L'Inra s'est penché sur la façon dont la lumière et le vent modèlent les arbres
Pour comprendre comment poussent les arbres, et mieux cerner comment l’action du vent et de lumière modèle leur forme, un groupe de recherche interdisciplinaire a mis au point une forêt virtuelle et simulé sa croissance pendant 200.000 ans.

Comprendre la forme des arbres… Un groupe interdisciplinaire de chercheurs - associant des biomécaniciens et des écophysiologistes des arbres de l’Inra et d’AgroParisTech, des physiciens des systèmes complexes de l’École centrale de Marseille et du CNRS - a entrepris le pari de simuler un monde virtuel où des arbres croissent, se reproduisent et meurent sur des périodes telles que l’on peut suivre leur évolution darwinienne. Ils ont ensuite utilisé ce modèle pour tester une hypothèse audacieuse : et si les lois décrivant la forme des arbres avaient pu émerger en réponse à la compétition pour la lumière et aux dangers liés au vent ?
Un arbre virtuel…
Les scientifiques ont utilisé les dernières connaissances sur les réponses des plantes à la lumière et au vent pour construire un modèle de développement d’arbre. Les arbres virtuels sont capables d’intercepter la lumière, de répartir les produits de la photosynthèse entre organes, d’initier des branches, mais aussi de produire des graines qui germent après être tombées au sol.
Surtout, le modèle inclut deux découvertes récentes : la localisation des nouvelles branches qui bourgeonnent dépend de la lumière reçue et la croissance en diamètre des branches est pilotée par la perception des déformations au vent, un phénomène appelé thigmo-morphogénèse, lequel contrôle, pour une grande part, la production de bois sous nos climats.
Le modèle incorpore également des connaissances en météorologie et en biomécanique pour simuler la casse au vent lors de tempêtes. Ces processus ont été intégrés dans un modèle informatique innovant, permettant des calculs à haute performance.
Des îles, des graines, la sélection naturelle…
Il ne restait dès lors plus qu’à semer des graines virtuelles et laisser la sélection naturelle faire son œuvre. Mais comment prendre en compte la variabilité génétique ? Tous les processus de l’arbre virtuel dépendent de paramètres quantitatifs décrivant la sensibilité à la lumière, au vent ou les priorités concernent la distribution des produits de la photosynthèse. Ces paramètres peuvent être interprétés comme des gènes de l’arbre. Il suffit alors d’imaginer que leurs valeurs peuvent varier, de génération en génération, par des mutations génétiques aléatoires.
L’évolution est ensuite simulée sur une île virtuelle, baignée de soleil et de vent. Mais pourquoi une île ? Parce qu’on peut supposer que celle-ci est isolée et ne reçoit pas de graine ou de pollen d’autres endroits. Et aussi parce que les études d’écologie évolutive ont montré que les îles assuraient une sélection rapide. Ainsi, le programme informatique, appelé MechaTree, permet-il d’ensemencer des centaines d’îles virtuelles avec des graines dont les paramètres-gènes sont aléatoires.
Les arbres germent, poussent, une forêt dense se développe. Les individus moins favorablement pourvus génétiquement disparaissent (c’est l’auto-éclaircie), les autres se reproduisent plus ou moins, c’est la sélection naturelle (virtuelle ici !). Puis les graines germent à nouveau, certaines espèces dominent l’île, d’autres disparaissent parfois. Des milliers d’heures de calcul plus tard, représentant près de 200.000 ans de la vie d’une forêt, les chercheurs ont pu étudier les arbres des espèces survivantes. Et là, heureuse découverte : ces forêts et ces arbres présentaient toutes les lois d’échelles observées sur les arbres (voir encadré) : la loi d’auto-éclaircie, la dimension fractale, les allométries de taille avec le diamètre et même… la fameuse loi de Léonard de Vinci !
Le couple vent-lumière… mais pas seulement
Dès lors, qu’en conclure sur la sélection de la forme des arbres ?
Le modèle développé permet de préciser les rôles joués par la lumière et le vent. Il apparaît que la transparence du feuillage et la compétition pour la lumière sont les premiers déterminants de la dimension fractale de l’arbre. De son côté, la réponse au vent, la thigmo-morphogénèse, contrôle l’évolution du diamètre des branches. Selon les chercheurs, d’autres facteurs ont pu jouer dans la sélection naturelle, comme le transport hydraulique de sève. Il est même probable qu’en fonction de l’environnement où ont évolué les espèces, c’est la conduction de la sève ou la résistance au vent qui a exercé la plus grande pression sélective.
Cette étude a cependant démontré que le couple lumière-vent jouait un rôle crucial dans la forme des arbres. Cette découverte change la donne en écologie forestière, mais elle change aussi nos représentations de ce qu’est un arbre et de ce qui a fait les arbres actuels !
Source Inra
L'Inra s'est penché sur la façon dont la lumière et le vent modèlent les arbres

Comprendre la forme des arbres… Un groupe interdisciplinaire de chercheurs - associant des biomécaniciens et des écophysiologistes des arbres de l’Inra et d’AgroParisTech, des physiciens des systèmes complexes de l’École centrale de Marseille et du CNRS - a entrepris le pari de simuler un monde virtuel où des arbres croissent, se reproduisent et meurent sur des périodes telles que l’on peut suivre leur évolution darwinienne. Ils ont ensuite utilisé ce modèle pour tester une hypothèse audacieuse : et si les lois décrivant la forme des arbres avaient pu émerger en réponse à la compétition pour la lumière et aux dangers liés au vent ?
Un arbre virtuel…
Les scientifiques ont utilisé les dernières connaissances sur les réponses des plantes à la lumière et au vent pour construire un modèle de développement d’arbre. Les arbres virtuels sont capables d’intercepter la lumière, de répartir les produits de la photosynthèse entre organes, d’initier des branches, mais aussi de produire des graines qui germent après être tombées au sol.
Surtout, le modèle inclut deux découvertes récentes : la localisation des nouvelles branches qui bourgeonnent dépend de la lumière reçue et la croissance en diamètre des branches est pilotée par la perception des déformations au vent, un phénomène appelé thigmo-morphogénèse, lequel contrôle, pour une grande part, la production de bois sous nos climats.
Le modèle incorpore également des connaissances en météorologie et en biomécanique pour simuler la casse au vent lors de tempêtes. Ces processus ont été intégrés dans un modèle informatique innovant, permettant des calculs à haute performance.
Des îles, des graines, la sélection naturelle…
Il ne restait dès lors plus qu’à semer des graines virtuelles et laisser la sélection naturelle faire son œuvre. Mais comment prendre en compte la variabilité génétique ? Tous les processus de l’arbre virtuel dépendent de paramètres quantitatifs décrivant la sensibilité à la lumière, au vent ou les priorités concernent la distribution des produits de la photosynthèse. Ces paramètres peuvent être interprétés comme des gènes de l’arbre. Il suffit alors d’imaginer que leurs valeurs peuvent varier, de génération en génération, par des mutations génétiques aléatoires.
L’évolution est ensuite simulée sur une île virtuelle, baignée de soleil et de vent. Mais pourquoi une île ? Parce qu’on peut supposer que celle-ci est isolée et ne reçoit pas de graine ou de pollen d’autres endroits. Et aussi parce que les études d’écologie évolutive ont montré que les îles assuraient une sélection rapide. Ainsi, le programme informatique, appelé MechaTree, permet-il d’ensemencer des centaines d’îles virtuelles avec des graines dont les paramètres-gènes sont aléatoires.
Les arbres germent, poussent, une forêt dense se développe. Les individus moins favorablement pourvus génétiquement disparaissent (c’est l’auto-éclaircie), les autres se reproduisent plus ou moins, c’est la sélection naturelle (virtuelle ici !). Puis les graines germent à nouveau, certaines espèces dominent l’île, d’autres disparaissent parfois. Des milliers d’heures de calcul plus tard, représentant près de 200.000 ans de la vie d’une forêt, les chercheurs ont pu étudier les arbres des espèces survivantes. Et là, heureuse découverte : ces forêts et ces arbres présentaient toutes les lois d’échelles observées sur les arbres (voir encadré) : la loi d’auto-éclaircie, la dimension fractale, les allométries de taille avec le diamètre et même… la fameuse loi de Léonard de Vinci !
Le couple vent-lumière… mais pas seulement
Dès lors, qu’en conclure sur la sélection de la forme des arbres ?
Le modèle développé permet de préciser les rôles joués par la lumière et le vent. Il apparaît que la transparence du feuillage et la compétition pour la lumière sont les premiers déterminants de la dimension fractale de l’arbre. De son côté, la réponse au vent, la thigmo-morphogénèse, contrôle l’évolution du diamètre des branches. Selon les chercheurs, d’autres facteurs ont pu jouer dans la sélection naturelle, comme le transport hydraulique de sève. Il est même probable qu’en fonction de l’environnement où ont évolué les espèces, c’est la conduction de la sève ou la résistance au vent qui a exercé la plus grande pression sélective.
Cette étude a cependant démontré que le couple lumière-vent jouait un rôle crucial dans la forme des arbres. Cette découverte change la donne en écologie forestière, mais elle change aussi nos représentations de ce qu’est un arbre et de ce qui a fait les arbres actuels !
Source Inra
L'Inra s'est penché sur la façon dont la lumière et le vent modèlent les arbres

Comprendre la forme des arbres… Un groupe interdisciplinaire de chercheurs - associant des biomécaniciens et des écophysiologistes des arbres de l’Inra et d’AgroParisTech, des physiciens des systèmes complexes de l’École centrale de Marseille et du CNRS - a entrepris le pari de simuler un monde virtuel où des arbres croissent, se reproduisent et meurent sur des périodes telles que l’on peut suivre leur évolution darwinienne. Ils ont ensuite utilisé ce modèle pour tester une hypothèse audacieuse : et si les lois décrivant la forme des arbres avaient pu émerger en réponse à la compétition pour la lumière et aux dangers liés au vent ?
Un arbre virtuel…
Les scientifiques ont utilisé les dernières connaissances sur les réponses des plantes à la lumière et au vent pour construire un modèle de développement d’arbre. Les arbres virtuels sont capables d’intercepter la lumière, de répartir les produits de la photosynthèse entre organes, d’initier des branches, mais aussi de produire des graines qui germent après être tombées au sol.
Surtout, le modèle inclut deux découvertes récentes : la localisation des nouvelles branches qui bourgeonnent dépend de la lumière reçue et la croissance en diamètre des branches est pilotée par la perception des déformations au vent, un phénomène appelé thigmo-morphogénèse, lequel contrôle, pour une grande part, la production de bois sous nos climats.
Le modèle incorpore également des connaissances en météorologie et en biomécanique pour simuler la casse au vent lors de tempêtes. Ces processus ont été intégrés dans un modèle informatique innovant, permettant des calculs à haute performance.
Des îles, des graines, la sélection naturelle…
Il ne restait dès lors plus qu’à semer des graines virtuelles et laisser la sélection naturelle faire son œuvre. Mais comment prendre en compte la variabilité génétique ? Tous les processus de l’arbre virtuel dépendent de paramètres quantitatifs décrivant la sensibilité à la lumière, au vent ou les priorités concernent la distribution des produits de la photosynthèse. Ces paramètres peuvent être interprétés comme des gènes de l’arbre. Il suffit alors d’imaginer que leurs valeurs peuvent varier, de génération en génération, par des mutations génétiques aléatoires.
L’évolution est ensuite simulée sur une île virtuelle, baignée de soleil et de vent. Mais pourquoi une île ? Parce qu’on peut supposer que celle-ci est isolée et ne reçoit pas de graine ou de pollen d’autres endroits. Et aussi parce que les études d’écologie évolutive ont montré que les îles assuraient une sélection rapide. Ainsi, le programme informatique, appelé MechaTree, permet-il d’ensemencer des centaines d’îles virtuelles avec des graines dont les paramètres-gènes sont aléatoires.
Les arbres germent, poussent, une forêt dense se développe. Les individus moins favorablement pourvus génétiquement disparaissent (c’est l’auto-éclaircie), les autres se reproduisent plus ou moins, c’est la sélection naturelle (virtuelle ici !). Puis les graines germent à nouveau, certaines espèces dominent l’île, d’autres disparaissent parfois. Des milliers d’heures de calcul plus tard, représentant près de 200.000 ans de la vie d’une forêt, les chercheurs ont pu étudier les arbres des espèces survivantes. Et là, heureuse découverte : ces forêts et ces arbres présentaient toutes les lois d’échelles observées sur les arbres (voir encadré) : la loi d’auto-éclaircie, la dimension fractale, les allométries de taille avec le diamètre et même… la fameuse loi de Léonard de Vinci !
Le couple vent-lumière… mais pas seulement
Dès lors, qu’en conclure sur la sélection de la forme des arbres ?
Le modèle développé permet de préciser les rôles joués par la lumière et le vent. Il apparaît que la transparence du feuillage et la compétition pour la lumière sont les premiers déterminants de la dimension fractale de l’arbre. De son côté, la réponse au vent, la thigmo-morphogénèse, contrôle l’évolution du diamètre des branches. Selon les chercheurs, d’autres facteurs ont pu jouer dans la sélection naturelle, comme le transport hydraulique de sève. Il est même probable qu’en fonction de l’environnement où ont évolué les espèces, c’est la conduction de la sève ou la résistance au vent qui a exercé la plus grande pression sélective.
Cette étude a cependant démontré que le couple lumière-vent jouait un rôle crucial dans la forme des arbres. Cette découverte change la donne en écologie forestière, mais elle change aussi nos représentations de ce qu’est un arbre et de ce qui a fait les arbres actuels !
Source Inra