La sécheresse impacte certaines cultures
Alors que les moissons d’orges ont débuté la saison de récolte estivale la semaine dernière en plein épisode caniculaire, les premiers éléments laissent entrevoir quelles seront les quantités et qualités de cette campagne 2019 dans les champs. La sécheresse bien présente n’impacte pas toutes les productions de la même façon.

Toute la semaine dernière et cette semaine, les moissonneuses se sont activées dans les champs pour collecter l’orge. « Dans les terres profondes, les rendements sont bons à très bons, entre 75 et 90 q/ha », commente Antoine Villard. En revanche, comme le nuance le conseiller grandes cultures à la chambre d’agricole de Saône-et-Loire, les parcelles situées sur des sols séchants ont plus souffert du manque d’eau : « là, les rendements devraient plutôt se situer autour de 60 q/ha ».
Rendements corrects pour l’orge
Ces cultures n’ont pas subi d’accidents majeurs, seuls les semis trop précoces (de début octobre) ont parfois subi un peu de jaunisse, d’autres ont souffert de l’épisode de gel tardif du mois d’avril, mais globalement ces cultures « sont restées très saines », note Antoine Villard. Ainsi comme le souligne Cédric Tissot du Gaec de la Verne à Baudrières qui affiche un rendement de 75 q/ha, « pour l’orge c’est une année normale, nous n’explosons pas les rendements, mais on ne savait pas trop à quoi s’attendre avec cette année de sécheresse ».
Cependant avec un poids spécifique de 63 kg/hl, contre une moyenne de 76-77, la qualité de l’orge s’annonce cette année plus faible que d’ordinaire « les grains ont mal rempli, une conséquence directe du manque d’eau ». Une tendance confirmée par Christine Boully, « la collecte sera cohérente et satisfaisante mais nous nous attendons à des PS moyens et à des calibrages en-dessous de la moyenne ! ».
Les blés blanchissent…
Pour le blé, la situation est là aussi contrastée. « Le potentiel avant moisson laissait espérer un bon rendement, témoigne ainsi Antoine Villard, les apports d’azote avaient bien été valorisés par les quelques pluies ». Mais le conseiller, comme toutes les autres personnes que nous avons contactées, redoute l’impact du coup de chaleur de la semaine dernière. « Ces cultures étaient en avance, rappelle Christine Boully, puis ont pris beaucoup de retard que les trois jours de canicule ont permis de rattraper ! ». Mais au final, quid des conséquences de ce trop rapide rattrapage en termes de quantités et de qualités ? « Nous ne sommes pas confiants… », résume ainsi la responsable conseil des pratiques culturales à Bourgogne du Sud. « Les blés sont bien blancs, ce qui n’est pas bon signe », confirme Cédric Tissot qui prévoit un début des moissons d’ici une semaine. « L’enjeu se sera d’intervenir à temps, sans qu’il n’y ait de détérioration de la qualité », rappelle Christine Boully.
Une année moyenne pour le colza
Des moissons qui devraient pour beaucoup se dérouler en parallèle à celles du colza qui présente lui aussi une situation très hétérogène.
« Depuis le début, les surfaces les plus faibles ont eu du mal à lever et ont subi des pressions des parasites », explique Antoine Villard. Et même si certaines parcelles de terres profondes auront un rendement satisfaisant, le conseiller de la chambre d’agriculture s’attend d’ores et déjà « à voir ces parcelles très impactées peser sur le résultat global au niveau du département ».
Si ces dernières années, les colza pouvaient donner « des rendements exceptionnels », de l’avis même de Cédric Tissot, cette année semble plus compromise : « nous avions déjà eu des gros soucis au moment de la levée des semis, c’est resté beaucoup trop sec ».
Christine Boully tente malgré tout de tempérer : « cette année s’annonce moyenne, donc pas catastrophique… Ces cultures n’étaient pas dans de mauvaises conditions hydriques lorsque le coup de chaleur est arrivé et il est trop tôt pour en mesurer l’impact ».
De la pluie pour les cultures de printemps
Situation très hétérogène également pour le maïs dont plusieurs parcelles ont subi d’importants dégâts de corbeaux. Pour toutes les cultures de printemps, le manque de pluie se fait là plus nettement ressentir. « Les maïs sont actuellement au stade 6-8 feuilles, rappelle Antoine Villard. Il faut qu’il pleuve ! »
Même attente pour le soja, qui a bien levé et attaque la floraison ces jours-ci. La légumineuse en est à un stade tout à fait normal, « et s’il pleut maintenant, ce serait tout à fait sur le bon créneau ».