregistrées sur la période hivernale avec des conséquences sur les cultures d’hiver. Au printemps, de larges fenêtres climatiques ont été propices à la réalisation de fauches précoces (ensilage et enrubannage) ainsi qu’à une bonne valorisation des prairies temporaires. En revanche, un épisode pluvieux intense a eu lieu du 12 mai au 12 juin avec un impact fort sur les chantiers de fenaison. Ceux-ci ont en effet pu commencer aux alentours du 20 juin, après le stade floraison des graminées. Les rendements en foin ont globalement été corrects et d’après les premières analyses de fourrage réalisées, la qualité semble ne pas avoir été trop dégradée par cette date de récolte tardive.
Depuis le 15 juin, les précipitations sont uniquement orageuses et surtout très localisées avec pour conséquences un fort déficit hydrique généralisé sur l’ensemble du département. Globalement, les conséquences sont les suivantes
- Sur les prairies temporaires et permanentes : Absence de repousses qui a conduit, pour de nombreuses exploitations, à une absence quasi-totale d’herbe disponible au pâturage. La valorisation des repousses n’a pu se faire que sur les prairies temporaires fauchées précocement.
- Sur les ensilages de maïs plante entière : La situation est très variable selon les parcelles et il est difficile d’en tirer des généralités. L’aspect, le développement de l’appareil végétatif et le potentiel en grains varient principalement selon le type de sol, la date de semis et le précédent. Les maïs semés précocement ont généralement bénéficié de conditions propices à leur développement végétatif et ont subi un stress hydrique à partir de la floraison avec pour incidence une mauvaise fécondation et un mauvais remplissage des grains. Ces maïs ne devraient pas être riches en amidon mais récoltés au bon stade ils devraient présenter tout de même une valeur énergétique correcte grâce à une bonne digestibilité de la partie « tiges + feuilles » comme le montre la figure 3.
Attention cependant, certains de ces maïs risquent d’avoir été récoltés trop secs ce qui nuit à la conservation et à la valorisation du fourrage par les animaux.
Néanmoins, certains maïs semés tardivement et/ou après une culture dérobée de type RGI ont souffert du stress hydrique dès leur implantation. Sur ces parcelles, le rendement peut être très fortement pénalisé. Il en est de même pour des semis en terres superficielles, moins adaptées à la culture du maïs. Compte-tenu de l’augmentation de la fréquence de ce type d’aléa climatique, une réflexion doit dans ce dernier cas être menée au niveau de la cohérence du système fourrager afin d’apporter plus de sécurité fourragère.
Dans tous les cas, une analyse à l’ouverture du silo, si elle n’a pas été faite en vert, est nécessaire pour juger de la valeur du fourrage qui sera distribué.
Quelles solutions ?
Après ce constat, quelles mesures peuvent être mise en place pour tenter de s’adapter à cet épisode de sécheresse pour tous les troupeaux (voir aussi encadrés) ?
Préserver le potentiel de repousse des prairies est essentiel pour ne pas pénaliser la production de fourrage à venir et si les conditions le permettent de bénéficier d’un pâturage automnal. Ainsi, il est essentiel de ne pas surpâturer les prairies actuellement très courte, de tout mettre en œuvre pour leur assurer un redémarrage rapide dès les premières pluies et de leur laisser un temps de repousse suffisant. Ainsi, les animaux doivent donc être resserrés sur une parcelle que l’on accepte de « sacrifier ».
En revanche, le fort déficit hydrique a entrainé la mort de certaines espèces prairiales dans le couvert. Un sursemis peut alors être pertinent pour éviter que ces vides ne soient colonisés par des espèces indésirables. On choisira dans ce dernier cas des espèces agressives et rapides d’implantation telles que le ray-grass, trèfle blanc ou encore trèfle violet.
A plus long terme
Face à l’augmentation de la fréquence des aléas climatiques et des périodes de déficit hydrique notamment, des adaptations à plus ou moins long terme semblent nécessaires et inévitables dans certaines exploitations. Parmi elles, les chambres d'agriculture appellent à réfléchir à :
- Ajustement du chargement de printemps
Les suivis de croissance de l’herbe réalisés au printemps par la Chambre d’Agriculture mettent en évidence un déséquilibre plus ou moins marqué selon les années entre l’offre en herbe et la consommation avec les chargements habituellement constatés. Avec un chargement printanier de 50 ares/UGB, la consommation journalière est estimée à 41,4 kg MS/j/ha (2 couples mère + veau de 750 kg et 250 kg/ha). Ce chiffre est donc bien inférieur à celui de la production de biomasse journalière. L’ajustement du chargement printanier et la récolte d’une partie de la surface sous forme de fauche précoce (ensilage et/ou enrubannage) sont un bon moyen pour produire plus de stocks fourragers (de qualité), augmenter les performances zootechniques et économiques en affectant des repousses feuillues aux animaux. Le pâturage tournant est également une alternative pour piloter plus facilement le pâturage cependant des adaptations sont aussi possibles dans le cas d’un pâturage continu.
- Prairies temporaires
Les essais menés actuellement à la chambre d’Agriculture montrent que les prairies temporaires peuvent accroître l’autonomie fourragère des exploitations et participer à l’autonomie protéique de celles-ci. Les mélanges graminées-légumineuses sont intéressants pour maximiser la production de biomasse et s’adapter aux aléas climatiques. Dans tous les cas, le mélange d’espèces à implanter se raisonne selon vos types de sols, la durée d’implantation, vos objectifs de production (catégories d’animaux à nourrir et fourrages complémentaires) et le mode de valorisation (fauche et/ou pâturage).
- Substituts au maïs ensilage
Le maïs ensilage est une culture exigeante en eau et dans les sols superficiels les rendements se retrouvent de plus en plus souvent affectés par le déficit hydrique. En élevages allaitants et laitiers, des substituts sont possibles. Les mélanges céréales et protéagineux immatures, semés à l’automne et récoltés au printemps, sont un moyen de sécuriser le système fourrager. Plus la récolte est précoce (pois au stade bouton ou floraison) et plus la qualité sera élevée mais au détriment du rendement. Ce fourrage se destine aux animaux avec des besoins élevés et un maïs peut être implanté à la suite. En cas de récolte plus tardive (céréale au stade laiteux-pâteux), le fourrage est plus équilibré et le rendement important. Un sorgho fourrager peut ensuite être implanté et fournir plusieurs coupes. Enfin, le sorgho BMR a montré de bons résultats dans des essais menés dans d’autres départements.
Face à la sécheresse, quelles alternatives pour le cheptel allaitant et le cheptel laitier et la conduite du pâturage ?

En comparaison avec les cinq dernières années, 2018 a bénéficié d’une pluviométrie relativement élevée (voir figure 1). Au 31 août 2018, les précipitations moyennes cumulées à Jalogny s’élevaient à 567 mm soit, en comparaison avec 2015 et 2017, des précipitations supérieures de 39% et 16%.
Pour mieux comprendre l’origine de la sécheresse actuelle, il est nécessaire de s’intéresser à la répartition de la pluviométrie. La figure 2 nous montre, pour la station météorologique de Jalogny, la répartition ainsi que l’intensité des précipitations depuis le 1er janvier. A noter que pour les autres stations météorologiques du département, la répartition des précipitations est similaire à celle de la station de Jalogny sauf quelques zones avec des orages localisés.
Ce graphique permet d’illustrer les précipitations fréquentes enregistrées sur la période hivernale avec des conséquences sur les cultures d’hiver. Au printemps, de larges fenêtres climatiques ont été propices à la réalisation de fauches précoces (ensilage et enrubannage) ainsi qu’à une bonne valorisation des prairies temporaires. En revanche, un épisode pluvieux intense a eu lieu du 12 mai au 12 juin avec un impact fort sur les chantiers de fenaison. Ceux-ci ont en effet pu commencer aux alentours du 20 juin, après le stade floraison des graminées. Les rendements en foin ont globalement été corrects et d’après les premières analyses de fourrage réalisées, la qualité semble ne pas avoir été trop dégradée par cette date de récolte tardive.
Depuis le 15 juin, les précipitations sont uniquement orageuses et surtout très localisées avec pour conséquences un fort déficit hydrique généralisé sur l’ensemble du département. Globalement, les conséquences sont les suivantes
- Sur les prairies temporaires et permanentes : Absence de repousses qui a conduit, pour de nombreuses exploitations, à une absence quasi-totale d’herbe disponible au pâturage. La valorisation des repousses n’a pu se faire que sur les prairies temporaires fauchées précocement.
- Sur les ensilages de maïs plante entière : La situation est très variable selon les parcelles et il est difficile d’en tirer des généralités. L’aspect, le développement de l’appareil végétatif et le potentiel en grains varient principalement selon le type de sol, la date de semis et le précédent. Les maïs semés précocement ont généralement bénéficié de conditions propices à leur développement végétatif et ont subi un stress hydrique à partir de la floraison avec pour incidence une mauvaise fécondation et un mauvais remplissage des grains. Ces maïs ne devraient pas être riches en amidon mais récoltés au bon stade ils devraient présenter tout de même une valeur énergétique correcte grâce à une bonne digestibilité de la partie « tiges + feuilles » comme le montre la figure 3.
Attention cependant, certains de ces maïs risquent d’avoir été récoltés trop secs ce qui nuit à la conservation et à la valorisation du fourrage par les animaux.
Néanmoins, certains maïs semés tardivement et/ou après une culture dérobée de type RGI ont souffert du stress hydrique dès leur implantation. Sur ces parcelles, le rendement peut être très fortement pénalisé. Il en est de même pour des semis en terres superficielles, moins adaptées à la culture du maïs. Compte-tenu de l’augmentation de la fréquence de ce type d’aléa climatique, une réflexion doit dans ce dernier cas être menée au niveau de la cohérence du système fourrager afin d’apporter plus de sécurité fourragère.
Dans tous les cas, une analyse à l’ouverture du silo, si elle n’a pas été faite en vert, est nécessaire pour juger de la valeur du fourrage qui sera distribué.
Quelles solutions ?
Après ce constat, quelles mesures peuvent être mise en place pour tenter de s’adapter à cet épisode de sécheresse pour tous les troupeaux (voir aussi encadrés) ?
Préserver le potentiel de repousse des prairies est essentiel pour ne pas pénaliser la production de fourrage à venir et si les conditions le permettent de bénéficier d’un pâturage automnal. Ainsi, il est essentiel de ne pas surpâturer les prairies actuellement très courte, de tout mettre en œuvre pour leur assurer un redémarrage rapide dès les premières pluies et de leur laisser un temps de repousse suffisant. Ainsi, les animaux doivent donc être resserrés sur une parcelle que l’on accepte de « sacrifier ».
En revanche, le fort déficit hydrique a entrainé la mort de certaines espèces prairiales dans le couvert. Un sursemis peut alors être pertinent pour éviter que ces vides ne soient colonisés par des espèces indésirables. On choisira dans ce dernier cas des espèces agressives et rapides d’implantation telles que le ray-grass, trèfle blanc ou encore trèfle violet.
A plus long terme
Face à l’augmentation de la fréquence des aléas climatiques et des périodes de déficit hydrique notamment, des adaptations à plus ou moins long terme semblent nécessaires et inévitables dans certaines exploitations. Parmi elles, les chambres d'agriculture appellent à réfléchir à :
- Ajustement du chargement de printemps
Les suivis de croissance de l’herbe réalisés au printemps par la Chambre d’Agriculture mettent en évidence un déséquilibre plus ou moins marqué selon les années entre l’offre en herbe et la consommation avec les chargements habituellement constatés. Avec un chargement printanier de 50 ares/UGB, la consommation journalière est estimée à 41,4 kg MS/j/ha (2 couples mère + veau de 750 kg et 250 kg/ha). Ce chiffre est donc bien inférieur à celui de la production de biomasse journalière. L’ajustement du chargement printanier et la récolte d’une partie de la surface sous forme de fauche précoce (ensilage et/ou enrubannage) sont un bon moyen pour produire plus de stocks fourragers (de qualité), augmenter les performances zootechniques et économiques en affectant des repousses feuillues aux animaux. Le pâturage tournant est également une alternative pour piloter plus facilement le pâturage cependant des adaptations sont aussi possibles dans le cas d’un pâturage continu.
- Prairies temporaires
Les essais menés actuellement à la chambre d’Agriculture montrent que les prairies temporaires peuvent accroître l’autonomie fourragère des exploitations et participer à l’autonomie protéique de celles-ci. Les mélanges graminées-légumineuses sont intéressants pour maximiser la production de biomasse et s’adapter aux aléas climatiques. Dans tous les cas, le mélange d’espèces à implanter se raisonne selon vos types de sols, la durée d’implantation, vos objectifs de production (catégories d’animaux à nourrir et fourrages complémentaires) et le mode de valorisation (fauche et/ou pâturage).
- Substituts au maïs ensilage
Le maïs ensilage est une culture exigeante en eau et dans les sols superficiels les rendements se retrouvent de plus en plus souvent affectés par le déficit hydrique. En élevages allaitants et laitiers, des substituts sont possibles. Les mélanges céréales et protéagineux immatures, semés à l’automne et récoltés au printemps, sont un moyen de sécuriser le système fourrager. Plus la récolte est précoce (pois au stade bouton ou floraison) et plus la qualité sera élevée mais au détriment du rendement. Ce fourrage se destine aux animaux avec des besoins élevés et un maïs peut être implanté à la suite. En cas de récolte plus tardive (céréale au stade laiteux-pâteux), le fourrage est plus équilibré et le rendement important. Un sorgho fourrager peut ensuite être implanté et fournir plusieurs coupes. Enfin, le sorgho BMR a montré de bons résultats dans des essais menés dans d’autres départements.
Face à la sécheresse, quelles alternatives pour le cheptel allaitant et le cheptel laitier et la conduite du pâturage ?

En comparaison avec les cinq dernières années, 2018 a bénéficié d’une pluviométrie relativement élevée (voir figure 1). Au 31 août 2018, les précipitations moyennes cumulées à Jalogny s’élevaient à 567 mm soit, en comparaison avec 2015 et 2017, des précipitations supérieures de 39% et 16%.
Pour mieux comprendre l’origine de la sécheresse actuelle, il est nécessaire de s’intéresser à la répartition de la pluviométrie. La figure 2 nous montre, pour la station météorologique de Jalogny, la répartition ainsi que l’intensité des précipitations depuis le 1er janvier. A noter que pour les autres stations météorologiques du département, la répartition des précipitations est similaire à celle de la station de Jalogny sauf quelques zones avec des orages localisés.
Ce graphique permet d’illustrer les précipitations fréquentes enregistrées sur la période hivernale avec des conséquences sur les cultures d’hiver. Au printemps, de larges fenêtres climatiques ont été propices à la réalisation de fauches précoces (ensilage et enrubannage) ainsi qu’à une bonne valorisation des prairies temporaires. En revanche, un épisode pluvieux intense a eu lieu du 12 mai au 12 juin avec un impact fort sur les chantiers de fenaison. Ceux-ci ont en effet pu commencer aux alentours du 20 juin, après le stade floraison des graminées. Les rendements en foin ont globalement été corrects et d’après les premières analyses de fourrage réalisées, la qualité semble ne pas avoir été trop dégradée par cette date de récolte tardive.
Depuis le 15 juin, les précipitations sont uniquement orageuses et surtout très localisées avec pour conséquences un fort déficit hydrique généralisé sur l’ensemble du département. Globalement, les conséquences sont les suivantes
- Sur les prairies temporaires et permanentes : Absence de repousses qui a conduit, pour de nombreuses exploitations, à une absence quasi-totale d’herbe disponible au pâturage. La valorisation des repousses n’a pu se faire que sur les prairies temporaires fauchées précocement.
- Sur les ensilages de maïs plante entière : La situation est très variable selon les parcelles et il est difficile d’en tirer des généralités. L’aspect, le développement de l’appareil végétatif et le potentiel en grains varient principalement selon le type de sol, la date de semis et le précédent. Les maïs semés précocement ont généralement bénéficié de conditions propices à leur développement végétatif et ont subi un stress hydrique à partir de la floraison avec pour incidence une mauvaise fécondation et un mauvais remplissage des grains. Ces maïs ne devraient pas être riches en amidon mais récoltés au bon stade ils devraient présenter tout de même une valeur énergétique correcte grâce à une bonne digestibilité de la partie « tiges + feuilles » comme le montre la figure 3.
Attention cependant, certains de ces maïs risquent d’avoir été récoltés trop secs ce qui nuit à la conservation et à la valorisation du fourrage par les animaux.
Néanmoins, certains maïs semés tardivement et/ou après une culture dérobée de type RGI ont souffert du stress hydrique dès leur implantation. Sur ces parcelles, le rendement peut être très fortement pénalisé. Il en est de même pour des semis en terres superficielles, moins adaptées à la culture du maïs. Compte-tenu de l’augmentation de la fréquence de ce type d’aléa climatique, une réflexion doit dans ce dernier cas être menée au niveau de la cohérence du système fourrager afin d’apporter plus de sécurité fourragère.
Dans tous les cas, une analyse à l’ouverture du silo, si elle n’a pas été faite en vert, est nécessaire pour juger de la valeur du fourrage qui sera distribué.
Quelles solutions ?
Après ce constat, quelles mesures peuvent être mise en place pour tenter de s’adapter à cet épisode de sécheresse pour tous les troupeaux (voir aussi encadrés) ?
Préserver le potentiel de repousse des prairies est essentiel pour ne pas pénaliser la production de fourrage à venir et si les conditions le permettent de bénéficier d’un pâturage automnal. Ainsi, il est essentiel de ne pas surpâturer les prairies actuellement très courte, de tout mettre en œuvre pour leur assurer un redémarrage rapide dès les premières pluies et de leur laisser un temps de repousse suffisant. Ainsi, les animaux doivent donc être resserrés sur une parcelle que l’on accepte de « sacrifier ».
En revanche, le fort déficit hydrique a entrainé la mort de certaines espèces prairiales dans le couvert. Un sursemis peut alors être pertinent pour éviter que ces vides ne soient colonisés par des espèces indésirables. On choisira dans ce dernier cas des espèces agressives et rapides d’implantation telles que le ray-grass, trèfle blanc ou encore trèfle violet.
A plus long terme
Face à l’augmentation de la fréquence des aléas climatiques et des périodes de déficit hydrique notamment, des adaptations à plus ou moins long terme semblent nécessaires et inévitables dans certaines exploitations. Parmi elles, les chambres d'agriculture appellent à réfléchir à :
- Ajustement du chargement de printemps
Les suivis de croissance de l’herbe réalisés au printemps par la Chambre d’Agriculture mettent en évidence un déséquilibre plus ou moins marqué selon les années entre l’offre en herbe et la consommation avec les chargements habituellement constatés. Avec un chargement printanier de 50 ares/UGB, la consommation journalière est estimée à 41,4 kg MS/j/ha (2 couples mère + veau de 750 kg et 250 kg/ha). Ce chiffre est donc bien inférieur à celui de la production de biomasse journalière. L’ajustement du chargement printanier et la récolte d’une partie de la surface sous forme de fauche précoce (ensilage et/ou enrubannage) sont un bon moyen pour produire plus de stocks fourragers (de qualité), augmenter les performances zootechniques et économiques en affectant des repousses feuillues aux animaux. Le pâturage tournant est également une alternative pour piloter plus facilement le pâturage cependant des adaptations sont aussi possibles dans le cas d’un pâturage continu.
- Prairies temporaires
Les essais menés actuellement à la chambre d’Agriculture montrent que les prairies temporaires peuvent accroître l’autonomie fourragère des exploitations et participer à l’autonomie protéique de celles-ci. Les mélanges graminées-légumineuses sont intéressants pour maximiser la production de biomasse et s’adapter aux aléas climatiques. Dans tous les cas, le mélange d’espèces à implanter se raisonne selon vos types de sols, la durée d’implantation, vos objectifs de production (catégories d’animaux à nourrir et fourrages complémentaires) et le mode de valorisation (fauche et/ou pâturage).
- Substituts au maïs ensilage
Le maïs ensilage est une culture exigeante en eau et dans les sols superficiels les rendements se retrouvent de plus en plus souvent affectés par le déficit hydrique. En élevages allaitants et laitiers, des substituts sont possibles. Les mélanges céréales et protéagineux immatures, semés à l’automne et récoltés au printemps, sont un moyen de sécuriser le système fourrager. Plus la récolte est précoce (pois au stade bouton ou floraison) et plus la qualité sera élevée mais au détriment du rendement. Ce fourrage se destine aux animaux avec des besoins élevés et un maïs peut être implanté à la suite. En cas de récolte plus tardive (céréale au stade laiteux-pâteux), le fourrage est plus équilibré et le rendement important. Un sorgho fourrager peut ensuite être implanté et fournir plusieurs coupes. Enfin, le sorgho BMR a montré de bons résultats dans des essais menés dans d’autres départements.