« Le principe de la filière maïs semence est particulier puisque les productions se font exclusivement selon la demande des donneurs d’ordre qui fournissent les semences de base et imposent la conduite de cultures à suivre », explique Jean-Pierre Beauvallet, responsable production chez Val Union Bourgogne du Sud.
Plus de 1.000 € la tonne
Aujourd’hui, la valorisation du maïs semences est sans commune mesure avec la rémunération en maïs grains : lorsque cette dernière est à 160 € la tonne, elle grimpe à plus de 1.000 € la tonne pour le maïs semence !
« Mais il ne faut pas perdre de vue que c’est une conduite très technique », prévient Jean-Pierre Beauvallet. Il faut en effet respecter scrupuleusement les consignes du semencier, ce qui se traduit par un respect à la lettre des dates de semis, de l’irrigation, des interventions comme les opérations d'épuration et de castration ou les traitements. « Les opérations de castration représentent en moyenne 38 h de travail supplémentaire par ha, une donnée à ne surtout pas négliger si l’on souhaite se lancer dans le maïs semence ». Ce qui implique en effet d’être autant céréalier que manager, puisque le recours à la main d’œuvre est incontournable !
Beaucoup d’adaptabilité
Pour Val Union Bourgogne du Sud, la première récolte de maïs semences remonte à 2013 et concernait 157 ha. Pour la dernière saison, elle a été de plus de 1.000 ha, « nous atteignons là les limites de saturation de l’usine, précise Jean-Pierre Beauvallet, mais sur ces 1.000 ha nous avons développé 52 variétés pour le compte de onze donneurs d’ordre ». Le turnover concernant ces variétés est de plus en plus rapide : alors qu’il n’y a encore pas si longtemps, une variété pouvait rester leader une dizaine d’années, aujourd’hui les meilleures d’entre elles ne le restent plus que trois ou quatre ans, ce qui requiert encore plus d’adaptabilité de la part des producteurs.
La coop gère à partir du champs
Le plan de production est aussi indiqué par le semencier, ce qui implique, pour le producteur, un tonnage moyen à réaliser. Au final, le prix de référence est alors le prix payé sur la base de 13 tonnes de maïs sec, auquel sont additionnées une prime de charges spécifiques et une prime de multiplication.
Tout est récolté en sept semaines. La coopérative ramasse au champ selon le rythme de traitement de l’usine de Ciel où le maïs est séché pour que le taux d’humidité soit ramené à 13 % pour garantir la bonne conservation des grains.
Se diversifier en semences fourragères
Autre filière intéressante, celle des semences fourragères. « L’intérêt économique n’est pas aussi élevé qu’avec le maïs semence, prévient Hubert Morlet technicien production semence à Val Union. Mais les niveaux de valeur ajoutée sont les mêmes que pour le blé ». Malgré tout si l’intérêt principal n’est pas pour la plus-value financière à attendre directement de ces cultures, il existe bel et bien un intérêt principal non négligeable : « ces plantes ont un réel intérêt agronomique en matière d’azote apporté et de structure du sol ». Ainsi ceux qui se sont laissés tenter par l’aventure ont cassé leur cycle de rotation classique en intégrant du trèfle violet tous les quatre ou six ans au milieu de leur colza-blé-orge : « ils constatent alors qu’il faut moins d’apport d’engrais azoté, que l’enracinement est meilleur et qu’ils ont moins de problème d’adventices ».
En utilisant moins d’intrants, en travaillant ainsi le sol en profondeur et en allongeant les rotations avec des plantes nécessitant l’intervention des pollinisateurs, « on se rapproche de l’agriculture durable », vers laquelle la coopérative souhaite voir tendre ses adhérents.
Des cultures en fonction du sol
En matière de semences fourragères, c’est aussi la nature du sol qui indique quelle culture privilégiée. Ainsi en Saône-et-Loire, la luzerne porte graine se cultive plutôt le long de la ligne de côte, à la frontière de la viticulture ; quant au trèfle, on le retrouve essentiellement dans la Bresse. « Les premières récoltes de semences fourragères remontent à 2015, elles sont depuis boostées par les plans protéines » visant à augmenter cette production au sein de l’Europe pour limiter notre dépendance vis-à-vis des pays tiers. Sur ce type de culture, il faut s’attendre à 450 kg/ha pour le trèfle et 280 kg/ha pour la luzerne.
Une production bio garantirait une meilleure plus-value mais elle est cependant à mettre en parallèle d’une productivité moins élevée.
En tout état de cause, pour calculer le gain généré par ces deux productions, il faut aussi prendre en compte les économies d’intrants qu’elles permettent par ailleurs.