Rencontre avec Bertrand Brière, jeune entrepreneur forestier
Entrepreneur de travaux forestiers, Bertrand Brière sort les grumes de la forêt autour d’Autun. Un maillon indispensable sur la longue chaîne de valorisation du bois. Rencontre.

Depuis ses 20 ans, Bertrand Brière est un habitué du salon Euroforest. Ce fils d’éleveur de Monthelon avoue un goût immodéré pour les machines agricoles et forestières. Elles ont dicté sa formation, un bac pro en Agroéquipement, puis son métier. Aujourd’hui âgé de 32 ans, le jeune homme est entrepreneur de travaux forestier.
Associé à un ancien camarade de classe de Château-Chinon, il assure le débardage du bois en forêt aux commandes d’un porteur Ponsse-Wisent.
Bertrand Brière a réalisé son rêve de travailler en forêt en toute indépendance : « le matin, je suis de bonne heure au travail. Au début du printemps, c’est magique : votre porteur vous attend sous un douglas un peu joli, vous voyez un ou deux chevreuils traverser au loin. Que demander de plus ? ».
Cette liberté a été obtenue au terme de dix années de salariat, dont il ne garde pas que de bons souvenirs. Depuis 2006, il a tour à tour piloté une machine de bûcheronnage, conduit un camion bétaillère et assuré le transport de machines forestières au volant d’un porte-engin. Bertrand est en effet titulaire du permis super-lourd. « Je n’étais pas fait pour rester salarié, j’ai un peu de mal avec la hiérarchie… », avoue-t-il dans un sourire.
Mieux communiquer sur l’exploitation forestière
Devenir patron ne va toutefois pas sans contraintes.
Ce jour d’avril où nous l’avons rencontré, il empilait des billons de douglas issus d’une 3e éclaircie dans les bois de Sommant. La pluie l’a contraint à stopper son travail au beau milieu de journée. Quand on est à son compte et soucieux de ne pas abîmer les sols, il faut composer avec la météo.
« Vivre avec le tracas permanent de ne pas pouvoir travailler, c’est le plus pesant », reconnaît l’entrepreneur. « Autant quand il fait beau, les marchands de bois trouvent votre numéro, autant les jours où il pleut, vous pouvez laisser votre téléphone à la maison… ».
Et puis, il y a les charges financières. Le carburant qui représente une enveloppe annuelle de 35.000 €, autant que le remboursement de l’emprunt contracté en 2016. Les deux associés ont pu acheter une machine neuve grâce aux aides du Conseil régional et de l’Europe, 60.000 € au total sur une facture de 300.000 € HT.
Pourquoi un porteur ? Le marché de l’abattage mécanisé est saturé en Bourgogne : trop de machines, trop performantes. Aussi, ont-ils ont fait le choix du débardage car le travail ne manque pas. « Avec la possibilité de sortir du feuillu et du résineux, nous n’avons eu aucun mal à réunir nos trois promesses de travail pour la MSA ! ».
Bertrand et son associé exercent un métier qui a parfois mauvaise presse. Il sera ainsi débattu dans le cadre d’Euroforest de la question de l’acceptabilité des coupes de bois par le grand public. Sur le terrain, les débardeurs ne rencontrent pas d’hostilité particulière, mais Bertrand considère qu’il reste des progrès à faire en matière de communication. « Dans les communes, les communautés de communes, on explique aux gens le tri sélectif, mais on ne leur dit pas pourquoi la forêt est exploitée en face de chez eux… ». Cette méconnaissance des cycles de la forêt entretient l’hostilité envers l’exploitation mécanisée.
La SARL BDF (Bertrand Damien Forêt) croit cependant en l’avenir et continue à investir : une pelle à chenille d’occasion pour la mise en andains et la préparation des sols avant plantation et un camion porte-engin pour transporter le matériel d’un chantier à l’autre. La suite logique serait l’acquisition d’une abatteuse pour maîtriser les deux volets de l’exploitation. Mais il n’y a pas de temps perdu, les deux associés n’ont que 32 ans et s’estiment bien lotis en dégageant chacun un salaire mensuel net proche de 1.500 €.