Délimitation de l’AOC Bourgogne Retour à la case départ !
450 vignerons se sont rassemblés et ont manifesté le 6 février dernier devant le siège de l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité) à Montreuil. La veille pour tenter de désamorcer les polémiques, l’INAO avait pourtant ajourné le dossier. Pour lever certaines inquiétudes légitimes, une délégation d’élus Bourguignons a rencontré ceux de l’INAO. Son président s’est engagé à ne pas exclure 64 communes de Bourgogne de l’aire de production. Mais au final, rien n’a avancé sur ce dossier de la délimitation de l’AOC Bourgogne.
Ces trois dernières semaines auront été intenses pour le Syndicat des Bourgognes et l'INAO. Suite à l’annonce du projet de l’INAO sur le serpent de mer qu'est la délimitation de l'AOC Bourgogne, 450 vignerons de toute la Bourgogne se sont mobilisés au petit matin du 6 février devant le siège de l’INAO à Paris pour faire connaitre leur mécontentement. Rassemblement à la fois revendicatif et convivial.
Ce déplacement était le point d’orgue d’une mobilisation ayant vu la participation de près de 800 vignerons aux réunions d’information et la mise en place d’une pétition ayant déjà recueilli plus de 6.000 signatures en ce jour (https://www.change.org/p/vive-le-bourgogne-vive-le-beaujolais-non-au-bourgogne-dans-le-beaujolais ).
Les Parlementaires bourguignons de tous bords, la présidente de Région, les présidents de Conseils départementaux et des maires de communes viticoles ont appuyé fortement cette mobilisation et ont été reçus avec les représentants professionnels bourguignons par le président du Comité Vin de l’INAO, Christian Paly.
Volteface de dernière minute
L’INAO s’est engagé à ne pas exclure les communes bourguignonnes de l’aire de production de l’AOC Bourgogne. Le projet présenté aux bourguignons prévoyait bien initialement d’exclure 64 communes dans les secteurs de Chablis, de Dijon (capitale de la Bourgogne !), du Chatillonnais et des autres vignobles de la Bourgogne.
Le Comité national, a tenu à rappeler que ce qui fait débat est une proposition des experts, cette proposition constitue un outil d'aide à la décision à la disposition du Comité national, seul compétent pour fixer le périmètre d'une appellation. « Je ne serai pas le Président qui sortira Chablis de la Bourgogne », a affirmé Christian Paly, suite aux polémiques dans les médias. Face à cette pression, le Comité national affirme qu'il n'aurait jamais entériné la sortie de secteurs aussi emblématiques que le Chablisien, le Châtillonnais et le Dijonnais. Plus important, il s'engage à ne pas le faire à l'avenir.
Des questions en suspens
Reste que si ce dossier a été retiré de l'ordre du jour du Comité national " afin de renouer les liens du dialogue avec le Syndicat des vins de Bourgogne ", explique l'INAO, le Syndicat des Bourgogne " maintien sa mobilisation et la vigilance ", réaffirme l'ODG. Le Syndicat des Bourgognes attend dorénavent " de nouvelles propositions de critère de délimitation " de la part de l'INAO mais pour l'instant craint que l'INAO ne soit pas en mesure " d’envisager d’aborder des critères diamétralement opposés avec la même commission d’enquête INAO ". Le Syndicat des Bourgognes réclame donc tout bonnement " une nouvelle commission d’enquête, à même de porter ces changements de position et de perspective, (...) pour travailler sereinement sur les principes et critères de délimitation ".
La délégation d’élus bourguignons reçue à l’INAO* a d'ores-et-déjà " regretté qu’une nouvelle commission d’enquête ne puisse être mise en place avec un renouvellement de ses membres mais nous actons l’implication personnelle de Mr Christian Paly dans les futurs travaux de la commission. Cela permettra une meilleure concertation avec l’ODG de Bourgogne (Organisme de Défense et de Gestion) jusqu’alors inexistante ". Quasiment tous les élus de Bourgogne promettent de rester mobilisés et attentifs aux tournures que prendront ce dossier. Pour le Syndicat des Bourgognes, utre interrogation de taille : rien n’est résolu sur la question du respect de l’identité de l’appellation Bourgogne, " les enjeux restent énormes pour toutes les appellations de Bourgogne avec des risques économiques avérés pour l’ensemble des vins Bourgogne ainsi qu’une délocalisation de la production. Diluer l’AOC Bourgogne dans un autre vignoble contribuerait à discréditer la notion même d’appellation d’origine ". Retour donc à la case départ...
*Sous l’impulsion conjointe de François Patriat, Sénateur de Côte d’Or, Marie-Guite Dufay, Présidente de la Région Bourgogne Franche Comté et Didier Paris, Député de Côte d’Or une délégation d’élus bourguignons, composée de Didier Martin, Yolaine de Courson, Députés de la Côte-d'Or, Rémy Rebeyrotte, Député de la Saône-et-Loire, Michèle Crouzet, Députée de l'Yonne, Noëlle Rauscent, Sénatrice de l’Yonne, Jérôme Durain, Sénateur de la Saône-et-Loire, Alain Joyandet, Sénateur de la Haute-Saône et Patrick Gendraud, Président du Conseil départemental de l'Yonne, a été reçue à l’INAO.
